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Dernières Infos - Diplomatie

Appel prévu entre Biden et Netanyahu, trois jours après la mort d'humanitaires à Gaza

Des Palestiniens blessés reçoivent des soins à l'hôpital Shuhada al-Aqsa à Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 3 avril 2024, dans le cadre du conflit entre Israël et le groupe militant Hamas. Photo AFP

Les dirigeants américain Joe Biden et israélien Benjamin Netanyahu doivent discuter jeudi au téléphone, après l' »indignation » de Washington face à la mort d'humanitaires tués par une frappe israélienne dans la bande de Gaza ravagée par la guerre entre Israël et le Hamas palestinien.

Leur dernière conversation remonte au 18 mars, dans un contexte déjà tendu face à la dégradation de la situation humanitaire dans le petit territoire assiégé et menacé de famine où 33.037 personnes, en majorité des civils, ont été tuées en près de six mois de conflit, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste palestinien.

« Le président Biden et le Premier ministre Netanyahu se parleront demain », a indiqué mercredi soir à l'AFP un responsable américain.

Les relations entre les deux alliés se sont davantage crispées depuis que Washington a permis fin mars le vote par le Conseil de sécurité de l'ONU d'une résolution appelant à un « cessez-le-feu immédiat » rejeté par Israël.

Et Joe Biden s'est dit « indigné » mardi par la mort la veille dans une frappe israélienne de sept travailleurs humanitaires de l'ONG World Central Kitchen (WCK), basée aux Etats-Unis, et ravitaillant la population gazaouie affamée. Il a estimé qu'Israël n'en faisait « pas assez » pour protéger les organisations venant en aide à la population civile à Gaza.

Opérations à Khan Younès 

La guerre entre Israël et le Hamas a été déclenchée après l'attaque sans précédent de commandos du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre dans le sud d'Israël. Elle a entraîné la mort de 1.170 personnes du côté israélien, en majorité des civils tués le jour même, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.

Plus de 250 personnes ont été enlevées au cours de l'attaque et emmenées comme otages dans la bande de Gaza, où 130 sont toujours détenues, parmi lesquelles, selon l'armée israélienne, 34 sont mortes.

En représailles, Israël mène des opérations militaires dans le territoire palestinien, s'étant juré d'anéantir le Hamas, qui y a pris le pouvoir en 2007 et qui est considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis, Israël et l'Union européenne notamment.

L'armée israélienne a indiqué jeudi qu'elle poursuivait ses opérations dans le centre de la bande de Gaza ainsi qu'à Khan Younès (sud). En 24 heures, 62 morts supplémentaires ont été recensés, selon un communiqué du ministère de la Santé du Hamas.

A Rafah, plus au sud, Ashraf, un Gazaoui, pleure ses deux filles tuées lors d'une frappe aérienne israélienne, selon un photographe de l'AFP. Portant des marques de sang au visage, elles sont enveloppées dans un linge blanc.

La communauté internationale ne cesse d'exhorter Israël à protéger les civils à Gaza, sur fond d'inquiétudes d'une opération terrestre, voulue par M. Netanyahu, à Rafah, où s'entassent près de 1,5 million de Palestiniens déplacés par les combats, selon l'ONU.

Alors que se multiplient aussi les appels à un cessez-le-feu, des négociations indirectes entre les belligérants sous l'égide de médiateurs internationaux --Qatar, Etats-Unis, Egypte-- en vue d'une trêve ainsi qu'un échange d'otages et prisonniers palestiniens n'ont jusqu'ici rien donné, les deux parties se renvoyant la responsabilité de l'absence de progrès.

« Nous avons informé tard hier soir (mercredi) les médiateurs que nous restons attachés à notre proposition », a déclaré jeudi lors d'une conférence de presse à Beyrouth Oussama Hamdan, un responsable du Hamas, en référence notamment au retrait israélien de Gaza, à l'intensification de l'aide humanitaire et un échange otages-prisonniers.

« Parachutage d'aide » 

Selon une étude jeudi de l'ONG Oxfam, la population du nord de la bande de Gaza survit avec 245 calories par jour, soit « moins d'une boîte de haricots », ce qui, selon l'ONG, représente « moins de 12% des besoins caloriques quotidiens moyens ».

A la suite de la frappe dont elle a été victime lundi, l'ONG WCK, qui fournissait quotidiennement des repas à Gaza, a annoncé suspendre ses opérations via un couloir maritime depuis Chypre, accroissant les craintes pour la situation alimentaire des quelque 2,4 millions d'habitants.

« Les livraisons de farine sont retardées (...) Il y a aussi une pénurie de légumes, de viande et d'autres produits essentiels », a dit mercredi à l'AFP un habitant de la ville de Gaza qui tentait de récupérer des denrées alimentaires.

« Nous dormons dans la rue, dans le froid, sur le sable, endurant des épreuves pour assurer la nourriture de nos familles », a témoigné un autre Gazaoui.

Les efforts internationaux se multiplient pour tenter d'acheminer davantage d'aide, notamment par parachutage, via un pont aérien d'aide depuis la Jordanie. Jusqu'à présent, le royaume a effectué 71 largages au-dessus de Gaza et a participé à 147 autres largages avec d'autres pays, selon l'armée jordanienne.

Mais l'acheminement d'aide par les airs ou la mer ne peut se substituer aux routes terrestres, insistent l'ONU et de nombreux pays.

Face à la poursuite du conflit, l'armée israélienne a annoncé jeudi sa décision de suspendre temporairement les permissions « des unités combattantes », arguant que les forces israéliennes « sont en guerre et la question du déploiement des soldats est constamment réexaminée en fonction des besoins ».

Benjamin Netanyahu est soumis à une pression accrue de l'opinion publique en Israël et fait face à des manifestations à répétition d'opposants et de familles d'otages en colère.

Le dirigeant d'opposition Benny Gantz, membre du cabinet de guerre et rival principal de M. Netanyahu, a par ailleurs appelé mercredi à des élections législatives anticipées.

Les dirigeants américain Joe Biden et israélien Benjamin Netanyahu doivent discuter jeudi au téléphone, après l' »indignation » de Washington face à la mort d'humanitaires tués par une frappe israélienne dans la bande de Gaza ravagée par la guerre entre Israël et le Hamas palestinien.Leur dernière conversation remonte au 18 mars, dans un contexte déjà tendu face...