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Dernières Infos - Guerre Hamas-Israël

Washington réitère son appel à un Etat palestinien, malgré les incertitudes


Des dirigeants américains et étrangers devant la Maison Blanche, le 3 novembre 2023 à Washington, DC. Photo d'illustration Chip Somodevilla/AFP

Alors que la guerre entre Israël et le Hamas fait rage, les Etats-Unis ont renouvelé leur appel à poursuivre les efforts vers la mise en place effective d'un Etat palestinien mais rares sont ceux qui s'attendent au succès d'une telle initiative après des décennies d'échec.

L'administration du président Joe Biden a fait face à une pluie de critiques dans le monde arabe pour son soutien aux représailles d'Israël après l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre. Mais la position des Etats-Unis a connu un changement subtil de ton ces derniers jours, plusieurs responsables soulignant avec insistance le besoin de minimiser l'impact du conflit sur les civils palestiniens.

S'exprimant vendredi lors d'un nouveau déplacement en Israël, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a appelé à la mise en place de "pauses humanitaires" permettant l'acheminement de l'aide internationale.  Le secrétaire d'Etat a ensuite affirmé à Tel-Aviv que la solution à deux Etats représentait "la meilleure voie, peut-être même la seule". "C'est le seul moyen d'assurer une sécurité durable" à Israël et "la seule façon de garantir que les Palestiniens réalisent leurs aspirations légitimes à un Etat qui leur soit propre", a-t-il dit.

Il y a 30 ans, les accords d'Oslo avaient déjà tenté de mettre en place une telle solution, en vain. L'Autorité palestinienne ne jouit que d'une autonomie limitée dans certaines parties de Cisjordanie, territoire occupé par Israël, et se trouve affaiblie depuis la prise de pouvoir du Hamas à Gaza en 2007. En Israël, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu est un farouche opposant à l'idée d'un Etat palestinien et se trouve à la tête du gouvernement le plus à droite de l'histoire du pays.

"Avenir différent"

Mais pour Brian Katulis, chercheur à l'Institut du Moyen-Orient à Washington, l'appel à une solution à deux Etats lancé par Washington représente un signal que "nous ne nous enfonçons pas dans un tunnel ténébreux sans lumière au bout". "Aussi irréaliste que cela puisse sembler à court terme, il est important de continuer à le dire, si ce n'est que pour envoyer le message aux acteurs de la région (...) de notre réengagement à un certain horizon", comportant "au moins une idée d'un avenir différent", estime-t-il.

En Israël, au moins 1.400 personnes ont été tuées selon les autorités depuis le début de la guerre, en majorité des civils le jour même de l'attaque sans précédent du Hamas. Dans la bande de Gaza, les bombardements israéliens incessants, opérés en représailles, ont fait plus de 9.227 morts, dont 3.826 enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas.

"Appeler à une solution à deux Etats ne signifie pas que c'est l'objectif établi et qu'il y aura un Etat palestinien après cela", a affirmé un diplomate basé à Washington, travaillant pour un allié des Etats-Unis. "C'est plus que les Américains veulent forcer le début d'une conversation sur ce qui vient après", a-t-il ajouté, sous couvert de l'anonymat.

Bien avant les attaques du 7 octobre, le soutien à la mise en place effective d'un Etat palestinien semblait s'évaporer petit à petit.

"Diplomatie zombie"

Un sondage mené plus tôt cette année par le Pew Research Center avançait que 35% des Israéliens estimaient que leur pays pouvait coexister pacifiquement avec un Etat palestinien indépendant, soit une chute de 15 points par rapport à il y a dix ans. Une chute similaire a été observée du côté palestinien. Quelques semaines avant les attaques du Hamas, Benjamin Netanyahu avait affirmé à la tribune de l'ONU que l'idée d'une solution à deux Etats appartenait au passé, tandis que le futur était celui de la normalisation des relations d'Israël avec les Etats arabes. Une perspective qui s'est également assombrie depuis le 7 octobre.

Dans une tribune publiée après ces attaques, Anthony Cordesman, chercheur au Center for Strategic and International Studies, note que chaque tentative précédente d'aller vers une solution à deux Etats a en réalité mené à de nouveaux épisodes de violences ou de tensions. Le conflit actuel montre qu'une "solution à deux Etats n'est peut-être pas totalement enterrée mais tellement proche d'être défunte que chaque tentative de la ressusciter ne s'apparente à rien d'autre que de la diplomatie zombie", écrit-il.

Pourtant, Brian Katulis, qui a travaillé dans les Territoires palestiniens après les accords d'Oslo, estime qu'il n'existe pas réellement d'alternative, mettant en doute la possibilité qu'Israéliens et Palestiniens puissent coexister dans un même Etat. "Aussi irréaliste que puisse sembler l'idée d'une solution à deux Etats pour certains, c'est sûrement l'option la plus réaliste", affirme-t-il.


Alors que la guerre entre Israël et le Hamas fait rage, les Etats-Unis ont renouvelé leur appel à poursuivre les efforts vers la mise en place effective d'un Etat palestinien mais rares sont ceux qui s'attendent au succès d'une telle initiative après des décennies d'échec.

L'administration du président Joe Biden a fait face à une pluie de...