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Lifestyle - Architecture

Deux Libanais remportent le premier prix à la Biennale 2025 des arts islamiques

Conciliant tradition et innovation, les deux architectes, qui ont tissé le chemin vers un espace de prière, « al-Musalla », à Djeddah, expliquent leur projet à « L’Orient-Le Jour ».

Deux Libanais remportent le premier prix à la Biennale 2025 des arts islamiques

"AlMusalla" est une grande structure modulaire entièrement tissée de feuilles de palmier dattier. Photo Mansor Alsofi, courtesy of the Diriyah Biennale Foundation

Al-Musalla, réalisé par Nicolas Fayad et Charles Kettaneh, fondateurs d’EAST Architecture Studio, a remporté le premier prix du concours international lancé par la Biennale 2025 des arts islamiques et organisé par la Fondation Diriyah à Djeddah, en Arabie saoudite. Leur installation se dresse sur le site consacré aux arts islamiques qui expose des œuvres anciennes, uniques et rares du patrimoine culturel islamique provenant des collections de trente institutions internationales, dont celles d’Égypte, de Turquie, de Oman, du Qatar, du Koweït, du Mali, d’Espagne, du Royaume-Uni, de Grèce, des villes saintes de La Mecque et de Médine, et même de la cité du Vatican. 

C’est dans le cadre de cette manifestation qui s’étend jusqu’au mois de mai 2025 que la structure lauréate al-Musalla a été conçue par EAST Architecture Studio, en collaboration avec l’artiste plasticien Rayane Tabet et l’ingénieur Hanif Kara du cabinet d’ingénierie international AKT II.

Deux cents kilomètres linéaires de fils de fibre de palmiers pour réaliser la structure lauréate de la Diriyah Biennale 2025. Photo Mansour Alsofi, courtesy of the Diriyah Biennale Foundation

200 km linéaires de fils de fibre de palmier

Inspiré des techniques ancestrales de tissage, al-Musalla a été entièrement exécuté avec des matériaux dérivés de palmiers dattiers locaux. « La salle de prière de 200 m2 est agrémentée de tapis tressés par des artisanes de plusieurs régions d’Arabie saoudite, fabriqués avec des feuilles de palmier séchées et des colorants naturels extraits de plantes locales telles que la grenade, l’indigo, le nerprun et la garance, précise l’architecte Nicolas Fayad à L’Orient-Le Jour. Ces mêmes couleurs retrouvent leur chemin le long du tissage qui recouvre une cour centrale de 100 m2, formant ainsi 200 kilomètres linéaires de fils de fibre de palmier tissés à la main. » Deux cents kilomètres de fils en référence à la distance séparant Djeddah de La Mecque, ville sainte de l’islam où des millions de musulmans se rendent pour le pèlerinage de la omra ou le hajj annuel. « Dans la cour, des tabourets modulaires également conçus à partir de déchets de palmiers dattiers permettent d’asseoir un nombre de personnes lors de rassemblements communautaires et événements collectifs », poursuit l’architecte. Les interstices des façades translucides conduisent et diffusent la lumière. Cette grande structure modulaire en palmier dattier, l’une des ressources naturelles les plus répandues de la région, et pourtant généralement considéré comme un déchet, est ici utilisé en abondance, créant un ouvrage à empreinte carbone négative. 

L’ouvrage repose sur un savoir-faire d’un métier de tissage aujourd’hui en voie de disparition qui ne demande qu’à être adapté aux besoins contemporains. 

Tapis et cloisons ont été fabriqués avec des feuilles de palmier séchées et des colorants naturels tressés par des artisanes des régions d’Arabie Saoudite. Photo Mansour Alsofi, courtesy of the Diriyah Biennale Foundation

Il s’agit du point fort du studio East Architecture qui avait décroché le prix Aga Khan d’architecture 2022 pour sa rénovation de la guest house de la Foire internationale de Tripoli, dessinée par le célèbre architecte brésilien Oscar Niemeyer. Un patrimoine datant de l’époque moderne réaménagé selon les exigences d’aujourd’hui et de demain. Comment concilier deux périodes ? 

