Deux fillettes marchent dans un camp de fortune pour personnes déplacées par le conflit au Yémen, dans le district de Khokha, au sud de Hodeida, le 4 janvier 2025. Khaled ZIAD / AFP
La crise humanitaire s'aggrave au Yémen où au moins 19,5 millions d'habitants auront besoin d'aide humanitaire en 2025, a déploré mercredi l'ONU, s'inquiétant en particulier du sort des enfants victimes de malnutrition. « La population du Yémen continue de faire face à une grave crise humanitaire et de protection des civils », a déclaré devant le Conseil de sécurité Joyce Msuya, cheffe adjointe du bureau des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha).
Selon les estimations de l'appel humanitaire 2025 qui sera publié « prochainement », « la crise s'aggrave », a-t-elle même noté. « Au moins 19,5 millions de personnes au Yémen auront besoin d'aide humanitaire et de protection cette année, soit 1,3 million de plus qu'en 2024 », a-t-elle ainsi annoncé.
« Près de la moitié » de la population du pays, soit plus de 17 millions de personnes, « ne peuvent pas répondre à leur besoins alimentaires de base », a ajouté la responsable onusienne, s'inquiétant pour « les plus marginalisés comme les femmes et les filles ou les 4,8 millions de déplacés. Parmi les plus en danger, « près de la moitié des enfants de moins de cinq ans souffrent de retards de croissance graves en raison de la malnutrition », a-t-elle encore insisté. Le niveau « épouvantable » de l'épidémie de choléra a également ajouté au fardeau d'un système de santé déjà « gravement sous pression ».
L'émissaire de l'ONU pour le Yémen, Hans Grundberg, de retour de la capitale Sanaa contrôlée par les rebelles houthis, a de son côté souligné le besoin « immédiat d'une désescalade et d'un engagement véritable pour la paix ». « La nécessité de répondre à la crise au Yémen est d'autant plus urgente que la stabilité régionale requiert, en partie, de parvenir à la paix au Yémen », a-t-il estimé.
La guerre au Yémen a fait depuis 2014 des centaines de milliers de morts et provoqué l'une des pires crises humanitaires au monde. Venus du nord du Yémen et soutenus par l'Iran, les Houthis ont pris en 2014 le contrôle de Sanaa puis d'une bonne partie du nord du pays. Pour soutenir le gouvernement, l'Arabie saoudite voisine est intervenue l'année suivante à la tête d'une coalition militaire qui a tenté en vain de déloger les rebelles.
Un cessez-le-feu conclu sous l'égide de l'ONU en avril 2022 a permis de calmer les combats et, en décembre 2023, les belligérants se sont engagés à respecter une feuille de route élaborée sous l'égide de l'ONU. Mais avec la poursuite de la guerre à Gaza, les Houthis ont mené des attaques contre Israël et des navires en mer Rouge et dans le golfe d'Aden.
Dans une résolution adoptée par 12 voix pour et 3 abstentions (Russie, Chine, Algérie), le Conseil de sécurité a de son côté appelé une nouvelle fois les Houthis à stopper « immédiatement » ces opérations contre les navires. Notant l'utilisation d'armements sophystiqués lors de ces attaques, il a d'autre part exigé, sans nommer personne, que les Etats membres « arrêtent de fournir des armes aux Houthis » en violation de l'embargo sur les armes imposé par le Conseil.
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