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Les combats font rage malgré les menaces de sanctions américaines

Les combats font rage malgré les menaces de sanctions américaines

Des volutes de fumée se dégagent des combats dans la capitale soudanaise, Khartoum, le 3 mai 2023. Photo AFP

Les combats au Soudan entre l'armée et les paramilitaires en guerre pour le pouvoir font rage vendredi à Khartoum et ne montrent aucun signe d'apaisement malgré les menaces de sanctions américaines. Au 21e jour de conflit, les habitants de la capitale ont été réveillés par des frappes aériennes et tirs de mitrailleuses, en dépit des promesses de trêve, ont raconté des témoins à l'AFP.

Les combats entre l'armée dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, et les Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Dagalo, ont fait depuis le 15 avril environ 700 morts, selon l'ONG ACLED qui recense les victimes de conflits. Parmi eux, un nombre "incroyablement" élevé d'enfants, selon l'ONU, dans le pays où 49% des habitants ont moins de 18 ans. "La tragédie (...) doit cesser", a plaidé le président américain, Joe Biden, en agitant la menace de sanctions contre "les individus qui menacent la paix", sans toutefois nommer personne.

Le pays de 45 millions d'habitants n'est sorti qu'en 2020 de deux décennies de sanctions américaines imposées à la dictature militaro-islamiste du général Omar el-Bachir, renversé par l'armée sous la pression de la rue en 2019 après trente ans de pouvoir.

Lors d'un putsch en 2021, les généraux Burhane et Dagalo avaient évincé les civils avec lesquels ils partageaient le pouvoir depuis la chute de M. Bachir. Mais par la suite, ils se sont divisés sur l'intégration des FSR dans l'armée. Depuis, rien ne semble pouvoir réconcilier les deux hommes qui s'accusent mutuellement de violer les trêves successives. Les FSR n'ont pas encore réagi à l'annonce mercredi d'une trêve de sept jours négociée par le Soudan du Sud voisin et acceptée par l'armée. Vendredi, les FSR ont dit avoir accepté une trêve de trois jours seulement, négociée dans le cadre d'une médiation américano-saoudienne.

Conflit "prolongé"

Pour la directrice du renseignement américain Avril Haines, il faut s'attendre à un conflit "prolongé" parce que "les deux camps pensent pouvoir l'emporter militairement et ont peu de raisons de venir à la table des négociations".

Les combats ont fait plus de 5.000 blessés, déplacé au moins 335.000 personnes et ont poussé 115.000 autres à l'exil, selon l'ONU, qui réclame 402 millions d'euros pour aider le pays, l'un des plus pauvres au monde. L'ONU prévient que 860.000 personnes, des Soudanais mais également de nombreux Sud-Soudanais retournant dans leur pays, pourraient traverser les frontières ces prochains mois. "Plus de 56.000 personnes" sont arrivées en l'Egypte, selon l'ONU, "plus de 12.000" en Ethiopie et "30.000 au Tchad".

Afdal Abdel Rahim, elle, attend de passer en Egypte. "Quand la guerre a commencé, avec des bombardements et des frappes aériennes", raconte-t-elle à l'AFP, "nous avons quitté nos maisons et nous nous sommes enfuis à Wadi Halfa", la dernière ville avant l'Egypte où des milliers de Soudanais fuyant la guerre se pressent. Au Darfour, dans l'ouest frontalier du Tchad, des civils ont été armés pour participer aux affrontements mêlant militaires, paramilitaires et combattants tribaux ou rebelles, selon l'ONU.

"Solutions africaines"

L'ONG Norwegian Refugee Council (NRC), dont les locaux ont été pillés, dénombre "au moins 191 morts, des dizaines d'habitations incendiées et des milliers de déplacés" dans cette région ravagée dans les années 2000 par un conflit qui a fait environ 300.000 morts et 2,5 millions de déplacés selon l'ONU. Des témoins ont rapporté jeudi des combats à El-Obeid, à 300 km au sud de la capitale.

Dans la ville côtière de Port-Soudan épargnée par la violence, 30 tonnes supplémentaires d'aide sont arrivées vendredi. L'ONU et de plus en plus d'ONG tentent de négocier l'acheminement de ces cargaisons vers Khartoum et le Darfour où hôpitaux et stocks humanitaires ont été pillés et bombardés. Alors que les initiatives diplomatiques se multiplient en Afrique et au Moyen-Orient, l'armée a plaidé pour "des solutions africaines aux problèmes du continent", tout en saluant la médiation américano-saoudienne.

L'émissaire du général Burhane était jeudi à Addis Abeba. Le Caire a annoncé avoir eu au téléphone les deux généraux rivaux. Dimanche, les ministres arabes des Affaires étrangères se réuniront pour aborder le "dossier soudanais", dans lequel ils soutiennent des camps différents, a indiqué un diplomate de haut rang à l'AFP. L'armée s'est engagée à "nommer un émissaire pour négocier une trêve" avec le camp rival, sous l'égide "des présidents sud-soudanais, kényan et djiboutien", dans un pays qui doit encore être déterminé. Les FSR ont indiqué être en contact avec des organisations et représentants de nombreux pays et d'organisations.

Les combats au Soudan entre l'armée et les paramilitaires en guerre pour le pouvoir font rage vendredi à Khartoum et ne montrent aucun signe d'apaisement malgré les menaces de sanctions américaines. Au 21e jour de conflit, les habitants de la capitale ont été réveillés par des frappes aériennes et tirs de mitrailleuses, en dépit des promesses de trêve, ont raconté des témoins à...