« Notre approche s’adresse souvent au passé, à un contexte qui informe nos bâtiments, souligne le cofondateur d’EAST Architecture Studio. Nous imaginons une architecture de continuité, qui protège et préserve un contexte, une pratique, un savoir-faire. Cela dit, nous nous engageons fortement dans un dialogue qui met en œuvre une certaine culture traditionnelle à travers un langage architectural contemporain. Concevant et construisant pour notre qualité de vie collective, nous mettons l’accent sur l’histoire, la culture et le contexte, définissant des solutions architecturales qui répondent aux défis de notre époque. La rénovation de la guest house de la Foire internationale de Tripoli a nécessité autant un acte de persévérance qu’un travail de préservation. Le projet de rénovation de la structure moderniste emblématique de Niemeyer l’a rendue adaptée au présent grâce à de subtiles interventions architecturales. »

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Un eldorado pour les artistes ?

Par sa valeur symbolique, historique et artistique, al-Musalla a séduit le jury – présidé par l’émir Nawaf ben Abdulaziz ben Ayyaf, urbaniste diplômé du MIT (Massachusetts Institute of Technology à Cambridge), qui combine une solide formation universitaire et une expérience professionnelle riche et diversifiée. À ses côtés dans le jury, des experts de la vie culturelle et des milieux académiques comme Farrokh Derakhshani, directeur du prix Aga Khan d’architecture et spécialiste de l’architecture contemporaine des sociétés musulmanes ; la Franco-Libanaise Lina Ghotmeh dont les contributions exceptionnelles au monde de l’architecture – ateliers Hermès en Normandie, le Musée national estonien à Tartu et l’immeuble d’appartements Stone Garden dans sa ville natale de Beyrouth – ne sont plus à présenter ; Ali Malkawi, professeur de technologie architecturale et directeur fondateur du Harvard Center for Green Buildings and Cities, à la Harvard University ; ainsi que la Sarajévienne Azra Aksamija, professeure et directrice du programme « Art, culture et technologie » au MIT. Elle dirige également le Future Heritage Lab. Artiste et historienne de l’architecture, Aksamija a reçu le prix LafargeHolcim 2021 et a été lauréate des voix émergentes de l’Architectural League New York en 2022. Son travail artistique a été exposé un peu partout dans le monde, notamment aux Biennales de Venise et Liverpool, et au Queens Museum of Art de New York, à la Royal Academy of Arts de Londres et au musée Aga Khan de Toronto.

Charles Kettaneh et Nicolas Fayad, fondateurs d’EAST Architecture Studio. Photo Tarek Moukaddem

Avec sa Biennale dédiée à la promotion des arts islamiques mais aussi aux arts contemporains qui met actuellement en vedette certains des plus grands artistes du monde, l’Arabie saoudite consolide sa position de plateforme culturelle sur la scène internationale. Dans un vaste plan de transformation, le royaume se veut un pays ouvert aux arts et à la culture. En 2023, il a signé avec le Centre Pompidou un accord de partenariat pour la création d’un projet muséal de grande ampleur consacré aux artistes du monde arabe. L’ouverture est prévue pour 2027-2028 sur le site d’al-Ula, important centre du royaume antique caravanier nabatéen, situé dans la province de Médine, dans le nord-ouest du royaume, devenu l’eldorado des archéologues.

Al-Musalla, réalisé par Nicolas Fayad et Charles Kettaneh, fondateurs d’EAST Architecture Studio, a remporté le premier prix du concours international lancé par la Biennale 2025 des arts islamiques et organisé par la Fondation Diriyah à Djeddah, en Arabie saoudite. Leur installation se dresse sur le site consacré aux arts islamiques qui expose des œuvres anciennes, uniques et rares du patrimoine culturel islamique provenant des collections de trente institutions internationales, dont celles d’Égypte, de Turquie, de Oman, du Qatar, du Koweït, du Mali, d’Espagne, du Royaume-Uni, de Grèce, des villes saintes de La Mecque et de Médine, et même de la cité du Vatican. C’est dans le cadre de cette manifestation qui s’étend jusqu’au mois de mai 2025 que la structure lauréate al-Musalla a été conçue par EAST...
commentaires (2)

Chapeau !!! et de préférence en fibre de palmier... Merci!!

Wlek Sanferlou

14 h 14, le 04 février 2025

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Commentaires (2)

  • Chapeau !!! et de préférence en fibre de palmier... Merci!!

    Wlek Sanferlou

    14 h 14, le 04 février 2025

  • Bravo, magnifique.

    Christine KHALIL

    08 h 30, le 04 février 2025

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