L'attaque au couteau de Solingen, revendiquée par le groupe Etat Islamique (EI), tombe mal pour le chancelier allemand Olaf Scholz, à une semaine d'élections régionales où pourrait triompher l'extrême droite qui agite les thèmes de l'immigration et de l'insécurité. Le drame s'invite dans la campagne pour ces élections qui se dérouleront dans trois Länder d'ex-RDA: le 1er septembre en Saxe et en Thuringe, et le 22 septembre dans le Brandebourg, tous dans l'est de l'Allemagne
Avant même la revendication du groupe jihadiste EI et l'arrestation samedi soir d'un suspect syrien, le parti d'extrême droite AfD avait promptement dénoncé une attaque à caractère islamiste. "Combien de fois serons-nous encore victimes du terrorisme islamiste avant qu'un programme d'expulsion (des étrangers) ne soit mis en oeuvre?", avait lancé le parti d'extrême droite sur X.
L'AfD de Saxe avait partagé une ancienne vidéo de la co-dirigeante du parti Alice Weidel: "La violence des migrants contre les Allemands est devenue une horrible nouvelle normalité", y explique-t-elle. Il a fallu moins de deux heures après l'attaque, vendredi soir, pour que le chef de l'AfD en Thuringe, Björn Höcke, représentant de la frange radicale du parti, commente sur X l'attentat, qui a fait trois morts et huit blessé. "Libérez-vous, mettez fin à l'aberration de la multiculturalisation forcée! Protégez vos enfants! (...) Le 1er septembre, choisissez le tournant", a écrit l'élu de 52 ans.
Fermeté affichée
"C'est l'inverse de la solidarité avec les victimes, c'est une instrumentalisation pour gagner un ultime avantage électoral en Thuringe et en Saxe", a critiqué Johannes Hillje, spécialiste de la communication politique. L'AfD est en pôle position dans les trois Länder appelés aux urnes. Le parti est crédité de la première place en Thuringe et se trouve en Saxe au coude à coude avec le parti conservateur CDU.
Le parti a donc réservé une partie de ses coups ce week-end à la droite chrétienne-démocrate qui gouverne le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, le plus peuplé du pays, où se trouve la ville de Solingen. Les partis membres de la coalition gouvernementale - SPD (sociaux-démocrates) du chancelier Scholz, Verts et FDP (libéraux) - sont en mauvaise posture dans les trois régions de l'ex-RDA qui renouvellent leur parlement. En Thuringe, le SPD s'expose à une débâcle électorale avec des intentions de vote autour de 6%. Les Verts pourraient ne pas franchir le seuil fatidique des 5% nécessaires pour rester au parlement local.
Les deux partis ont tenté de reprendre la main dimanche en affichant leur fermeté sur les questions de sécurité et d'immigration. Le vice-chancelier Robert Habeck a proposé de durcir les lois sur le port d'armes blanches: "Personne en Allemagne n'a besoin d'armes blanches dans l'espace public. Nous ne sommes pas au Moyen-Age."
Bilan sécuritaire
L'Etat va "combattre la menace islamiste de manière conséquente", a promis la ministre de l'Intérieur Nancy Faeser. Le gouvernement était déjà sous pression depuis plusieurs semaines pour reprendre les expulsions de délinquants vers l'Afghanistan et la Syrie, deux pays pour lesquels l'Allemagne avait décrété un moratoire en raison de la situation politique interne.
Les principaux responsables des sociaux-démocrates et des Verts étaient favorables à un durcissement des règles d'expulsion depuis la survenue d'une attaque au couteau perpétrée par un Afghan de 25 ans à Mannheim (ouest) fin mai. L'assaut visant un rassemblement anti-Islam et suspecté d'avoir une motivation islamiste avait coûté la vie à un policier et fait cinq autres blessés. Le bilan sécuritaire de la coalition, au pouvoir depuis fin 2021, est aussi régulièrement attaqué par ses adversaires.
L'année dernière, le nombre des crimes et délits en Allemagne a augmenté, atteignant son plus haut niveau depuis 2016 selon le dernier rapport fédéral sur la criminalité. Les attaques au couteau, comme d'autres types d'agressions, sont également en hausse (près de 14.000 en 2023, contre 11.000 en 2021), si bien que la ministre de l'Intérieur avait dit travailler, cet été, à de nouvelles règles sur le port d'armes blanches dans l'espace public, visant notamment les crans d'arrêt et les lames de plus de 6 centimètres.
L'attaque au couteau de Solingen, revendiquée par le groupe Etat Islamique (EI), tombe mal pour le chancelier allemand Olaf Scholz, à une semaine d'élections régionales où pourrait triompher l'extrême droite qui agite les thèmes de l'immigration et de l'insécurité. Le drame s'invite dans la campagne pour ces élections qui se dérouleront dans trois Länder...
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