Plusieurs députés de l’opposition ont annoncé jeudi, lors d’une conférence de presse au Parlement à Beyrouth, avoir lancé une pétition pour la formation d'une commission parlementaire chargée d'enquêter sur les « crimes, soupçons, transgressions, actes de négligence et négligence dans le dossier de l'électricité ».
Les députés ayant présenté cette pétition sont Achraf Rifi, Fouad Makhzoumi, Ghassan Hasbani, Georges Okaiss, Georges Abdel Massih, Elias Hankache, Marc Daou, Bilal Hchaimy, Michel Doueihy et Michel Moawad.
Dans la conférence de presse au cours de laquelle le député Abdel Massih a lu le texte, les parlementaires ont dit s’appuyer sur les articles 149 et 153 du règlement intérieur, qui leur permet de présenter cette pétition en vue d’une enquête sur les raisons de la non-application de la loi 462 de réglementation du secteur, adoptée en 2002 et jamais mise en œuvre. Ils dénoncent aussi les entorses aux lois sur l’achat public et la comptabilité dans l’achat du fuel pour les centrales notamment. Ils demandent que cette commission soit dotée de certaines prérogatives de l’autorité judiciaire, afin de pouvoir mener son enquête.
Dans le texte de la pétition, les députés mentionnent cette loi 462 jamais appliquée et l’Autorité de régulation de l’électricité qui n’a toujours pas vu le jour, mais aussi les propositions de gestion du secteur par des organisations internationales, des multinationales ou des pays comme le Qatar, toutes rejetées par les ministres qui se sont succédé au ministère de l’Energie, soupçonnant « une volonté de couvrir la corruption dans ce domaine ». Ils parlent du plan de redressement du secteur en 2017 qui a mené à la location de navires-centrales, une affaire « qui s’est révélée être un deal douteux ». Ils rappellent aussi le plan d’électricité de 2010 qui n’a toujours pas été appliqué. Pourquoi, se sont-ils demandés, n’y a-t-il plus, depuis 2012, des appels d’offres en bonne et due forme pour l’achat de fuel-oil pour les centrales, remplacés par des contrats de gré à gré à la dernière minute ?
« Les échanges d’accusations dans les médias sont une preuve de plus que la corruption mine ce secteur, et que cette crise énergétique a été prolongée délibérément pour nourrir un marché noir pesant des milliards de dollars », poursuit le texte.
Le secteur de l’électricité au Liban est connu pour être le plus grand gouffre financier d’une administration opaque et corrompue. Près de 35 ans après la fin de la guerre libanaise, l’alimentation en courant n’est que de quelques heures par jour tout au plus, les Libanais devant compter, le reste du temps, sur des générateurs privés.
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