
Né à Beyrouth en 1952, Akl Awit est poète, critique littéraire et journaliste. Il a dirigé pendant longtemps le Moulhak, supplément culturel hebdomadaire du quotidien libanais An-Nahar. Nombre de ses poèmes ont été traduits et publiés en plusieurs langues, notamment en français. À l’occasion de la quatrième commémoration de l’explosion du port de Beyrouth, le 4 août 2020, nous publions ce poème tiré de son recueil Le Pays, traduit de l’arabe par Renée Asmar Herbouze, et paru aux éditions Naufal en 2022.
Vision 13
Ils sont tous perfides et malfaisants. Ils ont fait de la maison Liban un amas de décombres et des villes des espaces dévastés. Je suis Jérémie le prophète, je suis Job, ne hissez pas les drapeaux blancs. Ne demandez pas à un soleil de disparaître. Ne dissolvez pas le gouvernement provisoire. Ne reculez pas de devant les palais et les sérails. N’ouvrez pas la porte à la négociation. Ne graciez pas les pilleurs. Élevez les potences, oui les potences. Ah comme les potences sont bonnes et les jugements sans procès, s’agissant des gouvernants, des sultans, des tyrans, des agents, des traîtres, profiteurs et destructeurs de la maison Liban.
La justice est le principe même de la gouvernance. Devant cette devise les têtes s’inclinent, les cœurs ovationnent. Dans cette dernière heure, voici qu’une femme libre marche dans la tempête, crie dans la tempête. Des arbres l’accompagnent, des jardins, des enfants, des morts, des livres et des branches de palmier, tous clamant alléluia aux poteaux des potences, alléluia à la justice comme principe de gouvernance.
Alléluia au pays.