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Sous la menace des roquettes, des Israéliens construisent des abris

Sous la menace des roquettes, des Israéliens construisent des abris

Un abri anti-bombes en cours de construction à côté de la maison d'un couple israélien à Tel Mond dans le centre d'Israël le 22 août 2024. Photo AFP/JACK GUEZ

Aviva Pertzov et Jeff Lederer ont vécu des années sans abri antiroquettes dans leur maison du centre d'Israël. Mais face aux tirs qui visent quasi-quotidiennement le pays et maintenant la menace d'un embrasement régional, le couple s'est résolu à investir.

Murs blancs, canapé, carrelage et fenêtre à épais volet métallique, ils ont déjà pensé à l'aménagement de la nouvelle pièce de béton renforcé dans leur maison à 30 kilomètres au nord de Tel-Aviv.

Des flambées de violence, des guerres, des tirs de roquettes, Israël n'a pas cessé d'en connaître en 76 ans d'histoire.

"A plusieurs moments, on s'est dit qu'on devrait peut-être construire un abri mais on n'a jamais rien fait", raconte Mme Pertzov. "Cette fois-ci", poursuit cette psychologue, avec des attaques "qui semblent se rapprocher, je me suis dit +Je ne peux pas continuer comme ça+".

Le 7 octobre, le mouvement islamiste Hamas a mené depuis la bande de Gaza une attaque inédite en Israël qui a entraîné la mort de 1.199 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles israéliennes. 

En représailles, l'armée israélienne bombarde le territoire palestinien et y a tué plus de 40.000 personnes, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas. Dans le nord, les échanges de tirs entre Israël et le Hezbollah libanais pro-iranien --allié du Hamas-- sont devenus quotidiens.

Menace tous azimuts

Et après l'assassinat fin juillet du chef politique du Hamas Ismaïl Haniyé à Téhéran, l'Iran, qui avait déjà tiré en avril plus de 300 projectiles sur Israël, menace d'une nouvelle riposte.

Les Israéliens redoutent des tirs tous azimuts: outre le Hezbollah, l'Iran a aussi des alliés en Irak, en Syrie et au Yémen. "On s'inquiète beaucoup plus maintenant", affirme Jeff Lederer, médecin généraliste de 79 ans.

Les premiers "miklats", les abris publics qui servent à tout un quartier, ont été construits dans les années 1950, lorsque le délai entre une attaque et le déclenchement des sirènes d'alerte était de 30 minutes. "Assez de temps même pour prendre un café", ironise le lieutenant-colonel Moshe Shlomo, responsable de l'ingénierie de la Défense civile israélienne. 

Une durée réduite à trois minutes en 1991 quand le dictateur irakien Saddam Hussein a tiré des dizaines de Scud sur Israël, le poussant à changer de stratégie.

Depuis 1992, tous les bâtiments qui sortent de terre sont dotés d'espaces sécurisés obligatoires, des appartements aux administrations en passant par les écoles, les cinémas et les hôpitaux.

Aujourd'hui, les Israéliens qui vivent près du Liban et de Gaza n'ont que 15 secondes pour atteindre un abri une fois que les sirènes retentissent ou qu'une alarme se déclenche sur leurs téléphones. Ailleurs dans le pays, ce délai monte à 90 secondes. "Le niveau de menace en Israël est très élevé. Ces pièces sécurisées sauvent des vies. Nous l'avons vu dans cette guerre", poursuit le lieutenant-colonel Shlomo.

"Confiance en Dieu"

Les abris peuvent être construits dans les maisons ou à côté sous forme de préfabriqués pour 30.000 à 50.000 euros.

Avec des portes antiexplosion et une ventilation filtrée, ils sont étanches en cas d'attaque chimique et conçus pour résister à une bombe d'une tonne à une distance de 15 mètres, assure le gradé.

Depuis que, le 7 octobre, des commandos du Hamas sont entrés jusque dans des maisons pour enlever des femmes, des hommes et des enfants, il est désormais possible dans les nouveaux abris de fermer les lourdes portes métalliques depuis l'intérieur. 

Malgré cela, selon les autorités, 55% des foyers n'en ont toujours pas, faute de moyens ou par fatalisme. "Beaucoup de personnes âgées disent: +Je suis ici depuis 80, 90 ans, je survivrai quoi qu'il arrive+", assure le lieutenant-colonel Shlomo. Et des juifs religieux répondent qu'ils "ne veulent pas se protéger parce qu'ils font confiance à Dieu".

Pour inciter les familles à se doter d'abris, les autorités ont réduit à 14 jours le délai d'obtention du permis de construire. Ces sept derniers mois, elles ont enregistré 4.500 demandes. 

Pour Aviva Pertzov et Jeff Lederer, c'est un autre argument qui a pesé. "Nos petits-enfants habitent loin. Quand ils viennent, ils dorment chez nous", explique Mme Pertzov. Cet abri, dit-elle, "c'est un devoir" envers eux.

Aviva Pertzov et Jeff Lederer ont vécu des années sans abri antiroquettes dans leur maison du centre d'Israël. Mais face aux tirs qui visent quasi-quotidiennement le pays et maintenant la menace d'un embrasement régional, le couple s'est résolu à investir.

Murs blancs, canapé, carrelage et fenêtre à épais volet métallique, ils ont déjà...