Près de quatre ans après la double explosion au port de Beyrouth le 4 août 2020, le déblaiement des débris de ferraille qui s’y trouvent depuis a enfin débuté, nous a confirmé le directeur du port Omar Itani. Opérée par la société libanaise Concord, qui travaille depuis les années 1980 dans la ferraille et la construction et qui a remporté l’appel d’offres lancé par le ministère des Travaux publics en septembre dernier, cette mission a débuté le 21 juillet, selon Mohammed Oraymet, coresponsable du projet de déblaiement du port au sein de la société. « Pour nous, c’est un devoir national plus que commercial », a déclaré ce dernier à L’OLJ.
C’est lors d’une conférence de presse le 27 juin que le ministre sortant des Travaux publics et des Transports Ali Hamiyé avait annoncé que, dans le cadre des efforts de « reconstruction et de réhabilitation » du port qui ont débuté en septembre dernier, le Liban commencera à vendre les débris de ferraille résultant de la double explosion. Celle-ci avait été provoquée par l’inflammation de grandes quantités de nitrate d’ammonium mal stockées, tuant au moins 235 personnes, en blessant environ 6 500 autres et dévastant des quartiers entiers de la capitale. Le ministre, qui n’a pas répondu nos sollicitations, avait alors affirmé que ce processus « apportera des revenus supplémentaires au Trésor public libanais ». Chaque tonne de métal sera vendue à « 245 dollars », a de son côté précisé Omar Itani.
« Trente employés » de Concord sont présents sur le terrain, rapporte Mohammad Oraymet, et deux endroits sont pris en charge simultanément. « Nous avons fini la zone où il y avait le plus de travail en une semaine, alors que cela aurait dû en prendre trois à quatre », poursuit le responsable, qui indique que la société a déjà traité entre 5 000 et 6 000 tonnes. « Pour l’instant, nous ne pouvons pas donner un chiffre précis des tonnes présentes dans le port », dit-il. D’après les images aériennes, la fourchette estimée se situerait entre « 9 000 et 25 000 tonnes » de ferraille, avait précisé le ministre sortant des Travaux publics. « Le chiffre de 25 000 tonnes est exagéré », nuance toutefois Mohammad Oraymet.
Pour effectuer l’opération, les employés trient le fer et le découpent, puis le déposent sur un camion pour le peser, avant d’être conduit vers un bateau. « Bien sûr, tout se fait sous la supervision des forces de l’ordre et des autorités portuaires », assure Mohammad Oraytem. La ferraille est ensuite transportée vers l’Égypte et la Turquie. « Dans les faits, c’est plus vers l’Égypte. Dans les deux pays, il y a des fourneaux qui font fondre les métaux, vendus en poids, pour qu’ils soit réutilisés », poursuit-il. La mission devrait durer 75 jours ouvrés. « Nous sommes très rapides sur le terrain. Nous allons essayer de finir plus tôt », assure enfin Mohammad Oraytem, qui préfère ne pas communiquer le coût de cette mission.
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