Si le Radeau de la Méduse l’a rendu célèbre, Théodore Géricault (1791-1824) était aussi un peintre en série, romantique et révolutionnaire, qui a représenté les chevaux de manière obsessionnelle jusqu’à sa mort à 32 ans d’une chute de cheval.
C’est ce que met en lumière grâce à des prêts exceptionnels publics et privés une exposition au Musée de la vie romantique, à Paris, dans le cadre de l’initiative « Paris Musées fête les Jeux » olympiques.
À l’occasion du bicentenaire de sa mort, une centaine de ses tableaux équestres, études préparatoires, aquarelles, esquisses et gravures, parmi les milliers qu’il a réalisés, sont réunis pour la première fois, souligne Bruno Chenique, historien de l’art spécialiste du peintre et commissaire de l’exposition avec Gaëlle Rio, directrice du musée.
L’exposition illustre le « romantisme révolutionnaire de Géricault » et celui d’un peintre qui « a transcendé tous les codes de la peinture », relève ce spécialiste.
Depuis son enfance en Normandie, à Rouen, où il a appris l’équitation, et pendant sa formation classique en atelier, « il n’a cessé d’observer les équidés, leur anatomie, et de les monter, s’en servant comme d’une allégorie pour peindre sa vision humaniste et sociale du monde », explique M. Chenique, glissant qu’en « bon romantique, il prend toujours le parti des humbles, des perdants ».
Cheval antique, anglais, militaire ou de course, Géricault le représente comme personne avant lui, en héros romantique au clair de lune, de dos, ne montrant que sa croupe, se bagarrant avec ses congénères, pendant l’acte sexuel ou mort.
Géricault est aussi « un antinapoléonien », selon M. Chenique. Il va le montrer en exposant notamment le premier « portrait équestre » monumental au Salon officiel de peinture et de sculpture en 1812, « un soldat anonyme qui représente la plèbe sur un cheval au milieu d’un champ de bataille, format réservé jusque-là aux généraux, héros ou rois de France ».
Le peintre influencera radicalement Ary Scheffer – propriétaire de la maison qui abrite le Musée de la vie romantique –, Horace Vernet et surtout Eugène Delacroix.
« Avec ses éclairages lunaires ou solaires, une palette de couleurs éclatantes, Géricault va magnifier » les robes du cheval, selon Mme Rio, dans des œuvres rappelant celles de Caspar David Friedrich, considéré comme le peintre romantique allemand le plus influent.
La commissaire décrit aussi « un mélange constant de tension et d’immobilité » que le visiteur perçoit tout au long du parcours thématique de l’exposition : le cheval politique, l’écurie sanctuaire, les courses de chevaux libres à Rome, les dandies et prolétaires à Londres et la mort du cheval. Selon le journal Le Monde, sur les quatre-vingt-dix-sept œuvres réunies pour marquer le bicentenaire du peintre, un tiers proviennent de collections privées et sont, pour beaucoup, inédites. L’attribution de certaines d’entre elles à l’artiste est vivement contestée et alimente un débat entre experts et marchands.
Source : AFP