Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme s'est dit mardi « profondément préoccupé » par la crise au Sénégal, dénonçant un « recours inutile et disproportionné à la force contre les manifestants et des restrictions de l'espace civique ».
« Au moins trois jeunes hommes ont été tués pendant les manifestations et au moins 266 personnes auraient été arrêtées dans tout le pays, y compris des journalistes », a déclaré une porte-parole, Liz Throssell, lors d'un point de presse à Genève. Des enquêtes « doivent être menées rapidement, de manière approfondie et indépendante, et les responsables doivent être amenés à rendre des comptes », a-t-elle ajouté. La porte-parole a souligné qu' »il est essentiel que les autorités ordonnent sans équivoque aux forces de sécurité de respecter et de garantir les droits humains y compris les droits à la liberté d'expression, d'association et de réunion pacifique ».
Le Sénégal est en proie à l'une de ses plus graves crises politiques des dernières décennies depuis que le président Macky Sall a annoncé le report de la présidentielle le 3 février, à trois semaines de l'échéance. Ses partisans à l'Assemblée nationale et ceux de Karim Wade, candidat disqualifié, ont ensuite entériné le renvoi de l'élection au 15 décembre et le maintien du président Sall à son poste jusqu'à la prise de fonctions de son successeur, a priori donc début 2025.
« Nous demandons aux autorités de veiller à respecter la longue tradition de démocratie et de respect des droits humains du Sénégal », a insisté la porte-parole du Haut-Commissariat à Genève, appelant « tous les acteurs de s'abstenir de recourir à la violence ». Elle a ajouté que les services régionaux du Haut-Commissariat étaient « en contact » avec les autorités, mais n'a pas souhaité donner d'informations sur ces discussions.
La porte-parole a également indiqué que le Haut-Commissariat était préoccupé par la suspension d'internet sur les mobiles mardi au Sénégal, au jour d'une manifestation prévue et interdite par les autorités pour la deuxième fois depuis le début de la grave crise politique.
« Il est très important de garantir le droit d'accès à l'information », a-t-elle dit, indiquant que toute restriction doit « donc être strictement limitée à ce qui est nécessaire et doit être aussi limitée que possible dans le temps ».
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