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Culture - Festival du film d’Angoulême

Yolande Moreau : Le mensonge est une façon de rêver

Filmer la joie comme « acte de résistance » : pour son troisième long-métrage, l’ex-figure des Deschiens, Yolande Moreau, invite les spectateurs à « sortir des chemins qu’on nous impose » et à ne pas se priver de « rêver sa vie ».

Yolande Moreau : Le mensonge est une façon de rêver

La réalistarice et comédienne Yolande Moreau entourée des acteurs Thomas Guy, Esteban, Sergi Lopez, au cours du 16e festival d’Angoulême. Yohan Bonnet/AFP

Présenté vendredi soir au Festival du film francophone d’Angoulême, qui s’est terminé dimanche, La fiancée du poète (en salle en France le 11 octobre) est un film « politique », assure l’actrice de 70 ans à la journaliste Alexandra Del Peral.

Politique, oui, mais à la sauce Moreau : drôle, un peu loufoque et mélancolique... La somme des ingrédients qui ont fait de cette comédienne – elle a tourné dans près d’une centaine de films ainsi qu’au théâtre – une personnalité incontournable.

Plusieurs jours avant la projection officielle, les séances ont été prises d’assaut par le public à Angoulême. À l’une d’entre elles, le film a été applaudi de longues minutes.


Morosité ambiante

« J’ai voulu faire ce film pour sortir de la morosité ambiante. Morosité pour les jeunes car il y a de moins en moins la possibilité de rêver sa vie, et c’est un combat qu’on devrait tous mener, explique-t-elle. Le problème des films sociaux... J’adore Ken Loach par exemple, mais je n’aime pas quand on impose des idées », poursuit-elle, avant de préciser que son film est « avant tout un film joyeux ».

Dans La fiancée du poète – où elle tient le premier rôle bien que « ça n’était pas prévu au départ » –, elle incarne Mireille, une serveuse qui, pour améliorer son quotidien, cumule les petits larcins en tout genre. Sa vie va changer lorsqu’elle hérite d’une vieille maison qu’elle va partager avec trois hommes. Mais voilà, tout le monde se ment. Personne n’est ce qu’il prétend être.

« Je fais l’apologie de la triche, du mensonge, dit-elle dans un éclat de rire. Le mensonge, même s’il est amoral, est une façon de rêver. » Surtout, le film est un appel à « sortir des chemins qu’on nous impose », un appel à la « résistance », à « lutter pour l’amour et à vivre même si cela veut dire se prendre un mur ».


« On s’est éclaté »

Comme lorsque Mireille décide de renouer avec son « poète » (et grand amour) campé par l’Espagnol Sergi Lopez. Le public retrouvera aussi les ex-Deschiens Philippe Duquesne et François Morel : « Avec mes copains, on s’est éclaté », résume-t-elle, confiant s’être aussi fait « plaisir » avec son rôle.

Malgré une reconnaissance du milieu, couronnée par trois Césars (deux de la meilleure actrice et un du meilleur premier film), l’actrice de Séraphine avoue être toujours traversée par un sentiment d’imposture. « Ça va de mieux en mieux avec l’âge parce que je me dis que je ne peux plus vraiment changer de métier (rires), mais pendant longtemps, c’était là », assure-t-elle. « Je me répétais ce que j’avais entendu : Yolande, ce n’est pas fait pour toi,  ou je me disais que je n’avais pas étudié pour faire des films », poursuit-elle.

Au moment de Quand la mer monte (2004), son premier film coréalisé avec Gilles Porte, « je m’étais dit qu’il allait passer sur Arte à minuit et que personne n’allait le regarder ». Presque dix ans plus tard, elle réitère avec Henri, qui connaîtra aussi le succès.

« J’envie les gens qui vont vite. Ils ont à peine fini un projet qu’ils en ont un autre dans la tête. Pas moi. D’ailleurs, je ferais bien de me dépêcher parce que dans dix ans, j’aurai 80 ans. »

Alexandra DEL PERAL/AFP

Présenté vendredi soir au Festival du film francophone d’Angoulême, qui s’est terminé dimanche, La fiancée du poète (en salle en France le 11 octobre) est un film « politique », assure l’actrice de 70 ans à la journaliste Alexandra Del Peral.Politique, oui, mais à la sauce Moreau : drôle, un peu loufoque et mélancolique... La somme des ingrédients qui ont fait de...

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