Deux Syriens mis en accusation pour crimes de guerre

Deux Syriens, membres présumés du groupe jihadiste Etat islamique (EI) et soupçonnés de crimes de guerre dans leur pays, ont été mis en accusation en Allemagne, a annoncé vendredi le parquet fédéral allemand.

Ces hommes sont accusés de deux enlèvements ayant entraîné la mort, l'un d'entre eux étant également accusé de meurtre, pour des faits remontant à 2013 et 2014, dans le contexte de la guerre civile en Syrie entre le régime de Bachar el-Assad et des groupes d'opposition armés, a expliqué le parquet de Karlsruhe, chargé des affaires de terrorisme.

Les suspects, identifiés comme étant Mohammad A. et Asmael K., avaient été arrêtés en mars dans l'ouest de l'Allemagne, à Essen et à Wiesbaden.  Selon le parquet, le premier a fondé en 2012 en Syrie un groupe armé comptant jusqu'à 50 membres, rejoignant ensuite "le groupe terroriste" appelé les brigades Ahfad-al-Rassoul (AR), puis l'EI au plus tard fin 2013.

Au sein des brigades AR, Mohammad A. aurait planifié et dirigé un attentat contre un bâtiment des forces de sécurité syriennes en 2013 à Damas. Il est soupçonné d'avoir ensuite été à la tête d'un groupe de 200 combattants au sein de l'EI, dirigeant l'enlèvement de deux opposants au groupe jihadiste fin 2013 à Damas. Ces deux personnes ont été exécutées mi-janvier 2014, avec dix autres prisonniers, souligne le parquet. 

Selon l'accusation, Asmael K., membre présumé de l'EI depuis 2013, a participé à l'arrestation d'une des deux victimes, surveillé les douze prisonniers sur le lieu de l'exécution et tiré sur au moins l'un deux. La mise en accusation de Mohammad A. et d'Asmael K. ouvre la voie à un procès.

L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe de compétence universelle -qui permet de poursuivre certains crimes graves indépendamment du lieu où ils ont été commis. Ce pays a accueilli des centaines de milliers de Syriens, d'Afghans ou d'Irakiens au moment de l'afflux de réfugiés en 2015-2016.