Loin des petits tiraillements internes liés à la formation du gouvernement et à la distribution des portefeuilles, le principal souci du président de la République, Joseph Aoun, selon les milieux proches de Baabda, est d’accélérer la formation du prochain cabinet. L’objectif ? Mettre à profit la dynamique qui l’a propulsé à Baabda et confirmer l’idée selon laquelle ce mandat sera différent des précédents. Mais, selon les mêmes milieux, le président souhaite que le gouvernement soit formé avant le 18 février. C’est en principe à cette date que les Israéliens devraient avoir évacué totalement le Liban-Sud, après avoir obtenu une prorogation du délai d’application de la trêve au-delà du 27 janvier. Des sources libanaises affirment même que les Israéliens voulaient au départ prolonger leur présence jusqu’au 1er mars et que le chef de l’État a catégoriquement refusé cette demande.
Toutefois, selon différents milieux diplomatiques, la position du Liban serait plus solide et déterminante s’il avait un gouvernement en pleine possession de ses prérogatives. D’où la nécessité de former un gouvernement le plus vite possible pour qu’ensuite celui-ci obtienne la confiance du Parlement après avoir présenté sa déclaration ministérielle.
Les Israéliens ne cachent pas en effet leur scepticisme à l’égard de la capacité du Liban officiel à obliger le Hezbollah à appliquer les dispositions de l’accord de cessez-le-feu, notamment à travers la création d’une zone sans armes autres que celles de l’armée libanaise et de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) au sud du Litani. Sans le dire ouvertement, parce qu’ils ne veulent pas entrer en confrontation directe avec les Américains et les Français (membres du comité de surveillance chargé de veiller à l’application de l’accord du 27 novembre), les Israéliens préféreraient donc exécuter eux-mêmes l’accord, sans passer par l’armée libanaise. Au cours des 60 premiers jours de la trêve, ils n’ont pas cessé de provoquer l’armée libanaise, pour la pousser à coordonner directement avec eux son déploiement dans les localités que l’armée israélienne était censée évacuer... sans parvenir à atteindre cet objectif. L’armée libanaise ne s’est déployée dans les localités du Sud qu’après le retrait des Israéliens, évitant ainsi soigneusement tout contact direct avec ces derniers. Ce qui a encore augmenté la méfiance des Israéliens qui vivent dans la hantise de voir le Hezbollah revenir dans les localités limitrophes, sous couvert du retour des habitants dans leurs villages détruits. Les Israéliens ne peuvent pas en effet faire accepter, ni au Liban ni aux autres membres du comité de surveillance, l’idée d’exclure les membres du Hezbollah originaires des localités limitrophes du droit au retour, tout simplement parce que ceux-ci ne sont pas déclarés et qu’il est pratiquement impossible de discerner parmi les habitants ceux qui sont membres du Hezbollah et ceux qui ne le sont pas. D’ailleurs, le retour massif des habitants au cours des deux derniers dimanches dans les localités détruites a provoqué la colère de Tel-Aviv. C’est d’ailleurs la raison principale pour laquelle les Israéliens auraient voulu rendre ces localités limitrophes inhabitables, mais là aussi ils se sont heurtés à la détermination des habitants à revenir chez eux.
Face à cette équation complexe, le Liban craint donc qu’une fois arrivé le délai du 18 février, les Israéliens décident de demander une nouvelle prorogation du délai, pour pouvoir continuer à détruire les localités au sud du Litani, au point de les rendre totalement inhabitables et les champs alentour non cultivables. Or, une telle décision serait bien plus facile à faire passer si le Liban n’est toujours pas doté d’un pouvoir exécutif complet. D’où l’importance de former un gouvernement le plus rapidement possible. D’autant qu’une telle prolongation pourrait être perçue comme un coup porté à l’élan du nouveau mandat.
D’ailleurs, selon les milieux proches de Baabda, le chef de l’État est très impliqué dans les négociations pour appliquer l’accord de cessez-le-feu et c’est lui qui a demandé au commandant en chef par intérim, le général Hassane Audi, de se rendre au Liban-Sud pour suivre le retour des habitants et effectuer une tournée sur le terrain. Toujours selon ces mêmes milieux, le chef de l’État est soucieux d’aboutir à un accord sur un retrait israélien total, y compris des cinq positions que les Israéliens cherchent à conserver. La partie n’est pas facile et le Liban doit afficher à ce sujet une position ferme et unifiée. Surtout qu’en définitive, le Hezbollah se tient à l’écart et observe. Il affirme ne pas vouloir riposter aux provocations israéliennes, d’une part pour donner une chance à l’État libanais et au comité de surveillance de parvenir à l’exécution de l’accord, et d’autre part pour éviter de donner aux Israéliens un prétexte pour ne pas appliquer l’accord. Toutefois ses partisans commencent à dire que si l’État ne parvient pas à obtenir l’application de l’accord, cela renforcera la thèse du Hezbollah et son attachement à la « résistance »...
Dans ce contexte compliqué, qui constitue un mélange d’enjeux internes, régionaux et internationaux, les tiraillements pour la formation du gouvernement peuvent paraître secondaires. Ils devraient donc pouvoir être surmontés au cours des prochains jours, car le scénario alternatif est celui de l’affaiblissement du Liban.
Le Hezbollah est fini, il n'existe plus et autre que voir certains de ses marionnettes aboyer pour essayer de faire encore un peu de tapage il n'en reste pas grand chose. Il disparaîtra presque complètement d'ici quelques années. Quand a Salam, il semble parti sur une pente plutôt dangereuse. s'il fait fausse route Il apprendra à ses dépends qu'il aura perdu son poste à la CIJ pour rien.
10 h 51, le 05 février 2025