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Lifestyle - Disparition

Hommage à l'emblématique Chef Ramzi

Figurant parmi les personnalités emblématiques de la gastronomie libanaise et moyen-orientale, Ramzi Choueiri est décédé subitement dimanche à l’âge de 52 ans. Début juin, il confiait à « L’Orient Today » ses goûts, ses préférences et ses projets.

Hommage à l'emblématique Chef Ramzi

Le chef Ramzi, du talent et un sourire inoubliables. Photo DR

Né en 1971, le chef Ramzi s’était fait connaître dans différents domaines culinaires. Animateur d’émissions à succès, auteur de livres de cuisine, il était également, depuis 2005, PDG de la Fondation Al-Kafaàt, une organisation caritative visant à offrir des opportunités aux personnes handicapées au Liban. Lors de son passage dans nos locaux, le 6 juin, personne ne se doutait qu’il s’agirait de sa dernière interview... En se présentant à nous sous le nom de « chef Ramzi », une impression de gentillesse et d’humilité s’était immédiatement dégagée de son sourire. Interrogé dans le cadre de notre série culinaire « Sa7tein », il avait accepté en toute amitié de se laisser filmer dans une courte séance de questions-réponses, partageant son rire jovial et généreux tout au long de l’entretien. Il reste de ce moment des souvenirs et une triste émotion… Il faisait partie de l’enfance de nombreux journalistes.

Le chef Ramzi Choueiri fier de son taboulé qu’il a fait entrer dans le « Guinness Book » en 2009. Ramzi Haidar/AFP

L’héritage

Entre 1993 et 2010, le chef Ramzi a révolutionné l’art de la cuisine libanaise et orientale en lançant la première émission de cuisine en direct dans le monde arabe. Son nom et ses recettes ont pénétré dans les cuisines des foyers de la région, et plus particulièrement du Liban, parvenant même à séduire les tétas, sans doute les plus pointilleuses quand il est affaire de cuisine dans le pays. Durant ces années, le chef Ramzi anime la section culinaire dans une émission quotidienne, Alam el-Sabah, sur la chaîne libanaise Future TV, qui a duré plus de 3 000 épisodes. Grâce à lui, et il en était fier, le Liban détient quatre records du monde Guinness pour les plus grosses portions de taboulé, de houmous, de falafel et de fatteh jamais préparées. Après avoir été formé en France et en Angleterre, et malgré un talent qui a traversé les frontières, il était particulièrement attaché à ses racines, s’efforçant de préserver et de documenter le patrimoine culinaire rural du Liban. Dans son livre Min Turath Lubnan, il répertorie les meilleures recettes de nos villages. « La plupart des recettes sont très simples. Surtout lorsqu’elles sont cuisinées par les familles dans les villages. Une très bonne tomate rouge mûre avec de l’huile d’olive et du sumac, du pain provenant d’un tannour, ou encore des œufs durs avec de l’huile d’olive vierge fraîchement pressée, ce sont des préparations très simples. Les personnes qui n’ont pas goûté à ces produits ne connaissent pas le goût de la cuisine libanaise », avait-il répondu lorsque nous l’interrogions sur sa recette préférée partagée dans cet ouvrage.

Le chef Ramzi Choueiri fier d’avoir eu « l’honneur et le plaisir d’être l’ambassadeur de la cuisine libanaise ». Photo d’archives L’OLJ

Le parcours d’un chef talentueux

Pendant ses études en France, le chef Ramzi fait ses premiers apprentissages dans des restaurants locaux. C’est là que tout commence. « Le travail me plaisait, avait-il déclaré. Je voulais juste avoir une idée sur la cuisine pour qu’à mon retour au Liban, je reprenne l’école hôtelière de la Fondation Al-Kafaàt que mon père a créée en 1957. Je ne savais pas que cela me plairait autant. Lorsque je suis rentré au Liban, j’avais une licence en commerce et en droit et j’avais une très bonne notion sur le sujet. » Quelques mois plus tard, il est contacté par Future TV : « Ils lançaient Alam el-Sabah et voulaient que je m’occupe de la partie cuisine. C’est ainsi que j’ai commencé à être chef Ramzi à la télévision. » Il avait à peine 21 ans.


