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Moyen-Orient - Justice

Egypte : trois ans ferme pour le chercheur Patrick Zaki ayant dénoncé la discrimination des chrétiens


Le chercheur égyptien Patrick Zaki dans sa maison de famille au Caire, le 9 décembre 2021. Photo AFP

Le chercheur égyptien Patrick Zaki a été condamné mardi à trois ans de prison pour "fausses informations" à cause d'un article dénonçant les discriminations contre les chrétiens en Egypte, en plein "dialogue national" censé donner une voix à tous.

Libéré en décembre 2021 après 22 mois en détention préventive, M. Zaki était présent mardi à l'audience au tribunal d'urgence de la Sûreté d'Etat à Mansoura, ville à 130 km au nord du Caire.

Il y a été arrêté et aussitôt emmené en prison, précise Hossam Bahgat, fondateur de l'Initiative égyptienne pour les droits personnels (EIPR).

Comme le procès du militant copte des droits humains s'est tenu devant une cour d'exception, il n'est pas possible d'interjeter appel.

M. Zaki encourait jusqu'à cinq ans de prison pour avoir publié en 2020 un article sur un journal en ligne racontant une semaine de violations des droits des coptes, la plus importante minorité chrétienne du Moyen-Orient à laquelle appartiennent 10 à 15% des 105 millions d'Egyptiens.

Spécialiste des questions de genre et chercheur au sein de l'EIPR, M. Zaki avait été arrêté en février 2020 pour "terrorisme" à son retour d'Italie où il étudiait à l'Université de Bologne.

" Torturé "

En prison, M. Zaki a été "frappé et torturé à l'électricité", assurent des défenseurs des droits humains.

Une pétition a recueilli des milliers de signatures en Italie pour sa libération, et en 2021, le Sénat a voté pour lui accorder la nationalité italienne.

Pendant les trois décennies de règne de l'autocrate Hosni Moubarak (1981-2011), les libertés étaient restreintes pour les intellectuels, mais elles ont encore diminué depuis l'arrivée au pouvoir du président Abdel Fattah al-Sissi en 2014.

L'Egypte occupe les derniers rangs du classement des libertés universitaires dans le monde établi par l'Academic Freedom index, aux côtés de l'Arabie saoudite, de la Turquie ou de la Chine.

Depuis 2014, les autorités mènent une impitoyable répression contre les universitaires, mais aussi les journalistes, artistes, avocats, syndicalistes et autres militants politiques.

Des centaines d'étudiants et universitaires ont été arrêtés dès 2013, pour leurs idées islamistes, et une douzaine de chercheurs sont en prison pour leur travail, selon l'Association pour la liberté de pensée et d'expression.

En 2016, l'affaire du jeune chercheur italien Giulio Regeni, retrouvé mort au Caire le corps mutilé, avait créé un malaise dans le milieu de la recherche en Egypte. Rattaché à l'Université de Cambridge, il travaillait sur les syndicats, sujet très sensible en Egypte.

" Liberté de culte "

Pour Washington, l'Egypte, l'un des pays qui recourt le plus à la peine de mort au monde, viole les droits humains dans tous les domaines: des prisons à la liberté d'expression en passant par les droits LGBT+.

Le Caire, de son côté, promeut sa nouvelle "stratégie des droits humains".

Mardi, les autorités ont publié le "Bulletin trimestriel des droits humains" dans lequel elles affirment notamment avoir légalisé "216 églises et bâtiments affiliés" ces trois derniers mois pour promouvoir "la liberté de culte".

M. Sissi a été le premier à nommer un juge copte à la tête de la Cour constitutionnelle. Le chef de l'Etat est également le premier président d'Egypte à assister chaque année à la messe de Noël copte, alors que ses prédécesseurs se contentaient d'y envoyer des représentants.

Malgré ces symboles, les militants coptes assurent régulièrement être victimes de discriminations, pointant des difficultés notamment pour construire ou rénover des églises, et surtout pour accéder à la fonction publique.

Le chercheur égyptien Patrick Zaki a été condamné mardi à trois ans de prison pour "fausses informations" à cause d'un article dénonçant les discriminations contre les chrétiens en Egypte, en plein "dialogue national" censé donner une voix à tous.Libéré en décembre 2021 après 22 mois en détention préventive, M. Zaki était présent mardi à l'audience au...
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