Le discours prononcé dimanche par le secrétaire général du Hezbollah, Naïm Kassem, a vivement fait réagir des élus de l'opposition au parti chiite, concernant la reconstruction, et la responsabilité du Hezbollah dans les destructions et la mort de milliers de personnes lors de la guerre entre le parti chiite et Israël.

« Le cheikh Naïm Kassem a déclaré que la reconstruction de ce qui a été détruit (par l’armée israélienne) relève de la seule responsabilité de l'État. Nous rappelons que c’est lié au fait que la défense du Liban, la libération de la terre et le port et l'utilisation d'armes à cette fin sont également de la responsabilité exclusive de l'Etat », a dit sur X le député de Beyrouth des Forces libanaises, Ghassan Hasbani.

L'Édito de Rita Sassine

Quand le Hezbollah creuse sa propre tombe

Dans une exhortation visant le gouvernement libanais, Naïm Kassem avait réclamé que les autorités expriment une position « ferme et décisive » concernant un « retrait total » de l'armée israélienne du Liban-Sud le 18 février, nouveau délai d'expiration de la période d'application des modalités du cessez-le-feu et estimé que l’État « doit œuvrer à la reconstruction », étant donné que « ce qu'Israël a détruit, il l'a détruit dans l’État libanais ».

Le député Kataëb, Nadim Gemayel a estimé sur X que « la reconstruction est la responsabilité de ceux qui ont usurpé la souveraineté de l’Etat et entraîné le pays dans des guerres au service d’un agenda étranger ». « L’Etat compense quand c’est lui qui prend la décision de la paix ou de la guerre, mais celui qui mène des guerres avec l’illusion de détruire Israël sans en considérer les conséquences, en assume seul la responsabilité », a poursuivi le député de Beyrouth. « Si nous acceptons de soutenir les indemnisations et la reconstruction, ce n’est que pour confirmer que l’Etat est le seul refuge de la communauté chiite et des Libanais, et non pas la milice qui les a conduits à la destruction et à la mort », a conclu M. Gemayel.

« Vous avez provoqué des désastres... »

Encore plus véhément, le député issu de la contestation populaire, Waddah Sadek, a observé que le parti chiite est « étrange, car il traite les Libanais comme s’ils n’avaient pas de mémoire ». « Quand le Hezbollah nous a fait entrer dans la guerre de soutien, puis dans la guerre globale qui a tué des milliers de personnes, détruit des dizaines de villages et causé des pertes de plusieurs milliards de dollars, non seulement ce n'était pas la responsabilité de l'État libanais et de l'armée, mais il n'a même pas pris en compte leur avis, se vantant de ne pas avoir besoin de l'État pour abriter les déplacés et reconstruire », a-t-il dénoncé. « Lorsque le parti chiite a négocié seul avec le grand frère (le président du Parlement, Nabih Berry, ndlr) et imposé un accord honteux à l’État, le gouvernement et l’armée ont été les derniers à le savoir », s’est encore insurgé le député de Beyrouth. « Aujourd’hui, après les désastres qu’il a infligés au Liban et à son peuple, il veut faire assumer (à l’Etat) la responsabilité du retrait israélien qui a réoccupé les villages du sud en raison du monopole du parti sur la décision d’entrer en guerre, de ses fausses illusions militaires et de ses lectures politiques erronées, que ses responsables ont reconnus à plusieurs reprises », a-t-il ajouté.

S’adressant enfin directement au Hezbollah, M. Sadek a conclu : « Vous avez provoqué des désastres les uns après les autres pendant plus de vingt ans et vous nous avez conduits au fond du gouffre. Il est temps que vous libériez le pays de vos actes, de vos discours et de vos projets et que le nouveau mandat s'emploie à réparer ce que vous avez ruiné ».