
Le président de la commission parlementaire des Finances, le député Ibrahim Kanaan au Parlement. Photo d'illustration Ani
Le président de la commission parlementaire des Finances, le député Ibrahim Kanaan, a demandé dans un communiqué relayé par l'Agence nationale d'information (Ani, officielle) au président de la République Joseph Aoun, au chef du gouvernement sortant Nagib Mikati et au Premier ministre désigné Nawaf Salam, de retirer le projet de budget de 2025 déposé au Parlement par le cabinet sortant en septembre dernier et de repartir sur un projet sur de toutes nouvelles bases.
Le député, qui a claqué la porte du Courant patriotique libre en 2024, a considéré que le texte qui dort actuellement dans les tiroirs de la Chambre n'est plus du tout conforme avec la réalité économique libanaise et qu'il doit être modifié de fond en comble. « Le projet initial tablait sur une hausse des dépenses et des recettes de l'ordre de 45 %. »
Or avec la guerre entre Israël et le Hezbollah, survenue dans le sillage de cinq ans de crise, « les revenus que l'État pouvait espérer en 2025 ont diminué d'au moins 70 % », expose-t-il à L'Orient-Le Jour pour expliquer sa démarche. Il considère qu'il est préférable à ce stade de laisser l'État dépenser en utilisant l'extension de la règle du douzième provisoire pendant quelques mois, jusqu'à ce qu'un projet cohérent soit élaboré et envoyé au Parlement, quitte à ce qu'il soit adopté en retard - ce qui est loin d'être une première pour le pays.
La règle du douzième provisoire est une règle constitutionnelle normalement réservée aux cas dans lesquels le Parlement n'a pas voté de budget avant fin janvier, mais que les dirigeants libanais ont utilisée comme argument juridique pour laisser l'État dépenser sans budget pendant des années.
En novembre dernier, alors que la guerre entre le Hezbollah et Israël faisait rage, Ibrahim Kanaan avait déjà appelé à revoir le projet de budget. Dans son communiqué, le député rappelle qu'il avait évoqué le sujet avec le président du Parlement Nabih Berry le 4 novembre 2024, avant d'avoir une « série de contacts » sur le sujet avec Nagib Mikati, le ministre sortant des Finances Youssef Khalil et le gouverneur par intérim de la Banque du Liban Wassim Manssouri pour leur expliquer « les raisons impérieuses » justifiant son rejet du projet adopté par le Conseil des ministres. Il a précisé à L'Orient-Le Jour que le texte n'a même pas été distribué aux députés.
Pour rappel, la Constitution permet à l'exécutif d'ordonner la promulgation du budget par décret dans sa version soumise au Parlement si ce dernier ne le vote pas avant fin janvier, à condition qu'il ait été envoyé avant le début de la session parlementaire ordinaire d'automne, comme c'est le cas actuellement.
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