Appréciant surtout les questions envoyées par des téléspectateurs du monde entier, il racontait : « J’étais curieux de voir les questions qui allaient arriver. En pleine préparation, quelqu’un me posait une question en direct du Koweït, puis d’Arabie saoudite, des Pays-Bas et d’ailleurs. Une fois, alors que je préparais de la crème orientale (achta), qui est très blanche, une mouche a atterri sur la crème, dessinant comme un point noir... Alors je l’ai enlevée et j’ai continué. Un Marocain m’a téléphoné pour me dire : “Comment faites-vous pour continuer à cuisiner ? C’est très sale, il faut que vous arrêtiez.” Puis un Saoudien a appelé en disant : “Non, pourquoi ? La mouche a une âme.” Cela a fini par une discussion sur la mouche et l’existentialisme, et ils ont oublié la crème. » « J’ai décidé d’arrêter, raconte-t-il, parce que mon père était très malade. Il avait la maladie de Parkinson et je préférais passer plus de temps avec lui. Puis la LBC m’a contacté pour un tout petit programme. J’ai accepté pour faire un peu de publicité pour Al-Kafaàt. Vingt ans après, je voulais passer à autre chose. »

Un ambassadeur

Après sa carrière à la télévision, Ramzi Choueiri se consacre à la gestion de l’association caritative Al-Kafaàt. Parallèlement, il tient un restaurant dans l’enceinte de l’Institut français du Liban. Il nous avait fait part de son prochain grand projet, un restaurant à Batroun dont l’ouverture était prévue pour le 1er juillet. Nadim, son fils, nous avait rejoints en direct par Zoom de Paris où il étudie depuis septembre 2022. « Nadim fait la vaisselle et son colocataire cuisine », plaisantait alors le chef avec tendresse. Le duo collaborait sur plusieurs projets, « un podcast qui devait s’appeler le Chef Ramzi Show. Nous y travaillons encore. Il y sera question de cuisine, de gens, de culture et de bien d’autres choses encore », avait alors précisé Nadim. Quelques mois auparavant, le chef et son fils avaient remporté un prix Gourmand en Suède pour une vidéo qu’ils avaient réalisée sur Tripoli et qui devait constituer l’épisode pilote d’une série présentant la cuisine et le patrimoine libanais à un public européen. « Je pense que la cuisine libanaise est le meilleur ambassadeur de notre pays. Et j’ai eu l’honneur et le plaisir d’en être l’ambassadeur. La cuisine libanaise est en elle-même une attraction. Elle est très riche. Et j’essaie de la tenir à l’écart de la religion et de la politique. Chef Ramzi est pour tout le Liban. On ne peut pas diviser la cuisine », avait-il souligné.

Légende à part entière, Ramzi Choueiri continuera de vivre à travers ses enfants Nadim, Yasmina et Maria, son travail et l’empreinte qu’il a laissée sur la région et le pays.

Cet article est paru en anglais dans L’Orient Today du 19 juin

Né en 1971, le chef Ramzi s’était fait connaître dans différents domaines culinaires. Animateur d’émissions à succès, auteur de livres de cuisine, il était également, depuis 2005, PDG de la Fondation Al-Kafaàt, une organisation caritative visant à offrir des opportunités aux personnes handicapées au Liban. Lors de son passage dans nos locaux, le 6 juin, personne ne se...

commentaires (3)

A true icon and a national treasure, Chef Ramzi was an ambassador of the Lebanese culinary heritage. His prolific work through his TV series and books that have sold millions of copies, will live on. Gone but not forgotten.

Mireille Kang

21 h 25, le 20 juin 2023

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Commentaires (3)

  • A true icon and a national treasure, Chef Ramzi was an ambassador of the Lebanese culinary heritage. His prolific work through his TV series and books that have sold millions of copies, will live on. Gone but not forgotten.

    Mireille Kang

    21 h 25, le 20 juin 2023

  • ...mais pourquoi,Bon Dieu, tous ces gens-la, et qui font du bien sur terre, tu nous les enlève???!!

    Marie Claude

    08 h 37, le 20 juin 2023

  • Que son âme repose en paix! Ses recettes, sa gentillesse et son amour du prochain continuerons à embellir la vie de toutes les personnes qu'il a touché!

    Caroline El Khoury

    01 h 01, le 20 juin 2023

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