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Slovaquie : le parti populiste opposé à l'aide à l'Ukraine remporte les législatives

Slovaquie : le parti populiste opposé à l'aide à l'Ukraine remporte les législatives

Le patron de Smer-SD, Robert Fico (au centre) au moment de sa conférence de presse ce dimanche. Vladimir SIMICEK/AFP

Le parti populiste slovaque Smer-SD opposé à l'aide à l'Ukraine, a remporté le scrutin législatif en slovaquie, selon le décompte de la quasi-totalité des voix. Smer-SD, dirigé par l'ancien premier ministre Robert Fico, a obtenu 23,3% des voix, devançant le parti centriste la slovaquie progressiste (17%), après le dépouillement de la quasi-totalité des votes.

Les résultats définitifs étaient attendus dans le courant de la journée de dimanche. Mais au milieu de l'après-midi déjà, la présidente slovaque Zuzana Caputova a déclaré qu'elle demanderait officiellement à Robert Fico de former un nouveau gouvernement lundi. « Dans l'esprit de notre tradition constitutionnelle, je confierai demain la formation du gouvernement au vainqueur des élections », a encore ajouté Mme Caputova dans un communiqué.

Pendant la campagne, M. Fico, 59 ans, a juré que la slovaquie n'enverrait pas « une seule munition » à l'Ukraine et appelé à de meilleures relations avec la Russie. Les analystes prédisent qu'un gouvernement Fico pourrait radicalement changer la politique étrangère de la slovaquie pour la rapprocher de celle du Premier ministre hongrois Viktor Orban.

« La slovaquie sera désormais plus proche de l'approche hongroise que de celle de la majorité de l'Europe », a déclaré à l'AFP l'analyste slovaque Tomas Koziak, de l'université des sciences politiques de la ville tchèque de Kutna Hora.« Robert Fico est un nouvel allié pour M. Orban », a ajouté M. Koziak.

Le Smer devrait obtenir 42 sièges sur les 150 que compte le parlement et aura donc besoin de partenaires de coalition pour obtenir la majorité. Le parti de gauche Hlas-SD, qui a vu le jour en 2020 lorsqu'un groupe de députés du Smer a quitté le parti de M. Fico, est l'un des partenaires potentiels, avec 27 sièges attendus.

Hlas est dirigé par Peter Pellegrini, qui est devenu Premier ministre en 2018 après que M. Fico soit contraint de démissionner à la suite des manifestations nationales qui ont suivi le meurtre du journaliste d'investigation Jan Kuciak et de sa fiancée. M. Kuciak avait révélé des liens entre la mafia italienne et le gouvernement de Fico dans son dernier article publié à titre posthume.

Deux Premiers ministres

M. Pellegrini a déclaré à la presse que ce n'était pas une bonne idée d'avoir deux anciens Premier ministres dans un même gouvernement, mais n'a pas exclu une éventuelle coalition. Les deux partis pourraient faire équipe avec le parti nationaliste slovaque (SNS), qui devrait remporter 10 sièges, pour obtenir une majorité parlementaire de 79 sièges.

M. Fico a déjà formé à deux reprises un gouvernement avec le SNS, qui est également opposé à l'aide militaire à l'Ukraine. La slovaquie a été l'un des principaux donateurs européens à l'Ukraine, en proportion de son PIB. Le ministre slovaque de la Défense, Martin Sklenar, s'est rendu à Kiev juste avant le scrutin et, le jour de l'élection, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a remercié la slovaquie de « se tenir aux côtés de l'Ukraine ».

« Nous devons écouter attentivement ce que M. Fico dit très ouvertement », a déclaré à l'AFP l'analyste indépendant Grigorij Meseznikov. « Il diffuse des récits pro-russes et (...) c'est une chose sérieuse. Il ne sera pas facile de mettre sa menace à exécution, mais il essaiera, et nous serons alors plus proches de la Hongrie », a-t-il ajouté.

La Hongrie est considérée comme un fauteur de troubles au sein de l'UE, fréquemment critiquée sur les questions d'Etat de droit et qui entrave les efforts de l'UE et de l'OTAN pour aider l'Ukraine. Le prochain parlement slovaque comprendra également le parti centriste OLaNO de l'ancien premier ministre Igor Matovic, en poste en 2020-2021, qui a été impliqué dans une bagarre avec un membre du Smer lors d'une campagne houleuse.

OLaNO est à la tête d'une coalition de trois partis qui devrait remporter 16 sièges. Les démocrates chrétiens centristes et le parti de droite SaS ont également recueilli suffisamment de voix pour obtenir des sièges au parlement.

Théories conspirationnistes 

Pour Eliska Spisakova, qui a voté à Bratislava, Smer était « le choix naturel des travailleurs pauvres, des gens comme moi ». « J'ai une haute opinion de (Fico), il se concentre principalement sur les besoins des Slovaques », a-t-elle déclaré à l'AFP.

La campagne électorale a été marquée par des taux particulièrement élevés de désinformation en ligne, visant souvent le président de la slovaquie progressiste, Michal Simecka, un vice-président du Parlement européen. Une étude réalisée l'année dernière par le groupe de réflexion Globsec a montré qu'une majorité de Slovaques croyaient aux théories conspirationnistes populaires.

La slovaquie est devenue indépendante en 1993, à la suite d'une séparation pacifique avec la République tchèque, après que la Tchécoslovaquie se soit débarrassée en 1989 d'un régime communiste de quatre décennies. La présidente slovaque Zuzana Caputova a déclaré à l'AFP cette semaine qu'elle confierait la formation du prochain gouvernement au chef du parti vainqueur, indépendamment de sa « préférence personnelle » en tant qu'ancienne membre de la slovaquie progressiste.

Interrogé sur le résultat des élections, Tomas Hrivnak, un étudiant de 23 ans, a déclaré avoir voté pour la slovaquie progressiste. « Vous pouvez deviner à quel point je suis déçu », a-t-il à l'AFP dimanche matin. « Ce n'est pas la fin du monde, mais je pensais que la slovaquie méritait un meilleur gouvernement. Je me suis trompé », a-t-l ajouté.

Le parti populiste slovaque Smer-SD opposé à l'aide à l'Ukraine, a remporté le scrutin législatif en slovaquie, selon le décompte de la quasi-totalité des voix. Smer-SD, dirigé par l'ancien premier ministre Robert Fico, a obtenu 23,3% des voix, devançant le parti centriste la slovaquie progressiste (17%), après le dépouillement de la quasi-totalité des votes.Les résultats définitifs...