Le rabbin syro-américain Yusuf Hamra lors de la première prière dana la synagogue Faranj de Damas depuis 1992, le 19 février 2025. Photo AFP / LOUAI BESHARA
La minuscule communauté juive de Syrie a célébré mercredi sa première prière collective depuis des décennies dans une synagogue du vieux Damas, exprimant sa joie de renouer avec le culte public.
Dans la synagogue de Faranj, le rabbin syro-américain Yusuf Hamra, âgé de 77 ans, a dirigé l'office religieux, une première depuis son arrivée cette semaine des États-Unis, où il vivait depuis les années 1990.
« La dernière fois que j'ai visité et prié dans cette synagogue, c'était avant mon départ pour l'Amérique », a déclaré M. Hamra. « Après mon arrivée à Damas il y a deux jours, je suis venu prier pour la première fois... après 34 ans », a-t-il confié à l'AFP dans le quartier juif de la vieille ville. M. Hamra affirme avoir été le dernier rabbin à quitter la Syrie, l'un des milliers de membres de la communauté juive ayant émigré dans les années 1990. La communauté juive séculaire de Syrie pouvait pratiquer sa religion sous le président Hafez el-Assad, mais ce dernier les empêchait de quitter le pays jusqu'en 1992.
Fermeture des lieux de cultes juifs après 2011
Après cette date, leurs effectifs ont chuté, passant d'environ 5.000 personnes à l'époque à seulement sept personnes âgées vivant actuellement à Damas. Après la chute du régime de Bachar el-Assad en décembre dernier, par une alliance rebelle islamiste, Yusuf Hamra dit avoir saisi l'opportunité de revenir avec son fils. Tous les lieux de culte juifs de Syrie ont fermé lors du déclenchement de la guerre civile en 2011, selon le rabbin. Une synagogue historique du quartier de Jobar, qui attirait autrefois des pèlerins juifs du monde entier, a été pillée et lourdement endommagée pendant le conflit. Tout le quartier a été dévasté.
À la fin de la prière, le chef de la communauté, Bakhour Chamntoub, a exprimé sa joie de voir le rabbin Hamra revenir à la synagogue. « J'ai besoin de Juifs avec moi dans le quartier », a-t-il déclaré, parlant du quartier juif où il réside. Et d'exprimer l'espoir que « les Juifs reviennent dans leur quartier et parmi leur peuple » en Syrie. « Depuis près de 40 ans, je n'ai pas prié avec d'autres. La sensation est indescriptible », a-t-il conclu.
La famille Assad se présentait comme protectrice des minorités dans une Syrie multiethnique et multiconfessionnelle. Les nouvelles autorités syriennes, dirigées par des islamistes, ont à plusieurs reprises cherché à rassurer les minorités sur leur protection, promettant d'impliquer tous les Syriens dans la reconstruction du pays.
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