Le cycliste syrien Bassel Soufi a parcouru 40 kilomètres depuis la ville de Lattaquié, dans le nord-ouest du pays, pour visiter la station balnéaire privée de la famille Assad. Des habitants se promenaient dans l'enceinte pour la première fois depuis des décennies.
Après 54 ans de règne brutal de la famille et 13 ans de guerre civile, les rebelles syriens ont chassé le président Bachar el-Assad dimanche dernier, marquant ainsi un changement générationnel au Moyen-Orient. Depuis lors, de nombreux biens appartenant à Assad ou à sa famille ont été pillés ou détruits par des Syriens désireux d'effacer son héritage.
Parmi ces propriétés se trouve l'immense centre de villégiature de la famille à Bourj Islam. Le complexe, qui comprend une villa blanche avec des balcons donnant sur la Méditerranée, une plage privée, plusieurs jardins et un sentier de promenade, était à l'abandon vendredi après d'importants pillages et dégâts. Les fenêtres ont volé en éclats et le sol est jonché de débris de verre. Il ne reste plus aucun meuble, tandis que les toilettes, les douches, les lumières et d'autres objets ont tous été cassés ou brisés.
« Je me sens libre pour la première fois de ma vie rien qu'en venant ici », a déclaré Soufi, 50 ans, qui est arrivé à vélo, son téléphone à la main, pour filmer la mer.
« Je n'en crois pas mes yeux, ils ont construit quelque chose que je n'avais jamais vu de ma vie », a déclaré à l'agence Reuters l'ancien cycliste de l'équipe nationale syrienne, ajoutant qu'il pensait que l'ensemble du complexe devrait désormais être destiné au peuple et non « à un autre président ». « Pendant très longtemps, les Syriens n'ont pas pu faire ce qu'ils voulaient. C'est la première fois pour moi », a-t-il déclaré.
Après le renversement d'Assad, les habitants - pour la plupart des Turkmènes syriens chassés vers les villages voisins pendant la construction de la station balnéaire - sont entrés dans la zone pour la première fois depuis que la famille Assad l'a construite il y a 50 ans.
« Tout ce qu'il a fait, il l'a fait avec l'argent du peuple. Si vous regardez à l'intérieur de la villa, c'est ridicule », a affirmé Sayit Bayirli, un combattant de l'Armée syrienne libre d'origine turkmène présent sur les lieux. Selon lui, le terrain sur lequel le complexe a été construit était auparavant occupé par des oliveraies.
« Nous sommes arrivés quelques heures après la chute d'Assad... Nous ne voulions pas que ces panoramas, ces endroits magnifiques soient endommagés », a-t-il dit, ajoutant qu'il souhaitait que le nouveau gouvernement mette en place un système permettant de rendre la propriété à ses propriétaires d’origine.
M. Bayirli assure que M. Assad avait retiré les objets de valeur de la villa par la mer à l'aide de petits bateaux, et que les renseignements des rebelles avaient montré que ses enfants se trouvaient dans l'enceinte cet été.
« C'était une excitation incroyable, tout le monde était si heureux de revoir ce lieu après toutes ces années », a déclaré M. Bayirli.
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