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Dernières Infos - Moyen-Orient

Que sait-on de l'attaque contre l'académie militaire de Homs en Syrie?

Des soldats syriens portent le cercueil d'une des victimes de l'attaque de drones contre l'académie militaire de Homs, devant l'hôpital gouvernemental de la ville, le 6 octobre 2023. Photo LOUAI BESHARA/AFP

L'attaque sanglante contre l'académie militaire de Homs en Syrie, imputée par les autorités à des "groupes terroristes", suscite des interrogations, notamment sur ceux qui sont capables de lancer des drones sur une province contrôlée par le régime syrien.

L'attentat contre une cérémonie de promotion d'officiers dans le centre du pays, qui n'a pas été revendiqué, a fait 89 morts selon les autorités syriennes, plus de 120 selon une ONG.

Que s'est-il passé?
Dès la fin de la cérémonie, alors que les familles des officiers les félicitaient dans la cour de l'académie, les participants ont été la cible de tirs dont l'origine s'est avérée être des drones.

"Les gens riaient et prenaient des photos. Brusquement, une explosion a retenti. Nous n'avons pas su ce qui s'était passé", a déclaré à l'AFP Sleimane Assaf, 69 ans, venu assister à la promotion de son neveu.

"Les gens ont commencé à courir comme des fous, les corps étaient étendus par terre. Puis j'ai perdu connaissance, et je me suis réveillé à l'hôpital, où j'étais entouré de gens qui pleuraient", ajoute l'homme qui a perdu son neveu et assistait à ses obsèques vendredi.

Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux ont montré des victimes tombant à terre et des blessés appelant à l'aide lors de l'attaque, au milieu de scènes de panique, alors que des coups de feu étaient entendus.

Le ministre de la Défense, Ali Mahmoud Abbas, assistait à la cérémonie mais est parti avant l'attaque des drones, selon un témoin et l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Qui a mené l'attaque? 
L'attaque n'a pas été revendiquée, mais les autorités syriennes ont accusé "des organisations terroristes armées soutenues par des parties internationales connues", sans autre précision.

Elles ont riposté en bombardant violemment le dernier bastion rebelle du pays dans le nord-ouest, faisant 16 tués civils, selon l'OSDH.

Les forces russes, alliées du régime, ont elles aussi mené des raids aériens vendredi sur cette région en partie contrôlée par le groupe jihadiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS).

Les groupes jihadistes qui contrôlent le nord-ouest ont eu recours aux drones contre les forces syriennes et leur allié russe par le passé, mais n'ont jamais mené une offensive de cette ampleur.

Pour l'analyste Aron Lund, du centre de réflexion Century International, il n'y a pas encore "assez de détails pour supposer" qui peut avoir lancé l'attaque.

"Nous avons vu beaucoup d'attaques de drones venant d'Idleb par le passé, dont certains ont visé des avions russes sur la base de Hmeimim, mais les détails sur qui exploitait ces drones étaient toujours vagues", souligne-t-il.

"Est-ce HTS, la Turquie, une combinaison des deux?", se demande l'analyste, selon lequel HTS pourrait être "un coupable plausible".

Interrogé sur la possibilité que le groupe jihadiste Etat islamique ait pu lancer l'attaque, il se dit "certain qu'ils auraient aimé le faire s'ils le pouvaient".

"Mais je ne me souviens pas d'avoir vu quelque chose de similaire de leur part dans le passé", ajoute M. Lund.

Des combattants de l'EI se cachent dans le vaste désert, situé dans le prolongement de la province de Homs, depuis la défaite territoriale du groupe.

L'opposition syrienne a pour sa part montré du doigt le régime, mais M. Lund écarte cette possibilité.

Pour sa part, le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, évoque la possibilité que "les drones aient été assemblés à Homs et lancés depuis un lieu proche" de l'académie.

Cela expliquerait pourquoi ils ont "échappé aux radars et à la DCA", ajoute-t-il, sans pouvoir préciser quelle partie aurait pu le faire.

Pourquoi cette cible?
Homs fut un bastion des rebelles après le début du soulèvement contre le régime en 2011, dont la répression a dégénéré en guerre sanglante qui a fait un demi-million de morts.

La ville a été reprise par les forces du régime en 2017 et la province éponyme est éloignée des lignes de front.

L'académie est un symbole du régime syrien "dont les militaires forment la colonne vertébrale", souligne Aron Lund.

Le président Bachar al-Assad, son père Hafez auquel il a succédé, son frère Maher et tous les généraux qui dirigent le pays sont diplômés de l'académie militaire de Homs, ajoute-t-il.

"Certains des tués appartenaient sans doute à des familles de militaires de deuxième ou troisième génération -- fils d'officiers supérieurs, neveux, etc", poursuit l'analyste.

L'attaque "touche par conséquent de près l'élite au pouvoir en Syrie, et je pense que les violentes réactions officielles doivent être interprétées dans ce contexte", estime-t-il.

L'attaque sanglante contre l'académie militaire de Homs en Syrie, imputée par les autorités à des "groupes terroristes", suscite des interrogations, notamment sur ceux qui sont capables de lancer des drones sur une province contrôlée par le régime syrien.L'attentat contre une cérémonie de promotion d'officiers dans le centre du pays, qui n'a pas été revendiqué, a fait 89 morts selon...