Volker Turk, Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, prononce un discours lors de l'ouverture de la 58ᵉ session du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies à Genève, le 24 février 2025. Fabrice Coffrini/AFP
Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme a rejeté mercredi les « propositions » d'annexion ou de transfert forcé des populations des Territoires palestiniens occupés, qui pourraient « menacer » toute la région.
« Nous devons résister à toute normalisation de comportements illégaux, y compris les propositions d'annexion ou de transfert forcé, qui pourraient menacer la paix et la sécurité des Palestiniens, des Israéliens et de la région au sens large », a déclaré Volker Türk devant le Conseil des droits de l'homme à Genève, en Suisse.
Volker Türk n'a nommé personne, mais le président américain Donald Trump avait provoqué la stupéfaction récemment en présentant un plan qui passerait par une prise de contrôle par les États-Unis de la bande de Gaza, dévastée par plus de 15 mois de guerre entre Israël et le Hamas, et par le déplacement de ses 2,4 millions d'habitants en Jordanie et en Egypte. M. Trump avait dit vouloir faire de ce territoire, dont la reconstruction est estimée à plus de 53 milliards de dollars par l'ONU, la « Riviera du Moyen-Orient ».
Mercredi, les comptes des réseaux sociaux du président ont publié une vidéo fictive du territoire palestinien s'inspirant apparemment de ce projet, où l'on peut voir Gaza transformée en station balnéaire à la gloire de Donald Trump.
Possibilité de crimes de guerre
Le Haut-Commissaire a aussi exprimé des doutes sur la capacité ou la volonté de la justice israélienne mais aussi du mouvement islamiste Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, de faire rendre des comptes aux coupables de crimes de guerre ou d'autres atrocités commises depuis l'attaque du 7 octobre 2023 du Hamas contre Israël, qui a déclenché le conflit. « Les moyens et méthodes de guerre d'Israël ont causé un nombre de victimes et un niveau de destruction stupéfiants, soulevant la possibilité de crimes de guerre et d'autres atrocités criminelles », répète M. Türk, soulignant le « nombre limité d'enquêtes et d'inculpations par les autorités israéliennes », Pour lui, « il existe de sérieux doutes quant à la capacité et à la volonté du système judiciaire israélien de réellement poursuivre les responsables, conformément aux normes internationales, notamment en ce qui concerne les meurtres illégaux de Palestiniens à Gaza ou en Cisjordanie ».
Dans le camp palestinien, M. Türk rappelle que « le Hamas et d'autres groupes armés palestiniens ont capturé, détenu et torturé des otages à Gaza, et ont tiré des projectiles de manière indiscriminée sur le territoire israélien, ce qui constitue des crimes de guerre ». « Mes services ne disposent d'aucun indice que le Hamas et d'autres groupes palestiniens ont pris des mesures pour punir ceux responsables de toutes les violations ».
Impunité
Pour M. Türk, cette impunité porte en germe « davantage de violence ». « Délégitimer et menacer les institutions internationales qui sont là pour servir les populations et faire respecter le droit international nous nuit également à tous », a-t-il insisté.
Là encore aucun nom, mais mi-février les États-Unis ont décrété des sanctions contre le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan.
M. Khan a initié la procédure qui a conduit la CPI fin 2024 à émettre des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant. Les juges de l'institution judiciaire avaient estimé qu'il y avait des « motifs raisonnables » de soupçonner les deux hommes de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité dans la guerre à Gaza.
Le texte du décret pris par Donald Trump accuse la CPI d'avoir « engagé des actions illégales et sans fondement contre l'Amérique et notre proche allié Israël », en référence également à une enquête sur des crimes de guerre présumés de soldats américains en Afghanistan.