Le Premier ministre français Gabriel Attal lors d'une visite des bassins de compétition olympique à l'Arena Paris La Défense à Nanterre. Photo Bertrand GUAY / POOL / AFP
Les différentes composantes du Nouveau Front Populaire (NFP), la coalition de gauche arrivée en tête des législatives en France, peinent à surmonter leurs divergences et à parvenir à s'entendre sur un candidat pour le poste de Premier ministre.
Socialistes, communistes et écologistes ont annoncé lundi soir proposer à leurs alliés du NFP, le parti la France Insoumise (gauche radicale), une personnalité « issue de la société civile » pour cette fonction. Son nom n'a pas été communiqué.
LFI avait exclu un peu plus tôt cette hypothèse, ne comportant pas de garanties suffisantes, selon elle, pour « la mise en œuvre du programme » du NFP, et avait exigé d'abord un accord sur la présidence de l'Assemblée nationale.
Après cette nouvelle proposition, « nous souhaitons sur cette base une reprise immédiate des discussions », a indiqué le Parti socialiste dans un communiqué.
Le rejet le week-end dernier par le PS de la candidature d'Huguette Bello, la présidente - proche de LFI - du conseil régional de La Réunion, une île française de l'océan Indien, a remis le feu aux poudres dans la fragile alliance, minée par les querelles internes.
« Je suis tellement en colère du visage que nous montrons », s'est désespérée l'écologiste Sandrine Rousseau.
Les tensions les plus fortes opposent Insoumis et socialistes, les deux principaux groupes du NFP se disputant le leadership à gauche dans le nouvel hémicycle.
« Le parti socialiste joue-t-il la montre pour laisser briser le Nouveau Front populaire et renoncer au programme ? », s'était interrogé LFI dans un communiqué, le coordinateur du mouvement Manuel Bompard fustigeant « les oppositions systématiques » du PS.
« Rien n'a été bloqué », a rétorqué le premier secrétaire du PS Olivier Faure.
Poste-clé
Le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon a de son côté exigé « une candidature unique pour la présidence de l'Assemblée nationale » pour reprendre toute autre discussion.
La gauche joue gros sur cette élection à la chambre basse du Parlement, jeudi.
Une partie du camp macroniste tente depuis plusieurs jours de bâtir une majorité pour ce poste-clé, que la présidente sortante Yaël Braun-Pivet entend bien conserver.
Un accord avec la droite, par exemple, pourrait permettre au bloc présidentiel de dépasser la gauche en nombre de voix.
Le sujet était au menu de discussions autour d'Emmanuel Macron lundi avec les chefs du camp présidentiel.
« L'idée était de voir (...) comment envisager qu'une autre personnalité que celle proposée par le Nouveau Front populaire préside l'Assemblée », confirme un participant.
« Il y a des discussions avec LR (Les Républicains, droite). Eux, leur logique c'est de montrer qu'ils sont efficaces dans la lutte contre LFI et le NFP, donc la logique voudrait qu'ils soutiennent une candidature comme celle de Yaël Braun-Pivet », glisse cette source.
- Attal bientôt démissionnaire -
La question du front républicain contre le Rassemblement national, que la gauche aimerait poursuivre à l'Assemblée nationale en privant le parti d'extrême droite de tout poste à responsabilité, reste également au coeur des discussions.
Plusieurs cadres macronistes, dont Mme Braun-Pivet, y sont opposés.
Mais ce dossier était à l'ordre du jour d'une réunion du groupe Renaissance (parti présidentiel), officiellement rebaptisé « Ensemble pour la République », autour de son nouveau président Gabriel Attal.
En attendant, Gabriel Attal est toujours Premier ministre mais pourrait remettre sa démission dès mardi, alors qu'un Conseil des ministres est prévu à 11H30.
« Cela devrait être demain », confirme un proche d'Emmanuel Macron, notamment pour permettre à tous les ministres élus députés de participer à l'élection à la présidence de l'Assemblée nationale, puis à l'attribution des postes clés au Palais Bourbon, siège de l'Assemblée, vendredi et samedi.
L'équipe gouvernementale actuelle resterait toutefois un certain temps en place, notamment pendant la période très sensible des JO, pour gérer les « affaires courantes » et assurer la continuité de l'Etat.
Au cœur du flou politique, une chose est certaine pour le futur gouvernement : il récupérera des finances publiques dans le rouge. Dans un épais rapport présenté lundi matin, la Cour des comptes dresse en effet un bilan préoccupant.
La nécessité de réduire la dette est un « impératif » qui « doit être partagé » par toutes les forces politiques, a averti son premier président Pierre Moscovici.