« Vous portez le sang des innocents » : Les proches des victimes de l'explosion meurtrière du 4 août 2020 au port de Beyrouth ne décolèrent pas. Dans un communiqué publié jeudi à l'occasion de la commémoration mensuelle du drame, ils s'en prennent nommément au procureur général près la Cour de cassation par intérim, Jamal Hajjar, et au juge d'instruction Tarek Bitar, chargé d'une enquête qui n'avance pas.
Les familles de victimes ciblent également le ministre sortant des Travaux publics, Ali Hamiyé, qui a récemment annoncé que le Liban allait commencer à vendre les débris de ferraille résultant de l'explosion meurtrière du port, qui a fait plus de 235 morts, blessé 6.500 personnes et ravagé des pans entiers de la capitale libanaise. Le communiqué a été publié en marge du sit-in mensuel des proches des victimes, devant la statue de l'Émigré face au port de Beyrouth.
« Un mois nous sépare de la quatrième commémoration annuelle de l'explosion du 4 août 2020. Les arcanes des palais de justice et les pressions politiques continuent de tenter de cacher la vérité et d'enterrer cette affaire avec les victimes », débute le texte. « Nous nous adressons d'abord à Jamal Hajjar : Dites-nous quel est l'obstacle et la raison majeure qui font que ce dossier reste en attente ? Et à Tarek Bitar : De quoi avez-vous peur pour la poursuite de votre travail de manière normale ? », dénoncent les familles de victimes.
« Nous vous faisons porter toute la responsabilité aujourd'hui, car vous êtes les fers de lance de ce dossier, sa base. Vous portez le sang des innocents sur vous », poursuit le texte. « Vous êtes les garants de l'application de la loi, vous avez fait le serment de soutenir les opprimés et rendre justice ! »
Les familles de victimes réagissent aussi à l'annonce faite par le ministre sortant des Travaux publics Ali Hamiyé de vendre les débris entassés au port de Beyrouth. « Nous vous rappelons que le port a gardé ses entrées et ses quais ouverts dès le lendemain de l'explosion. Les paquebots sortaient, les cargos vidaient leurs stocks de manière normale », critiquent-elles. « Vous auriez plutôt dû vendre les débris pour aider les enfants de victimes, les proches dévastés qui jusqu'à maintenant n'ont reçu aucune aide des entreprises travaillant » au port, ajoute le communiqué.
L'explosion du 4-Août, provoquée par l'inflammation de grandes quantités de nitrate d'ammonium mal stockées, a laissé un traumatisme toujours prégnant dans les consciences des Libanais. L'enquête de la justice locale sur le drame, menée par le juge Bitar, est au point mort depuis février 2023 en raison d'ingérences politiques de tous bords.
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