
Une attaque aérienne israélienne à la périphérie du village de Zaoutar (Liban-Sud), près de la frontière avec Israël, le 21 septembre 2024. Photo AFP
Le Hezbollah a lancé dans la nuit de samedi à dimanche trois attaques de roquettes contre la région de Haïfa, grande ville portuaire à une trentaine de kilomètres de la Ligne bleue, affirmant être entré dans une « nouvelle phase de la lutte contre Israël ».
Les deux premières attaques ont ciblé des installations de production militaire israéliennes et touché avec des « dizaines de roquettes de type Fadi-1 et Fadi-2 la base et l'aéroport de Ramat David », au sud-est de Haïfa, à environ 45 kilomètres de la frontière libanaise. Ces frappes constituaient une réponse aux bombardements intensifs du Liban-Sud au cours des derniers jours.
Infographie Jaimee Haddad/L'Orient-Le Jour
La troisième, menée aussi avec des roquettes « Fadi » et Katioucha, a pris pour cible le siège d'une entreprise de technologie militaire, Rafael Advanced Defence System, situé dans une zone industrielle, à une dizaine de kilomètres du centre-ville de Haïfa. Cette frappe a été qualifiée de « première riposte » aux attaques israéliennes de mardi et mercredi menées au moyen de « bipeurs et talkies-walkies piégés » détenus par des milliers de membres du Hezbollah, qui ont fait une quarantaine de morts.
Durant la journée de dimanche, le Hezbollah a également affirmé avoir mené, « avec succès », deux attaques aériennes avec des essaims de drones sur de « nouvelles positions de soldats » israéliens autour du site de Manara (situé face à la localité libanaise de Houla) et de Yiftah (face à la localité libanaise de Blida).
La « Résistance islamique en Irak », une nébuleuse de milices irakiennes affiliées à l'Iran, a revendiqué pour sa part une frappe au moyen d'un drone « en représailles aux massacres » israéliens à Gaza. Un responsable du groupe a affirmé que « l'escalade au Liban signifiait une escalade en Irak ». L'armée israélienne a entre-temps déclaré avoir intercepté, hors de l'espace aérien israélien, une « cible aérienne » en provenance d'Irak.
Des centaines de milliers d'Israéliens dans les abris
De son côté, l'armée israélienne a affirmé qu'« environ 150 roquettes, missiles de croisière et drones » ont été tirés en direction de l’État hébreu pendant la nuit, la plupart depuis le Liban, « sans faire de dégâts significatifs ». « Environ 85 ont été identifiés comme traversant le territoire israélien » peu après 06h00 , et « environ 20 » lors d'une précédente salve peu avant 05h00. Des timings qui correspondent à la frappe revendiquée par le Hezbollah contre Ramat-David et à celle contre le siège de l'entreprise Rafael.
Une grande partie de ces projectiles a été interceptée, mais « des centaines de milliers de personnes ont dû se réfugier dans des abris antiaériens dans le nord d'Israël », a déclaré à l'AFP un porte-parole de la troupe, le lieutenant-colonel Nadav Shoshani.
Les tirs ont touché « directement » au moins une maison et une voiture, et provoqué des incendies, selon l'armée israélienne. Les services de secours israéliens ont fait état d'au moins sept personnes blessées par des éclats d'obus, et qu'un adolescent est mort dans un accident routier pendant les sirènes d'alerte. Toutes les écoles du Nord jusqu'à lundi et les hôpitaux de cette région ont reçu pour instruction de transférer leurs opérations vers des installations offrant une protection supplémentaire contre les tirs de roquettes et de missiles.
Le Sud intensément bombardé
Le sud du Liban a parallèlement été pilonné par l'aviation et l'artillerie israéliennes dans la nuit, notamment les villages de Kounine (Bint Jbeil), Deir Syriane, Adchit el-Koussayr et Zaoutar el-Charki (Marjeyoun), la périphérie de Wadi Slouki et une vallée située entre Roumine et Deir Zahrani (Nabatiyé).
Les bombardements sur le Sud se sont poursuivis durant la journée de dimanche. L'armée israélienne a frappé des « positions militaires du Hezbollah » dans les cazas de Saïda, Jezzine, Bint Jbeil et Marjeyoun. Plusieurs attaques ont également ciblé Zellaya, dans la Békaa-Ouest, selon notre correspondante locale, Sarah Abdallah. Les tirs ont aussi tué au moins trois personnes, un combattant du Hezbollah, Ali Mohammad Banjak, dans la région de Saïda où trois personnes ont été blessées selon le ministère de la Santé, à Khiam et à Aïtaroun.
L'escalade à la frontière ne semble pas pour autant avoir poussé les habitants des nouvelles zones touchées ces derniers jours, du moins pour la majorité d'entre eux, à quitter leurs domiciles, a constaté notre correspondant au Liban-Sud, Mountasser Abdallah. Selon lui, plupart des frappes ont pris pour cible des collines et des espaces verts, pas des habitations, à l'exception des tirs qui ont fait des victimes ce dimanche. Pa rmesure de précaution, le président de l'Université libanaise, Bassam Badrane, a annoncé dans un communiqué la fermeture des antennes universitaires de Saïda, Nabatiyé et Tyr ce lundi.
« Bataille ouverte et décisive »
Face à cette montée des tensions à la frontière, le secrétaire général adjoint du Hezbollah, Naïm Kassem, a affirmé que le parti était entré dans une « nouvelle phase » dans sa lutte contre Israël, qu'il a décrite comme une « bataille ouverte et décisive », dans un discours prononcé pendant les funérailles d'Ibrahim Akil, chef de la force d'élite al-Radouane du Hezbollah, tué vendredi dans la frappe israélienne sur la banlieue-sud de Beyrouth. Le bilan provisoire cette attaque, qui a touché un immeuble résidentiel, s'élève désormais à 51 morts, 66 blessés et 10 disparus, selon la Défense civile. Les opérations de fouilles pour les survivants se poursuivaient dimanche. La famille Farès a annoncé via le média Bint Jbeil avoir perdu 9 de ses membres, dont quatre enfants.
Des combattants du Hezbollah aux funérailles d'Ibrahim Akil, chef de l'unité d'élite al-Radouane tué par une frappe israélienne dans la banlieue-sud de Beyrouth, le 22 septembre 2024. Photo Mohammad Yassine/L'Orient-Le Jour
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé de son côté qu'Israël avait « infligé au Hezbollah une série de coups qu'il n'aurait jamais pu imaginer ». Il a précisé que « les rapports de force doivent être modifiés » avec le Hezbollah dans le nord d'Israël, soulignant que le parti chiite doit s'éloigner de la frontière israélienne. Il a néanmoins ajouté qu'il n'était pas intéressé par une guerre totale, selon le quotidien israélien Haaretz.
« Le Hezbollah a commencé à ressentir certaines des capacités des forces de défense israéliennes... et nous en voyons les résultats », a pour sa part estimé le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant, dans des propos rapportés par le Times of Israel.
Pas Haifa mais 30km loin . L'OLJ a changé au Hetzb ?
20 h 48, le 22 septembre 2024