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Pompe et paranoïa à Pékin pour la grand-messe politique annuelle

Pompe et paranoïa à Pékin pour la grand-messe politique annuelle

Le président chinois Xi Jinping (C) à son arrivée à la cérémonie d'ouverture de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC), avec le Premier ministre chinois Li Qiang (D) et le membre du Comité permanent du Politburo Zhao Leji (G) au Grand Hall du peuple à Beijing, le 4 mars 2024. Photo GREG BAKER / AFP

La Chine a ouvert lundi son principal rendez-vous politique de l'année avec force arrangements floraux, chiens renifleurs et drapeaux rouges, Pékin présentant une image soigneusement chorégraphiée d'unité nationale.

Les "Deux Sessions" tenues en parallèle - celle du Parlement, coutumier de votes à la quasi-unanimité, et celle d'une assemblée consultative - sont un spectacle annuel qui réunit dans la capitale des milliers de délégués venus de tout le pays.

L'atmosphère lundi à Pékin, pour la cérémonie d'ouverture de l'assemblée consultative, la "Conférence consultative politique du peuple chinois" (CCPPC), mélangeait pompe et paranoïa.

Les membres de cette institution, qui représentent différents secteurs d'activité, organisations politiques affiliées au Parti communiste chinois au pouvoir, religions ou encore minorités ethniques, sont réunis jusqu'à dimanche.

Une grande partie du centre ville était bouclée, le trafic avançait au pas et la police montait la garde à des postes de contrôle sur la grande avenue Chang'an, qui passe devant la place Tiananmen. Les forces de sécurité patrouillaient dans les rues avec des chiens renifleurs, tandis que des volontaires âgés arborant des brassards rouges surveillaient tout comportement suspect des piétons.

Les mesures de sécurité ont été durcies pour les trains arrivant dans la capitale, leurs passagers étant tous passés aux détecteurs de métaux et devant glisser leurs bagages dans une machine à rayons X. 

Mais à l'intérieur du palais de l'Assemblée du peuple, l'élite politique du pays était accueillie lundi par un tapis rouge et de somptueux arrangements floraux. Des employés impeccablement coiffés gardaient des rangées de thermos bleues, prêts à servir de l'eau chaude - un prérequis pour toute réunion en Chine. 

Les délégués souriants ont applaudi à l'unisson d'une marche festive lorsque le président Xi Jinping a pénétré dans la salle de conférence principale pour la cérémonie d'ouverture de la CCPPC. 

"J'attendais vraiment ça avec impatience", a déclaré Yang Yuni, une déléguée de la province du Yunnan (sud-ouest), vêtue d'une tenue traditionnelle aux broderies élaborées de l'ethnie Hani. Mme Yang était "extrêmement nerveuse" l'an dernier pour sa première participation, mais a confié à l'AFP être ravie de revoir "des visages familiers partout cette année". 

Elle est venue à Pékin en espérant attirer l'attention sur les traditions agricoles des Hani et promouvoir la vente en ligne de produits de sa région natale. 

Joyeuse censure

Contrairement à l'Assemblée nationale du peuple, qui commence sa réunion mardi, la CCPPC n'a pas de rôle direct dans la politique gouvernementale, mais elle est souvent une tribune où ses délégués peuvent évoquer des problèmes locaux ou des sujets de niche. 

La conférence "peut répercuter les souhaits des masses au gouvernement central, et mieux exprimer la voix du peuple", a expliqué à l'AFP Su Haizhen, délégué de la province du Guangxi (sud). Néanmoins, seules les voix alignées sur la ligne officielle de Pékin sont les bienvenues. 

Les "Deux Sessions" sont généralement une période d'intensification de la censure et de répression politique. Les administrateurs de Weibo, un des réseaux sociaux les plus populaires du pays, ont exhorté leurs utilisateurs à "créer ensemble une atmosphère d'échanges positifs". 

"Utilisons notre sagesse et notre passion pour contribuer avec force et bon sens à la gloire et au développement de notre pays", ont gaiement exhorté les administrateurs, dans un communiqué qui annonçait également la suppression de comptes d'utilisateurs ayant "promu le pessimisme social". 

Gao Yu, une journaliste indépendante basée à Pékin, déjà emprisonnée pour sa couverture critique du Parti communiste, a indiqué sur son compte X la semaine dernière que la sécurité nationale avait contacté des "personnalités sensibles" de la ville avant les "Deux Sessions". 

"A l'approche de la période des Deux Sessions, la vie à Pékin devient vraiment insupportable", a-t-elle écrit. 



La Chine a ouvert lundi son principal rendez-vous politique de l'année avec force arrangements floraux, chiens renifleurs et drapeaux rouges, Pékin présentant une image soigneusement chorégraphiée d'unité nationale.

Les "Deux Sessions" tenues en parallèle - celle du Parlement, coutumier de votes à la quasi-unanimité, et celle d'une assemblée...