Le Premier ministre français François Bayrou assiste à une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, à Paris, le 4 février 2025. Photo ALAIN JOCARD / AFP
Après avoir passé en force les budgets de l'Etat et de la Sécurité sociale, le Premier ministre français François Bayrou affronte mercredi deux nouvelles motions de censure, destinées à échouer sans les voix des socialistes ni probablement de l'extrême droite.
Confrontée à une dette publique record, la France navigue en eaux troubles depuis la dissolution de l'Assemblée nationale début juin, décidée par le président Emmanuel Macron dans la foulée de la déroute de son camp aux élections européennes. Depuis, l'Assemblée est divisée en trois blocs (gauche, centre-droit, extrême droite), aucun n'ayant la majorité.
A partir de 15H30 (14H30 GMT), l'Assemblée nationale examinera une première motion du parti de la gauche radicale La France insoumise (LFI) contre la décision de François Bayrou de faire passer sans vote le projet de budget de l’État pour 2025, en engageant sa responsabilité.
L'objectif affiché par l'exécutif est de ramener, avec ce texte, le déficit public à 5,4% du PIB. Avec pour cela de nouvelles recettes grâce notamment à des contributions exceptionnelles des ménages les plus aisés et des grandes entreprises, mais aussi des coupes dans les dépenses de plusieurs ministères.
Le déficit public français a atteint 6,1% en 2024, la pire performance des Vingt-Sept à l'exception de la Roumanie, très loin du plafond de 3% autorisé par les règles de l'UE.
Face au Premier ministre centriste, qui défendra la nécessité pour la France d'envoyer "un signal de responsabilité", la députée LFI Aurélie Trouvé dénoncera un budget "catastrophe pour l'économie", appelant à censurer.
L'essentiel des écologistes et communistes devraient abonder, mais la censure sera impossible en l'absence des voix du Parti socialiste, qui négocie depuis des semaines avec le gouvernement pour revoir les budgets.
- "Intérêt général" -
S'il considère que la copie n'est pas bonne, le groupe socialiste a acté qu'il ne censurerait pas au nom de "l'intérêt général" du pays, a défendu le premier secrétaire Olivier Faure. Quelques députés pourraient toutefois braver la consigne, anticipent des sources internes au groupe.
"C'est l'heure de vérité, il y aura des conséquences", prévient Manuel Bompard, coordinateur de LFI, en faisant allusion au sort du Nouveau Front populaire (NFP), alliance de gauche réunissant les socialistes, les écologistes, LFI et les communistes.
Le parti d'extrême droite Rassemblement national (RN) et ses alliés, s'ils fustigent le texte, feront planer le suspense jusqu'à environ 15H00 (14H00 GMT). Mais le président du RN, Jordan Bardella, s'est clairement exprimé mardi contre une censure aux "conséquences plus lourdes pour l'économie" que celle contre le prédécesseur de droite de M. Bayrou, Michel Barnier.
Le rejet attendu de la motion de censure vaudra adoption à l'Assemblée du budget, avant un dernier vote sans suspense au Sénat le lendemain, la chambre haute du Parlement étant dominée par la droite.
Mercredi, en fin d'après-midi, les députés examineront une deuxième motion de censure, liée cette fois à l'adoption en force de la première partie du budget de la Sécurité sociale. Mais là encore les voix socialistes, et sans doute celles du RN, devraient manquer pour atteindre les 289 suffrages nécessaires.
François Bayrou devrait ensuite déclencher un autre 49.3, le dispositif constitutionnel permettant de passer en force, puis encore un autre en fin de semaine ou en début de semaine prochaine, toujours sur le budget de la Sécurité sociale, qui avait coûté son poste à Michel Barnier début décembre.
Avec donc au total quatre censures à esquiver, voire cinq.
Car après celles de LFI sur les budgets, les socialistes entendent en déposer une sur "les valeurs républicaines" et contre la "trumpisation du débat public", en réaction notamment aux propos de François Bayrou sur le "sentiment de submersion" migratoire.
L'utilisation de ce terme cher au Rassemblement national a divisé le camp du Premier ministre et choqué la gauche.
Confrontée à une dette publique record, la France navigue en eaux troubles depuis...
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