Le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a affirmé que la « désintégration du Courant patriotique libre » était « dans l'intérêt du Liban dans son ensemble », dans une interview donnée jeudi soir sur al-Arabiya FM, la station radio de la chaîne d'information saoudienne, dont il a relayé les principaux extraits sur le réseau X.
« La désintégration du CPL est dans l'intérêt du Liban dans son ensemble, et pas seulement des FL, au vu de la trajectoire de la formation aouniste au pouvoir ces dernières années dans tous les dossiers que ses membres ont gérés et continuent de gérer, dont le plus important est celui de l'électricité », a précisé Samir Geagea à propos du courant chrétien rival fondé par l'ancien président Michel Aoun. Actuellement dirigé par le gendre de ce dernier, Gebran Bassil, le parti a présenté et soutenu toutes les personnalités ayant occupé les postes de ministres de l'Énergie et de l'Eau, dont dépend Électricité du Liban, qui est insuffisamment pourvue pour fournir du courant 24h sur 24 à tout le pays. Le CPL connaît en outre depuis quelques mois une importante vague de limogeages et de démissions parmi ses membres, dont certains étaient présents depuis sa création et sont en désaccord avec sa direction.
La sortie de Samir Geagea a été vivement critiquée sur X par Ghassan Khoury, un des cadres du CPL. « Une mauvaise personne ne peut que souhaiter du mal aux autres », a lancé celui-ci en prenant un extrait de la phrase du chef des FL.
Samir Geagea a également expliqué pourquoi il n'avait pas évoqué les accords de Taëf lors de son discours prononcé quelques jours plus tôt pendant la cérémonie en hommage aux « martyrs » du parti. « Chaque discours a un contexte spécifique, et je préfère parler de sujets qui correspondent à ce contexte », a-t-il précisé, jugeant qu'il était inutile d'évoquer ce sujet. L'accord de Taëf a été conclu en 1989 dans la ville saoudienne vers la fin de la guerre civile libanaise et a donné lieu à la Constitution de la Deuxième République libanaise.
Notant que les FL étaient et sont encore les plus grands défenseurs de cet accord pour lequel il avait payé un « lourd tribut » (lui-même a été emprisonné de 1994 à 2005), il a ajouté : « Sur cette base, nous avons toutes les raisons d'être les plus engagés en faveur de l'accord de Taëf. Cependant, si nous voulons être objectifs, après 34 ans de mise en œuvre, il n'y a pas de véritable État au Liban. La situation actuelle, comme chacun peut le constater, est que la décision stratégique de l'État est volée, que nous n'avons aucune stabilité et que le citoyen libanais vit sans savoir ce que demain lui réserve. Cette réalité dans laquelle nous vivons nous oblige à nous arrêter et à repenser tout très profondément, pour voir où se situe le problème », a enchaîné le chef des FL. « La chose la plus importante est de parvenir à un véritable État au Liban. La question se pose donc de savoir ce que nous devons faire pour atteindre cet objectif, car, à l'heure actuelle, nous n'avons pas d'État réel au Liban ; au contraire, l'État se détériore de plus en plus », a-t-il encore noté.
Concernant la question de l'appel au dialogue lancé le week-end dernier par le président du Parlement Nabih Berry pour débloquer l'élection présidentielle, Samir Geagea a maintenu sa décision de boycotter l'initiative. « Je suis flexible, mais je ne peux pas être flexible face à la décision du Hezbollah de déclencher une guerre au Liban-Sud », a-t-il déclaré, qualifiant l'initiative de Nabih Berry d'« anticonstitutionnelle ».
Il a aussi lancé un message d'amitié aux pays du Golfe, la relation entre les FL et Riyad étant l'une des rares que le royaume a maintenues depuis 2019. « Je n'ai pas vu de peuples qui aiment plus le Liban que ceux des pays du Golfe et le peuple saoudien en particulier. Mais ils ont détourné leur visage du Liban il y a cinq ans et jusqu'à aujourd'hui. Non pas parce qu'ils n'aiment pas le Liban, mais parce qu'ils ont vu que quelque chose n'était plus à sa place dans ce pays », a-t-il insisté. « La réalité dans laquelle nous vivons exige que nous nous arrêtions et que nous examinions attentivement ce qui s'est passé, pour voir où se situe le problème », a ajouté le chef des FL.
Le chef chrétien a aussi déclaré que l'entrée en guerre du Hezbollah contre Israël au Liban-Sud le 8 octobre 2023, au lendemain de la guerre de Gaza, était une erreur stratégique qui avait donné un prétexte aux Israéliens. « Personne ne sait combien de temps la situation peut rester en l'état, car les opérations militaires d'une part et les événements politiques d'autre part détermineront le cours des choses », a-t-il encore estimé.
Il a enfin réaffirmé que le Liban ne pouvait plus supporter le fardeau des deux millions de réfugiés syriens vivant illégalement sur son territoire, considérant qu'il ne s'agissait plus d'une « question humanitaire », mais d'une problématique « purement économique ».
Les FL ne s’en sont prises à personne qu’a ceux qui nuisaient à la cause. Ils ont réuni toutes les forces Chrétiennes en une seule, pendant la guerre, pour en finir avec les batailles internes qui nous coûtaient chères. Ce ne sont pas elles qui s'en sont prises à l'armée, mais bien cette dernière qui sous les ordres de Aoun s’est attaqué aux FL. Certains ont la mémoire courte et oublient que ce sont les FL qui ont défendues l’armée a Fayadiyeh. Ce sont elles qui ont préservé les institutions de l’état lorsque tous les autres brûlaient les drapeaux Libanais.
10 h 37, le 09 septembre 2024