La police pakistanaise a tiré des gaz lacrymogènes dimanche pour disperser des rassemblements de partisans de l'ex-Premier ministre emprisonné Imran Khan, dont le parti a appelé à manifester contre des fraudes présumées lors des élections de jeudi dernier.
Des affrontements ont eu lieu à Rawalpindi, au sud de la capitale, et à Lahore, dans l'est, ont constaté des journalistes de l'AFP. Des dizaines d'autres manifestations ont été organisées à travers le pays, sans incidents. La police avaient prévenu plus tôt qu'elle sévirait contre les "rassemblements illégaux".
Les candidats indépendants, pour la plupart liés au parti de M. Khan, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), ont remporté le plus grand nombre de sièges lors du scrutin, réduisant ainsi les chances de la Ligue musulmane du Pakistan-Nawaz (PML-N) de l'ex-Premier ministre Nawaz Sharif, soutenue par l'armée, d'obtenir une majorité pour diriger le pays.
Le parti d'Imran Khan n'a pas été autorisé à figurer sur les bulletins de vote, ses candidats devant se présenter comme indépendants. Mais les indépendants ne peuvent pas former un gouvernement, ce qui laisse augurer de semaines d'incertitude politique, où les partis rivaux vont devoir négocier d'éventuelles coalitions. Les dirigeants du PTI affirment qu'ils auraient remporté encore plus de sièges si les élections n'avaient pas été truquées selon eux.
La coupure par les autorités des services de téléphonie et d'internet mobiles jeudi, jour du scrutin, et la lenteur du décompte des résultats ont fait soupçonner des tentatives de manipulations du processus électoral par les militaires, visant à faire gagner le PML-N. "Dans tout le Pakistan, les élections ont été truquées de manière subtile", a déclaré samedi le président du PTI, Gohar Ali Khan, appelant ses partisans à "manifester pacifiquement" dimanche.
Les autorités avaient prévenu qu'elles prendraient des mesures strictes contre de telles manifestations, en vertu d'une loi de l'ère coloniale qui interdit les rassemblements d'au moins cinq personnes. "Des poursuites judiciaires seront engagées contre les rassemblements illégaux", a déclaré dimanche la police d'Islamabad.
Un avertissement similaire a été émis à Rawalpindi, où la police a tiré des gaz lacrymogènes sur des dizaines de partisans du PTI qui refusaient de lever des piquets de grève devant un bureau chargé de collecter les résultats de l'élection.
Un autre rassemblement d'environ 200 partians du PTI à Lahore a été dispersé rapidement par la police, munie de boucliers anti-émeutes et de matraques. Selon des médias locaux, plusieurs manifestants ont été interpellés à Karachi, dans le sud, après avoir refusé d'évacuer les lieux.
« Avenir très incertain »
Le parti de M. Khan a fait face à une répression de plusieurs mois qui a paralysé sa campagne mais ses candidats, forcés de se présenter en tant qu'indépendants, sont sortis vainqueurs du scrutin. Les résultats définitifs ont été annoncés dimanche : les indépendants ont remporté 101 sièges, le PML-N 75, le Parti du peuple pakistanais (PPP) 54 et le Muttahida Qaumi Movement (MQM) 17.
Dix petits partis ont remporté les 17 sièges restants, deux postes restant vacants. "Aucun parti ne dispose d'une majorité simple permettant de former un gouvernement", commente l'analyste politique Zahid Hussain. "L'avenir politique du pays est désormais très incertain", estime-t-il. Néanmoins, les dirigeants du PTI estiment avoir reçu un "mandat du peuple" pour former le prochain gouvernement du Pakistan. "Le peuple s'est prononcé en faveur d'Imran Khan", a déclaré le président du PTI, Gohar Ali Khan.
M. Khan n'a pas pu se présenter aux élections après avoir été condamné à plusieurs longues peines de prison, dans les jours précédant le scrutin. Début février, il a été reconnu coupable de trahison, de corruption et d'avoir contracté un mariage non islamique dans trois procès distincts, parmi les quelque 200 poursuites lancées contre lui depuis son éviction.
Une alliance entre le PML-N - qui revendique sa victoire en tant que parti ayant obtenu le plus grand nombre de sièges - et le PPP - qui a formé le dernier gouvernement après avoir évincé M. Khan par un vote de défiance en avril 2022 -, semble toujours être le scénario le plus probable. Le chef de l'armée pakistanaise Syed Asim Munir a lui appelé samedi les chefs de partis politiques à faire preuve de "maturité politique" et "d'unité".
"La nation a besoin de mains sûres et dotées d'un pouvoir de guérison pour rompre avec la politique de l'anarchie et de la polarisation", a-t-il déclaré. L'armée occupe une place centrale dans le paysage politique pakistanais: le pays a été dirigé par des généraux pendant près de la moitié de sa jeune histoire, depuis la partition d'avec l'Inde en 1947.
La police pakistanaise a tiré des gaz lacrymogènes dimanche pour disperser des rassemblements de partisans de l'ex-Premier ministre emprisonné Imran Khan, dont le parti a appelé à manifester contre des fraudes présumées lors des élections de jeudi dernier.
Des affrontements ont eu lieu à Rawalpindi, au sud de la capitale, et à Lahore, dans...
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