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Journaliste placée en garde à vue en France : « on a franchi un nouveau cap »

Journaliste placée en garde à vue en France : « on a franchi un nouveau cap »

La journaliste de Disclose, Ariane Lavrilleux, lors de sa conférenced de presse jeudi à Paris. Thomas SAMSON/AFP

La journaliste de Disclose autrice d'une enquête sur un programme de renseignement français en Egypte, qui a passé 40 heures en garde à vue, s'est indignée jeudi qu'un « nouveau cap » ait été franchi contre la liberté d'informer, dénonçant un « détournement des services de la justice ». « Si on ne protège pas les sources, c'est la fin du journalisme », a insisté Ariane Lavrilleux lors d'une conférence de presse organisée dans les locaux de reporters Sans Frontières (RSF) à Paris.

La journaliste d'investigation a raconté comment, mardi à 6h (7h à Beyrouth), « neuf agents des renseignements et des magistrats d'ordinaire en charge de la lutte antiterroriste ont débarqué » chez elle à Marseille, avec des valises de « logiciels de cybersurveillance » « pour aspirer les données » de ses téléphones, ordinateurs, clé USB. « Une juge d'instruction était présente sur place », et Mme Lavrilleux a appris à cette occasion qu'elle « était placée sous surveillance depuis un certain temps », se sentant alors traitée comme une « délinquante ».

Secret défense

« D'ordinaire, ils sont là pour traquer des attentats. Pendant des mois, ces cerveaux brillants ont été mobilisés pour traquer une journaliste, ses sources (...) C'est une violation extrême de la liberté d'informer et de la protection de sources journalistiques », a-t-elle répété. Lors de ses auditions au commissariat, elle a invoqué son « droit au silence », quand les agents lui demandaient « depuis quand » elle travaillait pour Disclose, essayant « de savoir comment on a pu avoir des infos +confidentiel défense+ »

Pour elle, cette « arrestation après des attaques qui se multiplient ces dernières années, essentiellement sous la présidence d'Emmanuel Macron », contre la liberté de la presse, montre qu' »on a franchi un nouveau cap ». « On ne peut pas faire n'importe quoi au nom de la défense nationale. Justement parce qu'on n'est pas en Egypte », a-t-elle jugé. Selon elle, son arrestation a « montré qu'on dérange et qu'on est nécessaire pour que l'omerta des ventes d'armes aux dictatures cesse ».

Disclose avait affirmé dans un article publié en novembre 2021 que la mission de renseignement française « Sirli », débutée en février 2016 au profit de l'Egypte au nom de la lutte antiterroriste, avait été détournée par l'Etat égyptien qui se servait des informations collectées pour effectuer des frappes aériennes sur des véhicules de contrebandiers présumés, à la frontière égypto-libyenne.

A la suite de cette publication, le ministère français des Armées avait porté plainte pour « violation du secret de la Défense nationale ». Une enquête préliminaire avait été ouverte en novembre 2021 avant qu'une juge d'instruction ne soit désignée à l'été 2022. Un ex-militaire a été également été placé en garde à vue mardi et devait être présenté à un magistrat jeudi en vue d'une possible mise en examen.

La journaliste de Disclose autrice d'une enquête sur un programme de renseignement français en Egypte, qui a passé 40 heures en garde à vue, s'est indignée jeudi qu'un « nouveau cap » ait été franchi contre la liberté d'informer, dénonçant un « détournement des services de la justice ». « Si on ne protège pas les sources, c'est la fin du journalisme », a insisté Ariane...