« Personne n’est un saint, sur cette terre. Même les saints de l’Église ont commis des erreurs dans leur jeunesse. »
Ainsi a répondu M. Vintila Horia, qui vient de renoncer au Prix Goncourt qu’il avait obtenu, il y a dix jours, pour son roman Dieu est né en exil.
Comment l’affaire a-t-elle commencé ?
M. Horla avait été attaqué, lundi dernier, de façon très violente et précise par le journal communiste français L’Humanité, qui l’a accusé d’avoir été, dans son pays, la Roumanie, pendant la guerre, un journaliste pro-hitlérien et antisémite.
Le 14 juillet 1935, d’après L’Humanité, il écrivait que le romantisme allemand est « souillé par le youpin Heine », et il attaquait Einstein. Dans le journal de la Garde de Fer, le parti fasciste roumain, il traitait Mussolini « d’astre nouveau, plantant au cœur de l’Europe l’étendard libérateur du fascisme ». Il dénonçait la France où « l’intelligence est en prison », désignant ainsi Charles Maurras dont il louait l’antisémitisme.
En juin 1941, toujours selon L’Humanité, M. Vintila Horia établit un parallèle entre Napoléon et Hitler, et conclut : « Voilà pourquoi c’est Adolf Hitler et non Napoléon Bonaparte qui est le premier homme politique des temps modernes, et qui mérite d’être nommé le Grand Européen. »
Le 21 février 1946, Vintila Caftangioglu, dit Horia, a été condamné par contumace à la réclusion à perpétuité, par les tribunaux roumains.
Informé de ces accusations, l’ex-lauréat du Prix Goncourt avait commencé par déclarer : « Je ne me rappelle pas ces articles-là. J’en ai écrit des centaines. Je me souviens de quelques-uns que j’ai écrits contre les nazis. Mais pas de ceux-là. Cela se passait il y a très longtemps. Je ne sais pas pourquoi on va chercher des choses si anciennes. »
Toutefois, devant l’immense scandale suscité dans toute la France par les accusations dirigées contre lui et, semble-t-il, justifiées, M. Horia a fini hier par annoncer officiellement sa décision de renoncer au Prix Goncourt.