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Dernières Infos - Diplomatie

Deuxième jour au Kenya pour Charles III, après sa condamnation des abus coloniaux


Le roi Charles III de Grande-Bretagne (à gauche) et le haut-commissaire britannique au Kenya Neil Wigan (à droite) montent sur scène lors d'une réception à la résidence du haut-commissaire britannique à Nairobi, le 1er novembre 2023.Photo TONY KARUMB/AFP

Le roi Charles III a rendu hommage mercredi à des anciens combattants kényans, au deuxième jour de sa visite dans ce pays d'Afrique de l'Est, où il a condamné la veille les « inexcusables » abus coloniaux britanniques, sans toutefois demander pardon. Cette absence de demande de pardon a été notamment déplorée par la Commission kényane des droits de l'homme (KHRC), une ONG qui avait demandé au roi des « excuses publiques inconditionnelles et sans équivoque » et des réparations.

« Il n'a en aucun cas reconnu les graves préoccupations que nous avons soulevées », a déclaré à l'AFP Martin Mavenjina, en charge des questions de justice à la KHRC, estimant que le discours donné mardi soir par le roi n'avait « rien d'exceptionnel ». Charles III a reconnu que « des actes de violence odieux et injustifiables ont été commis à l'encontre de Kényans alors qu'ils menaient (...) une lutte douloureuse pour l'indépendance et la souveraineté ». « Et cela, c'est inexcusable », a affirmé le souverain, âgé de 74 ans.

Il n'a toutefois pas demandé pardon pour les violences coloniales, comme l'a fait mercredi le président allemand Frank-Walter Steinmeier lors d'une visite en Tanzanie voisine. La période de la colonisation britannique du Kenya, entre 1895 et 1963, a notamment été marquée par la brutale répression de la révolte des Mau Mau, l'une des plus sanglantes menées par l'empire britannique qui a fait officiellement plus de 10.000 morts entre 1952 et 1960.

Dans un communiqué, l'ambassade britannique à Nairobi a indiqué que le roi s'était entretenu en privé mercredi avec des descendants de deux emblématiques leaders du combat pour l'indépendance, Dedan Kimathi et Mekatalili wa Menza, ainsi qu'avec le président de la principale association d'anciens combattants Mau Mau et des membres des clans Talai et Kipsigi, expulsés dans les années 1930 de leurs terres aujourd'hui propriété de multinationales productrices de thé dans l'ouest du Kenya. Cette rencontre a été « l'occasion pour le roi d'entendre directement les violences commises contre les Kényans dans leur lutte pour l'indépendance », affirme l'ambassade.

Médailles

Le roi s'est également rendu, avec la reine Camilla, dans un cimetière militaire de la capitale pour rendre hommage aux Africains morts pour la Grande-Bretagne lors des deux guerres mondiales. Il a déposé une couronne de fleurs avant de décorer des anciens combattants kényans, certains en fauteuil roulant. « J'espère que nous pourrons faire quelque chose de spécial pour vous », a déclaré Charles à l'un d'entre eux.

L'un des vétérans, Samweli Mburia, a raconté à l'AFP avoir reçu une médaille sous le régime colonial, mais qu'il s'en était débarrassé par crainte de « représailles » des combattants indépendantistes. « Beaucoup de gens n'étaient pas contents que nous (...) ayions combattu pendant la guerre », a expliqué le vieil homme, qui a combattu en Egypte, en Ethiopie et en Birmanie.

Mardi, le président kényan William Ruto a salué « le courage et la volonté » de Charles « de faire la lumière sur des vérités inconfortables » qui constituent un premier pas vers « des progrès allant au-delà des demi-mesures timides et équivoques de ces dernières années ». Jusqu'à présent, Londres avait simplement exprimé en 2013 des « regrets sincères » pour les violences coloniales au Kenya.

Cette année-là, après des années de procédure, Londres avait accepté de dédommager plus de 5.000 Kényans victimes d'abus pendant l'insurrection Mau Mau. Après déduction des frais de justice, chacun avait reçu environ 2.600 livres (3.000 euros).

Eléphants

Engagé de longue date pour l'environnement, Charles III s'est rendu mercredi dans la forêt de Karura. Cet écrin de verdure d'un millier d'hectares dans la capitale kényane avait été farouchement défendu face à l'expansion immobilière par sa défunte amie et Prix Nobel de la paix 2004 Wangari Maathai, fondatrice du Mouvement de la Ceinture Verte qui a oeuvré à protéger la biodiversité au Kenya.

Il y a rencontré sa fille Wanjira Mathai, ainsi que la légende kényane du marathon Eliud Kipchoge. Le couple royal a également visité un orphelinat pour éléphants, où Camilla a nourri des bébés pachydermes, puis un site où est détruit l'ivoire saisi aux braconniers. Le roi et la reine se rendent jeudi dans la ville portuaire de Mombasa (sud), où Charles visitera notamment une réserve naturelle et rencontrera des représentants religieux.

Le roi Charles III a rendu hommage mercredi à des anciens combattants kényans, au deuxième jour de sa visite dans ce pays d'Afrique de l'Est, où il a condamné la veille les « inexcusables » abus coloniaux britanniques, sans toutefois demander pardon. Cette absence de demande de pardon a été notamment déplorée par la Commission kényane des droits de l'homme (KHRC),...