Rechercher
Rechercher

Dernières Infos - Tunisie

Discret pèlerinage juif à Djerba sur fond de guerre à Gaza

Un juif tunisien prie dans une synagogue à Djerba lors du pèlerinage juif annuel, le 24 mai 2024. Photo AFP/FETHI BELAID

Une poignée de fidèles ont participé vendredi au premier jour du pèlerinage juif à la synagogue de Djerba en Tunisie, où les cérémonies sont réduites au strict minimum cette année sur fond d'inquiétudes sécuritaires alimentées par la guerre à Gaza.

Habituellement, des milliers de pèlerins du monde entier, en particulier d'Europe et des Etats-Unis, affluent à la Ghriba, la plus ancienne synagogue d'Afrique, pour participer à trois jours de festivités marquées par plusieurs processions.

« La conjoncture internationale ne permet pas d'organiser un pèlerinage d'aussi grande importance », a expliqué à l'AFP l'un de ses organisateurs, René Trabelsi, en référence à la guerre à Gaza entre Israël et le mouvement palestinien Hamas.

Cette année, les cérémonies se limiteront à des rituels religieux (prières et dépôts de cierges), sans la procession festive derrière la grande Menorah, le candélabre juif, montée sur des roues et décorée de tissus colorés.

Selon M. Trabelsi, « d'ici à lundi, on va avoir entre 30 et 50 pèlerins (...) contre 6 à 7.000 » en temps normal. Mais « le plus important c'est qu'on est là » pour transmettre « le message que Djerba est une terre de paix et de tolérance », a-t-il souligné.

M. Trabelsi, ancien ministre du Tourisme, s'est félicité de l'important dispositif de sécurité mis en place autour de la synagogue: « On a le soutien des autorités, on a la sécurité autour de la Ghriba ».

Des patrouilles de police et de la Garde nationale sillonnent aussi en voiture ou moto certaines parties de l'île, a constaté une équipe de l'AFP qui a été empêchée dans un premier temps d'accéder à la synagogue. « Personne ne peut entrer, à l'exception des pèlerins juifs », a indiqué un agent de la Garde nationale.

Lors du pèlerinage de mai 2023, deux fidèles et trois gendarmes avaient été tués devant la synagogue dans une attaque menée par un autre gendarme.

Hayim Haddad, un pèlerin quinquagénaire habitant de l'île, a la gorge nouée de voir la Ghriba aussi vide alors que d'habitude, la période du pèlerinage « c'est comme si on célébrait un mariage », avec des pèlerins qui dansent et chantent au passage de la Menorah.

« Nous ne nous attendions pas à ce qu'il s'est passé l'an dernier, parce que la sécurité était excellente. Cela nous a fait beaucoup de mal et nous en souffrons encore », a-t-il dit à l'AFP en éclatant en sanglots.

Janette, une Juive tunisienne qui n'a pas voulu donner son nom de famille, est venue d'Allemagne où elle réside, après 21 ans sans participer au pèlerinage. Même si l'ambiance n'est pas à la fête, « c'est mieux que rien, tu viens et tu allumes une bougie, c'est déjà ça », dit-elle.

« Pas étonné »

Selon un fidèle juif interrogé dans les rues de Djerba, certains membres de la communauté dont lui-même « ont décidé de ne pas aller à la Ghriba » cette année, sur ordre de leur rabbin.

« C'est compréhensible, je ne suis pas étonné », a commenté M. Trabelsi.

La synagogue de la Ghriba --dont la construction remonterait au 6e siècle avant JC-- avait été visée en 2002 par un attentat suicide au camion piégé qui avait fait 21 morts.

La Tunisie est un fervent soutien des Palestiniens et son président Kais Saied a dénoncé un « génocide » en cours dans la bande de Gaza.

Mais M. Trabelsi a insisté sur la prévalence en Tunisie d'une « mentalité saine » avec des gens qui « savent faire la part des choses ».

« Alors qu'en Europe, depuis le 7 octobre on a vu beaucoup d'actes antisémites autour des synagogues, de personnes de confession juive, on n'a constaté aucun acte antisémite en Tunisie », a-t-il assuré.

Et l'île de Djerba reste, à ses yeux, le « siège social du vivre-ensemble ». « Tout le monde vit ici en bonne entente, les jeunes vont au café ensemble, musulmans et juifs travaillent main dans la main ».

La Tunisie comptait avant l'indépendance en 1956 plus de 100.000 juifs, une communauté tombée à environ 1.500 membres dont la grande majorité vit à Djerba. 

Une poignée de fidèles ont participé vendredi au premier jour du pèlerinage juif à la synagogue de Djerba en Tunisie, où les cérémonies sont réduites au strict minimum cette année sur fond d'inquiétudes sécuritaires alimentées par la guerre à Gaza.Habituellement, des milliers de pèlerins du monde entier, en particulier d'Europe et des Etats-Unis, affluent à la...