L'inflation est repartie à la hausse en août en raison d'une énergie plus chère, mais ce sursaut ne devrait pas compromettre l'apaisement attendu sur le front des prix au cours des prochains mois.
L'indice des prix à la consommation a progressé de 4,8% sur un an en août, un net rebond par rapport à juillet (4,3%), selon une première estimation dévoilée jeudi par l'Institut national de la statistique (Insee). Cette accélération de l'inflation, la première depuis le mois d'avril, s'explique par le renchérissement des produits pétroliers et la hausse de 10% du tarif réglementé de l'électricité au 1er août.
La hausse des prix a en revanche ralenti dans les services (malgré une hausse des salaires), les produits manufacturés ainsi que dans l'alimentation - même si cette dernière a continué d'enregistrer une envolée à deux chiffres: 11,1% sur un an en août, contre 12,7% en juillet. « La tendance déflationniste est donc bien présente et se retrouve dans l'ensemble des secteurs de l'économie, hors énergie », dont les prix sont « par nature erratiques », a commenté Sylvain Bersinger, chef économiste du cabinet Asterès. « Cette hausse de l'inflation sur un mois devrait être momentanée, elle devrait continuer à refluer à l'automne et à l'hiver », a-t-il détaillé dans une note, citant notamment « la baisse globale du prix du gaz (malgré un léger rebond à l'été) ou la chute de l'inflation sur les prix de production ».
Pour Charlotte de Montpellier, économiste chez ING interrogée par l'AFP, même si les prix de l'énergie continuaient à évoluer dans la mauvaise direction, « un pic d'inflation comme celui qu'on a connu l'an passé est peu probable ».
Rebond de croissance
Même si une accalmie progressive des prix reste attendue sur les prochains mois, l'inflation continue de peser sur la consommation des ménages, moteur traditionnel de la croissance française qui tourne désormais au ralenti. Celle-ci s'est contractée de 0,5% au deuxième trimestre, sous l'effet d'un repli marqué dans l'alimentaire (-2,8%).
Cette situation a poussé le gouvernement à faire une nouvelle fois pression cette semaine sur les distributeurs et les industriels de l'agroalimentaire pour qu'ils renégocient afin de faire baisser les étiquettes en rayons. C'est surtout le commerce extérieur qui a tiré la progression de 0,5% du produit intérieur brut (PIB) de la France au deuxième trimestre, selon une première estimation confirmée jeudi par l'Insee.
Ce rebond de l'activité économique française entre avril et juin fait suite à une atonie (0% d'évolution) du PIB au premier trimestre, dont la croissance a été révisée en baisse de 0,1 point. Les investissements des entreprises ont diminué légèrement (-0,1%) au deuxième trimestre, tirés vers le bas par le secteur de la construction, dans un contexte de hausse des taux d'intérêts décidée à marche forcée par la Banque centrale européenne (BCE) afin de lutter contre l'inflation.
Dans le même temps, le pouvoir d'achat des ménages ayant un peu augmenté sur la période, sous l'effet d'une baisse des prélèvements fiscaux et d'une progression des prestations sociales, le taux d'épargne a progressé à 18,8%, contre 18,2% au trimestre précédent - un mauvais signe pour la consommation.
Sur le seul mois de juillet, la consommation des ménages en biens de consommation a progressé de 0,3% sur un mois, bénéficiant de l'augmentation des achats de biens fabriqués (+1,6%), notablement les appareils électroménagers, les ordinateurs ou les meubles. Mais la consommation alimentaire est restée en berne (-0,9%).
« En juillet, on a généralement un rebond de la consommation des biens fabriqués en raison des soldes (...), ce qui incite à une reprise de la consommation dans ce domaine », a commenté Charlotte de Montpellier, d'ING. « Mais le fait que la consommation alimentaire se replie à nouveau montre clairement qu'on ne se trouve pas dans une situation où la consommation pourra redevenir, d'ici les prochains mois, un moteur pour la croissance économique en France », a-t-elle jugé.
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