Des centaines d'arrestations avant une manifestation de l'opposition

Des centaines de militants de l'opposition au Bangladesh ont été arrêtés avant une manifestation prévue samedi à Dacca, dont les organisateurs espèrent plus d'un million de participants, ont annoncé vendredi la police et des responsables du Parti nationaliste du Bangladesh (BNP, opposition). Le BNP et ses alliés de gauche, ainsi que des organisations islamistes, ont organisé depuis l'an dernier une série de manifestations pour réclamer la démission de la Première ministre Sheikh Hasina afin de laisser place à un gouvernement neutre pour superviser les élections prévues fin janvier.

Sheikh Hasina, fille du premier président du pays, est au pouvoir depuis quinze ans et a vu son pays connaître une croissance économique rapide qui lui a permis de dépasser l'Inde voisine en termes de Produit intérieur brut (PIB) par habitant, mais son gouvernement est accusé de corruption et de violations des droits de l'homme. Le BNP a appelé à une "grande manifestation" pour samedi. Selon son porte-parole Zahir Uddin Swapan, le parti attend "plus d'un million de personnes".

"Cette manifestation sera un raz-de-marée populaire", a-t-il déclaré à l'AFP. Depuis quatre jours, la police a arrêté au moins 1.500 personnes, dont plusieurs hauts responsables du BNP, pour tenter de perturber les préparatifs de l'évènement, a-t-il assuré. "Ils ont fait du porte à porte pour perquisitionner et arrêter des gens qui tenaient des réunions à l'intérieur".

Un porte-parole de la police métropolitaine de Dacca, Faruk Hossain, a confirmé que des arrestations avaient eu lieu mais démenti le nombre cité par le BNP, indiquant qu'environ 400 militants et partisans du BNP avaient été arrêtés durant la semaine écoulée. "Nous n'arrêtons que ceux qui font l'objet d'accusations ou de mandats d'arrêt", a-t-il déclaré à l'AFP. La police a installé des postes de contrôle à des points d'entrée de la capitale, a dit à l'AFP le chef de la police du district de Dacca, Mohammad Asaduzzaman. L'opposition dénonce une tactique pour empêcher ses militants d'entrer dans la ville.

Le principal parti islamiste du pays, Jamaat-e-Islami, a également appelé à une manifestation samedi. Mais le porte-parole de la police métropolitaine de Dacca Faruk Hossain a précisé que les autorités avaient interdit à ce parti toute manifestation. "Nous allons faire fi de l'interdiction et organiser des manifestations pacifiques, manifester est notre droit constitutionnel", a déclaré le porte-parole du parti islamiste, Hamidur Rahman Azad, ajoutant que la police avait arrêté plus de 140 militants de la Jamaat ces trois derniers jours.

Plusieurs gouvernements occidentaux ont exprimé leur inquiétude quant au climat politique dans lequel le parti au pouvoir, la Ligue Awami de Sheikh Hasina, domine le pays, le huitième le plus peuplé au monde. 

La Ligue Awami est accusée de violations des droits de l'homme, de corruption et d'autoritarisme rampant. En décembre 2021, les États-Unis ont imposé des sanctions contre un groupe antiterroriste et anticriminalité d'élite, le Bataillon d'action rapide (RAB), et sept hauts responsables de la sécurité, dont le chef de la police nationale, en raison de violations flagrantes des droits humains. 

Agée et malade, la dirigeante du BNP, Khaleda Zia, ancienne Première ministre à deux reprises, est en résidence surveillée après une condamnation pour corruption en 2008. Selon le BNP, elle s'est vue refuser début octobre l'autorisation de partir à l'étranger pour recevoir des soins médicaux.