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Moyen-Orient - Conflit Hamas-Israël

Gaza : l'Iran accentue ses menaces mais garde ses options ouvertes

Selon une experte, l'un des objectifs stratégiques de Téhéran est de « garder le conflit éloigné de ses frontières ».

Le président iranien Ebrahim Raïssi à Téhéran, le 28/ octobre 2023. Photo Handout / Iranian Presidency / AFP

L'Iran lance chaque jour des salves d'avertissements et de menaces à Israël et aux Etats-Unis, mais se garde jusqu'à présent de dévoiler son jeu dans l'éventualité d'un embrasement régional du conflit entre Israël et le Hamas palestinien.

Sur le plan de la rhétorique, Téhéran est monté au front dès le premier jour de la guerre en prenant fait et cause pour le Hamas, mouvement islamiste palestinien qu'il soutient depuis des années contre Israël, l'ennemi juré de la République islamique. Après avoir salué « le succès » de l'attaque sanglante sans précédent du Hamas lancée le 7 octobre contre Israël, ses hauts responsables évoquent la guerre --que l'attaque a déclenchée-- dans chacune de leurs interventions publiques. Mais, au-delà des mots, la stratégie de l'Iran se décide dans l'ombre, laissant ses adversaires déclarés --Israël et Etats-Unis-- et la communauté internationale tenter de deviner ses réelles intentions.

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A Téhéran comme à l'étranger, les experts estiment que le pouvoir garde ses options ouvertes pour s'adapter à l'évolution de la guerre, qui a encore gagné en intensité samedi à Gaza avec de violents bombardements et des affrontements au sol entre combattants du Hamas et soldats israéliens.

A ce stade, « l'Iran n'est pas intéressé par une implication directe dans la guerre », estime Hadi Mohammadi, chercheur en politique internationale à Téhéran. « Les Iraniens ont fait savoir dès le début qu'ils ne cherchaient pas une implication directe ou la confrontation », renchérit l'Iranienne Sara Bazoobandi, de l'institut Giga pour les études sur le Moyen-Orient, basé en Allemagne. « L'Iran continue à envoyer des avertissements sur une possible réaction du Hezbollah et d'autres groupes de ce qu'il appelle +le front de la résistance+ », ajoute-t-elle. Tout en étant « attentifs » à la façon de les formuler car les risques pourraient « être élevés ».

Le président Ebrahim Raïssi a ainsi accusé dimanche Israël d'avoir franchi « les lignes rouges » en intensifiant son offensive à Gaza, ce qui « pourrait » décider d'autres parties « à passer à l'action ». « L'Iran considère qu'il est de son devoir de soutenir » « l'axe de la résistance », qui comprend des groupes armés comme le Hamas ou le Hezbollah, a-t-il ajouté dans un entretien à Al-Jazeera. Tout en affirmant que ces groupes étaient « indépendants dans leurs opinions, leurs décisions et leurs actes ».

« Eloigné de l'Iran » 

Ces affirmations publiques visent à contrer les accusations lancées par Washington, qui impute à l'Iran les attaques ayant visé ces derniers jours les troupes américaines en Syrie et en Irak et blessé une vingtaine de soldats américains. La Maison Blanche a affirmé que l'Iran « facilite activement » ces attaques tandis que, selon le Pentagone, les organisations « menant ces attaques sont soutenues par les Gardiens de la Révolution », l'armée idéologique du pouvoir iranien. Le président Joe Biden a adressé « un message direct » au dirigeant suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, pour le mettre en garde contre toute nouvelle attaque de ces groupes.

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Selon l'experte Sara Bazoobandi, l'un des objectifs stratégiques de Téhéran est de « garder le conflit éloigné de ses frontières ». Mais, « pour défendre sa position dans la région, il devra soutenir les groupes qui lui sont affiliés durant cette crise ». « Le coût pourrait être élevé », juge-t-elle, alors que les Etats-Unis ont renforcé leur présence militaire au Moyen-Orient.

L'Iran ne s'engagera directement que « si Israël attaque le territoire iranien ou si ses intérêts stratégiques sont menacés dans d'autres pays », avance Hadi Mohammadi. Le commentateur politique Abbas Aslani souligne aussi qu'il est impossible, à cette heure, de « prévoir ce qui va se passer ». Mais « l'Iran devra réagir d'une façon ou d'une autre si le conflit se régionalise ou si d'autres parties visent ses intérêts ». « Tout acte inconsidéré contre l'Iran provoquera une forte réaction », a averti le ministre de la Défense Mohammad Reza Ashtiani avant la tenue de manoeuvres militaires ces derniers jours dans le pays.

En attendant, des experts soulignent que Téhéran a déjà atteint plusieurs objectifs, dont celui de faire capoter le processus de normalisation des relations entre l'Arabie saoudite et Israël sous l'égide des Etats-Unis. D'autres capitales arabes ont également pris leurs distances avec Israël. Pour Mme Bazoobandi, l'Iran considère en outre que l'attaque surprise du 7 octobre en Israël a « humilié les services de sécurité israéliens », qui n'ont pas pu la prévenir. « J'imagine que, pour Téhéran, cette humiliation publique peut suffire, sans qu'une escalade soit nécessaire ».

L'Iran lance chaque jour des salves d'avertissements et de menaces à Israël et aux Etats-Unis, mais se garde jusqu'à présent de dévoiler son jeu dans l'éventualité d'un embrasement régional du conflit entre Israël et le Hamas palestinien.Sur le plan de la rhétorique, Téhéran est monté au front dès le premier jour de la guerre en prenant fait et cause pour le...
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