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Travail forcé des Ouïghours: une nouvelle plainte vise les géants du textile en France

Travail forcé des Ouïghours: une nouvelle plainte vise les géants du textile en France

Des manifestants à Hong Kong soutiennent la cause des Ouïghours en 2019. Photo d'illustration AFP

Le dossier relancé ? Une nouvelle plainte a été déposée à Paris après un premier classement de l'enquête visant des géants de l'habillement tels Uniqlo et Inditex, accusés d'avoir profité du travail forcé des Ouïghours en Chine. L'association anticorruption Sherpa, le collectif Ethique sur l'étiquette, l'Institut ouïghour d'Europe (IODE) ainsi qu'une Ouïghoure ayant été internée dans la province du Xinjiang (nord-ouest de la Chine) visent les infractions de recel de quatre crimes: crimes contre l'humanité, génocide, réduction en servitude aggravée et traite des êtres humains en bande organisée.

Cette plainte avec constitution de partie civile, déposée mardi, doit permettre d'obtenir la désignation d'un juge d'instruction. Le pôle crimes contre l'humanité du Parquet national antiterroriste (Pnat) a classé en avril dernier une enquête préliminaire ouverte en juin 2021 après une première plainte. Le Pnat s'était alors estimé "incompétent" car le coeur des crimes visés était susceptible d'avoir été commis en Chine par des entreprises chinoises, fournisseurs des géants du textile dénoncés dans la plainte, selon une source proche du dossier.

Cette analyse juridique avait suscité "l'incompréhension" des plaignants, qui avaient appuyé leur plainte initiale sur un rapport publié en mars 2020 par l'ONG australienne ASPI (Australian Strategic Policy Institute). Avec cette nouvelle plainte, l'avocat des plaignants, Me William Bourdon, espère la "reconnaissance de la compétence" de la justice française "sur le fondement du recel de crime contre l'humanité." Les plaignants reprochent à Uniqlo France (propriété du groupe japonais Fast Retailing), Inditex (qui détient les marques Zara, Bershka, Massimo Duti), SMCP (Sandro, Maje, de Fursac...) et au chausseur Skechers de commercialiser des produits fabriqués en totalité ou en partie dans des usines où des Ouïghours sont soumis, selon ces associations, au travail forcé.

Leur nombre est parfois évalué à plus d'un million.

Pour ces plaignants, "un vêtement en coton sur cinq pourrait être entaché par le travail forcé des Ouïghours". Ces ONG estiment aussi que les sociétés ne justifient pas de contrôles suffisants auprès de leurs sous-traitants. "Les entreprises textiles devront rendre des comptes de s'être enrichies en connaissance de cause, au prix des crimes internationaux les plus graves, à l'envers d'une communication éthique de pure façade", a ajouté Me Bourdon.

"Infondé"

Les quatre groupes contestent tout recours à du travail forcé. Sollicité mercredi, Inditex a indiqué avoir "publiquement commenté, et à plusieurs reprises, que ces accusations sont infondées. Le groupe effectue des contrôles rigoureux de traçabilité pour s'assurer de la provenance de ses produits et pratique la tolérance zéro à l'égard de toute forme de travail forcé". Contacté par l'AFP après le classement sans suite en avril, le groupe SMCP avait indiqué avoir "toujours réfuté avec la plus grande fermeté ces accusations" et estimé que la décision "(faisait) suite au retrait en octobre 2022 du nom du groupe SMCP et de ses marques" du rapport d'ASPI. Interrogé mercredi par l'AFP pour savoir si SMCP était visé par cette nouvelle plainte, Sherpa a indiqué qu'elle "doit être identique à la plainte préalable" et qu'elle pouvait "être amenée à évoluer", notamment avec l'ajout d'autres marques, sans préciser lesquelles.

Outre ces quatre groupes, d'autres grands noms du textile (Nike, Adidas, Shein...) ou d'autres secteurs de l'industrie sont visés par des accusations comparables. Certaines marques se sont engagées ces dernières années à ne pas utiliser de coton du Xinjiang (un cinquième de la production mondiale) mais peinent à montrer patte blanche face à des sous-traitants en cascade. Depuis plusieurs années, les autorités chinoises sont accusées par les pays occidentaux d'avoir massivement enfermé des Ouïghours et des membres d'autres minorités majoritairement musulmanes, y compris des Kazakhs, dans des camps de rééducation, après des attentats sanglants dans le Xinjiang.

Washington et plusieurs pays évoquent un "génocide" et le Haut commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme évoque des crimes contre l'humanité, des accusations rejetées par Pékin qui qualifie ces camps de centres de formation professionnelle destinés à combattre l'extrémisme religieux et assurer la stabilité sociale.

Le dossier relancé ? Une nouvelle plainte a été déposée à Paris après un premier classement de l'enquête visant des géants de l'habillement tels Uniqlo et Inditex, accusés d'avoir profité du travail forcé des Ouïghours en Chine. L'association anticorruption Sherpa, le collectif Ethique sur l'étiquette, l'Institut ouïghour d'Europe (IODE) ainsi qu'une Ouïghoure ayant été...