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Des migrants refoulés de Chypre : Beyrouth refuse d'accueillir des Syriens


Des migrants refoulés de Chypre : Beyrouth refuse d'accueillir des Syriens

Un bateau de migrants intercepté par l'armée libanaise le 31 décembre 2022, au large de Selaata, dans le nord du Liban. Photo diffusée par l'armée libanaise

Le ministère libanais des Affaires étrangères a déclaré jeudi que les émigrants "non libanais" qui ont quitté le Liban de manière irrégulière et qui sont renvoyés au Liban ne seront pas accueillis dans le pays "quel que soit le point de départ de leur bateau".

Chypre a été critiquée par les organisations de défense des droits de l'homme pour avoir rapatrié 109 migrants au Liban après que trois bateaux de migrants clandestins ont atteint ses côtes entre le 29 juillet et le 2 août.

Le ministère libanais des Affaires étrangères a affirmé que le Liban avait été informé du "départ d'un bateau de migrants clandestins des eaux libanaises vers Chypre". Le ministère a condamné de tels départs et souligné "l'engagement du Liban à accueillir les migrants qui détiennent des papiers d'identité libanais".

Le ministère a critiqué ce qu'il a qualifié de "deux poids, deux mesures" de la part d'autres pays "en ce qui concerne les immigrés clandestins et en particulier les Syriens". "Ces pays refusent de les recevoir et les renvoient de force, via des pays tiers, vers des régions de Syrie qu'ils décrivent comme peu sûres".

Dans une déclaration publiée le 11 août, le Centre libanais pour les droits de l'homme (CLDH) et d'autres ONG de défense des droits de l'homme ont fait savoir que parmi les 19 personnes renvoyées de force de Chypre, "au moins 73 ont ensuite été expulsées vers la Syrie et remises au régime syrien". Le CLDH a ajouté que "ces personnes auraient quitté Tartous, en Syrie, et ne venaient pas du Liban". En outre, le CLDH a noté que "le 3 août, 36 passagers... ont été refoulés de force des eaux chypriotes vers le Liban et ont ensuite été détenus arbitrairement par la Sûreté générale".

Le CLDH et d'autres ONG ont appelé "Chypre à se conformer à ses engagements internationaux juridiquement contraignants en s'abstenant de renvoyer de force des personnes au Liban sans évaluer leur besoin de protection et les risques auxquels elles sont confrontées au Liban et en Syrie". Elles ont également déclaré que "le Liban doit garantir le respect des droits de l'homme des personnes qui ont été secourues et renvoyées de force".

Vendredi dernier, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) s'est déclaré "extrêmement préoccupé" par le retour de plus de 100 ressortissants syriens de Chypre vers le Liban. Selon Chypre, ces retours sont légaux puisque le Liban et Chypre ont signé un accord bilatéral en 2004 qui oblige le Liban à prévenir et à mettre fin aux franchissements irréguliers des frontières et à la migration des personnes qui quittent le Liban.

Cette année, le gouvernement chypriote a décidé de refuser la relocalisation dans d'autres pays européens des migrants arrivés après le 1er janvier. Le ministre chypriote de l'Intérieur, Konstantinos Ioannou, s'est rendu au Liban le 27 juillet et a convenu avec les autorités libanaises d'accroître les échanges d'informations et de mener des patrouilles maritimes conjointes pour empêcher les migrants de quitter le Liban ou la Syrie.

Les tentatives de migration clandestine depuis le Liban se sont multipliées ces derniers mois. De janvier à décembre 2022, le HCR a déclaré avoir reçu des rapports sur 51 bateaux impliqués dans le transit irrégulier, avec un total de 4.334 passagers à bord. En 2022, les candidats à l'immigration quittant le Liban se composaient de 62,2 % de Syriens, 28 % de Libanais et 11% de Palestiniens, selon les chiffres du HCR.

Le ministère libanais des Affaires étrangères a déclaré jeudi que les émigrants "non libanais" qui ont quitté le Liban de manière irrégulière et qui sont renvoyés au Liban ne seront pas accueillis dans le pays "quel que soit le point de départ de leur bateau".Chypre a été critiquée par les organisations de défense des droits de l'homme pour avoir rapatrié 109 migrants au Liban...