Joseph Aoun réaffirme l'importance de la présence de l'armée à Kornet el-Saouda

Le commandant en chef de l'armée libanaise, le général Joseph Aoun, a inspecté ce vendredi les troupes stationnées à Kornet el-Saouda, point culminant du Liban, et rappelé l'importance de la présence de la troupe dans la région.

Située à la frontière entre la localité chrétienne de Bécharré, et celle sunnite de Bkaasafrine, dans le caza de Denniyé, cette zone contient des sources d'eau ayant fait l'objet de litiges récurrents entre les deux villages, qui revendiquent chacun leur primauté sur ce point stratégique transformé en terrain d'entraînement militaire pour éviter la violence. 

Deux morts en juillet 2023

« Votre présence est d'une grande importance pour maintenir la sécurité et la stabilité de la région, prévenir les conflits et éviter des victimes, notamment en raison de différends fonciers dans la région » a déclaré le général Aoun en s'adressant aux soldats : « Vous menez des missions continues dans des conditions difficiles et sur un terrain accidenté, mais rien n'est impossible face à votre détermination, car vous êtes convaincus de la sacralité de votre mission », a-t-il ajouté.

Disant sa « fierté » face au déploiement des forces armées « dans toutes les régions, notamment à la frontière », le commandant en chef a prévenu que « toute atteinte à la paix civile est interdite ». « Les conditions difficiles que nous connaissons actuellement nécessitent encore plus de patience et de sacrifices pour préserver l'institution (militaire, ndlr) et la nation », a-t-il ajouté. 

Pour mémoire

Kornet el-Saouda : une tentative avortée de semer la discorde ?

L'été dernier, début juillet 2023, un incident armé ayant conduit à la mort par balles de deux habitants de Bécharré avait défrayé la chronique au point de raviver les tensions communautaires entre chrétiens et chiites. Certains responsables proches des Forces Libanaises (FL) avait accusé le Hezbollah d'avoir sciemment armé des habitants du village sunnite de Bkaasafrine pour semer la discorde et étendre son influence dans le cadre de la lutte chiito-chrétienne pour l'élection présidentielle, toujours au point mort après quasiment deux ans de blocage depuis la fin du mandat de Michel Aoun en octobre 2022. Le parti de Dieu avait alors nié toute implication dans l'affaire.

Une enquête avait été diligentée par les autorités pour tenter de faire la lumière sur cet incident ayant impliqué des membres de l'armée. Certains d'entre eux, blessés lors d'échanges de tirs avec des habitants de Bécharré venus venger la mort de la première victime, Haïtham Tok, sont également soupçonnés d'être responsables de la mort de la deuxième victime, son frère Malek Tok.

Le patriarche maronite Béchara Raï avait appelé, dans un discours, à « la délimitation des frontières dans la région de Kornet el-Saouda et à mettre fin à la discorde, ainsi qu'à l’identification et la sanction des responsables du meurtre de Haïtham et Malek Tok ». Depuis, aucune autorité officielle n'a communiqué sur les résultats de cette enquête.