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L'Iran et la Russie cherchent ensemble à contourner les sanctions

L'Iran et la Russie cherchent ensemble à contourner les sanctions

Le président russe Vladimir Poutine et le président iranien Ebrahim Raïssi participent à la cérémonie de signature d'un accord sur la construction du chemin de fer Rasht-Astara, par liaison vidéo au Kremlin à Moscou, Russie, le 17 mai 2023. Photo Mikhail Klimentyev/Reuters/Sputnik

De plus en plus proches depuis le début de la guerre en Ukraine, l'Iran et la Russie ont signé mercredi un accord pour ouvrir une route commerciale Nord-Sud visant à contourner les voies maritimes traditionnelles et les sanctions internationales. Signe de l'importance donnée à l'événement, la signature de l'accord à Téhéran a été supervisée par les deux présidents, l'Iranien Ebrahim Raissi et le Russe Vladimir Poutine, présent par visioconférence.

Il s'agit d'"une étape stratégique dans la coopération entre la République islamique d'Iran et la Fédération de Russie", s'est félicité le président iranien. En discussion depuis le début des années 2000, cet accord bilatéral porte sur la construction d'une ligne ferroviaire d'une longueur de 164 km dans le nord-est de l'Iran, entre les villes d'Astara, située à la frontière avec l'Azerbaïdjan, sur la mer Caspienne, et Rasht. De Rasht, les produits russes seront transportés par rail jusqu'aux ports du sud, comme Bandar Abbas ou Chabahar, d'où ils pourront être expédiés vers l'Asie à l'est, la péninsule arabique à l'ouest ou l'Afrique orientale au sud.

L'objectif est de mener à bien l'ambitieux projet de corridor Nord-Sud, un réseau de routes maritimes, ferroviaires et terrestres de 7.200 km de long, qui vise à redessiner les circuits de la mondialisation et contrer l'hégémonie occidentale selon ses promoteurs. La Russie pourra ainsi éviter de faire passer ses marchandises par la mer Baltique, qui borde le nord de l'Europe, par la mer Noire, dont les accès sont contrôlés par la Turquie, et par le canal de Suez. "Cette artère de transport unique Nord-Sud, dont le chemin de fer Rasht-Astara fera partie, aidera à diversifier considérablement les flux de transport internationaux", a déclaré mercredi Vladimir Poutine.

"Le transport des marchandises par le nouveau corridor aura un avantage concurrentiel considérable. Ainsi, la livraison de marchandises de Saint-Pétersbourg (Russie) à Bombay (Inde) prendra environ 10 jours. À titre de comparaison, le trajet via les routes commerciales traditionnelles prend jusqu'à 30-45 jours", selon lui.

Rompre l'isolement 

Le président russe prédit que "les volumes de flux de marchandises augmenteront considérablement", en citant "les produits d'alimentation et agricoles", notamment à destination "des pays du Golfe et d'Afrique". Téhéran prévoit que la liaison ferroviaire Rasht-Astara soit terminée d'ici trois ans. Avec l'objectif de faire transiter par rail jusqu'à 15 millions de tonnes de cargaisons russes par an à l'horizon 2030, selon le vice-Premier ministre russe Alexander Novak, en visite en Iran cette semaine.

Le projet de corridor Nord-Sud a été considéré avec circonspection par de nombreux experts, notamment en raison des intérêts parfois divergents des pays impliqués. Il doit ainsi passer par l'Azerbaïdjan, qui entretient des relations tendues avec l'Iran. Mais le conflit en Ukraine a relancé les discussions entre Moscou et Téhéran, tous deux soucieux de rompre leur isolement croissant.

Durement frappé par des sanctions liés à son programme nucléaire, l'Iran met en scène jour après jour l'amélioration de ses liens avec la Russie, la Chine et les pays arabes, notamment l'Arabie saoudite, son grand rival traditionnel au Moyen-Orient. Les annonces de coopération se sont multipliées ces derniers mois avec la Russie dans la finance, le commerce des biens de consommation ou l'énergie, même si les deux pays se retrouvent parfois en concurrence sur certains marchés, comme celui de la pétrochimie.

Dernier exemple en date, la deuxième banque russe, VTB, a ouvert un bureau à Téhéran, alors que les deux banques centrales travaillent à connecter leurs systèmes de transfert interbancaires. Dans ce contexte, les Etats-Unis s'inquiètent surtout du rapprochement dans le domaine militaire, que les deux pays sont "en train d'amplifier" à un niveau "sans précédent" selon le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, John Kirby. Ce dernier a cité en particulier la volonté de Moscou d'acquérir des drones iraniens plus sophistiqués après s'être fait livrer depuis le mois d'août plus de 400 drones, principalement de type Shahed, utilisés en Ukraine.

Téhéran a, à plusieurs reprises, jugé "sans fondement" les accusations de fournitures d'armes à la Russie, en affirmant ne pas être partie prenante dans le conflit ukrainien.

De plus en plus proches depuis le début de la guerre en Ukraine, l'Iran et la Russie ont signé mercredi un accord pour ouvrir une route commerciale Nord-Sud visant à contourner les voies maritimes traditionnelles et les sanctions internationales. Signe de l'importance donnée à l'événement, la signature de l'accord à Téhéran a été supervisée par les deux présidents, l'Iranien Ebrahim...