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Dernières Infos - Diplomatie

Fait rare, l'amitié sino-américaine s'impose à la COP28

L'envoyé climatique américain John Kerry et son homologue chinois Xie Zhenhua se serrent la main après une conférence de presse commune à l'issue du sommet climatique COp28 à Dubaï, le 13 décembre 2023. Les deux émissaires chevronnés, qui se connaissent depuis des années, se sont félicités de leur coopération qui a permis de mener à bien le sommet de Dubaï, qui a débouché sur un appel à la transition vers l'abandon des combustibles fossiles. Photo Shaun TANDON / AFP

La scène serait impensable ailleurs ces jours-ci : les envoyés américains et chinois, souriants et s'embrassant, saluant leur amitié et conduisant le monde ensemble dans la bonne direction. Mais cet esprit de coopération était évident à Dubaï, où un sommet de l'ONU sur le climat (COP28) a scellé mercredi un accord historique, quoique édulcoré, pour commencer à abandonner le pétrole, le gaz et le charbon, principaux responsables de la crise climatique planétaire.

Saluant le sommet comme un succès, l'envoyé américain pour le climat John Kerry - ancien secrétaire d'Etat, sénateur et candidat à la présidentielle - a été rejoint par un Xie Zhenhua radieux, son homologue chinois à la retraite qu'il connaît depuis des années.

M. Kerry l'avait accueilli un mois plus tôt en Californie, où les deux pays - responsables ensemble de 41% des émissions mondiales de gaz à effet de serre - se sont mis d'accord sur les grandes lignes de l'action climatique qui ont en partie servi de base pour l'accord de Dubaï impliquant près de 200 pays.

M. Xie a rappelé leur travail commun sur un autre accord majeur sur le climat, à Paris il y a huit ans, et a confié qu'il avait amené son petit-fils - lui-même âgé de huit ans - à Dubaï pour rencontrer M. Kerry, qui a fêté ses 80 ans lundi. Son petit-fils voulait dire "joyeux anniversaire à mon bon ami M. Kerry", a dit M. Xie. S'approchant pour embrasser M. Kerry, le diplomate chinois a lancé: "Je voudrais vous inviter à vous joindre à moi pour souhaiter à mon bon vieil ami une bonne santé et une vie heureuse".

On était loin de la diplomatie du "loup guerrier" pour laquelle la Chine s'est encore récemment fait connaître, avec des déclarations contondantes à l'adresse des Etats-Unis.

Même si les tensions se sont apaisées avec la rencontre des présidents Joe Biden et Xi Jinping le mois dernier à San Francisco, les désaccords restent nombreux entre les deux puissances. Pour preuve, au plus fort des négociations à Dubaï, lorsque MM Xie et Kerry affirmaient travailler ensemble, le département d'Etat publiait une déclaration dénonçant ce qu'il considérait comme des mesures agressives de Pékin contre les Philippines dans la mer de Chine méridionale.

Le changement climatique doit être considéré comme une "question humanitaire universellement acceptée" et "non comme une question stratégique bilatérale en termes de mer de Chine méridionale ou d'autres genre de choses", a déclaré M. Kerry. L'administration Biden a convenu avec la Chine d'"essayer de séparer les autres questions et de se concentrer sur quelque chose qui n'est pas bilatéral mais mondial", a-t-il affirmé.

Cet esprit peut-il durer?

Mais l'année dernière la Chine avait interrompu les négociations sur le climat après la visite de Nancy Pelosi, alors présidente de la Chambre des représentants des Etats-Unis, à Taïwan. Il est également très peu probable que ce ton amical perdure si Donald Trump revient à la présidence, car il est un sceptique déclaré à l'égard du climat et critique la Chine en la qualifiant d'ennemi juré.

L'administration Biden a également identifié la Chine comme le plus grand adversaire à la puissance américaine. Mais sur le climat, M. Kerry a noté que la dynamique avait changé ces dernières années, la Chine devenant le plus grand producteur d'énergies renouvelables, même si elle reste le plus grand émetteur.

M. Kerry a dit qu'il s'était mis d'accord avec la Chine pour poursuivre les consultations sur les plans climatiques à long terme et que les deux puissances voulaient "générer davantage d'efforts dans les autres pays" pour parvenir à une solution mondiale.

Mais Li Shuo, un expert de la politique climatique chinoise à l'Asia Society Policy Institute, s'est déclaré sceptique quant à la possibilité d'isoler complètement le climat de la rivalité entre Washington et Pékin. "Leur capacité à diriger le reste du combat (sur le climat) est de plus en plus limitée, en partie à cause des relations conflictuelles entre les deux pays", a-t-il estimé.



La scène serait impensable ailleurs ces jours-ci : les envoyés américains et chinois, souriants et s'embrassant, saluant leur amitié et conduisant le monde ensemble dans la bonne direction. Mais cet esprit de coopération était évident à Dubaï, où un sommet de l'ONU sur le climat (COP28) a scellé mercredi un accord historique, quoique édulcoré, pour commencer à...