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Dernières Infos - Soudan

L'exode continue, le cessez-le-feu partiellement respecté à Khartoum

Des femmes marchant dans une rue dans le sud de Khartoum, le 24 avril 2023. Photo AFP

Le cessez-le-feu de 72 heures conclu entre belligérants au Soudan sous l'égide des Etats-Unis est partiellement respecté mardi à Khartoum, tandis que les pays étrangers accélèrent les efforts pour évacuer leurs ressortissants de ce pays d'Afrique du Nord-Est en plein chaos.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'inquiète d'un risque biologique "énorme" après la prise "par l'une des parties combattantes" d'un "laboratoire public de santé" de la capitale, qui renferme des agents pathogènes de la rougeole, du choléra et de la poliomyélite.

Dix jours après le début des combats qui ont fait plus de 459 morts et plus de 4.000 blessés selon l'ONU, l'armée a visé mardi les positions des paramilitaires avec ses avions dans les banlieues de Khartoum et ces derniers ont répondu par des rafales de mitrailleuse lourde, ont rapporté des témoins à l'AFP.

Comme à chaque annonce de trêve, les paramilitaires du général Mohamed Hamdane Daglo, et l'armée du général rival Abdel Fattah al-Burhane, se sont mutuellement accusés de la violer.

Il est impossible dans l'immédiat de savoir si les violents combats qui font rage dans la vaste région du Darfour (ouest) depuis le début des hostilités le 15 avril avaient baissé en intensité.

"Après d'intenses négociations", l'armée soudanaise et les Forces de soutien rapide (FSR) "ont accepté un cessez-le-feu dans tout le pays", a affirmé le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, peu avant l'entrée en vigueur de la trêve à minuit (22H00 GMT lundi).

Cessez-le-feu définitif? 

Profitant de cette potentielle accalmie, jusqu'à 270.000 personnes pourraient encore fuir au Tchad et au Soudan du Sud voisins, a alerté mardi l'ONU.

Khaled Omar Youssef, des Forces de la liberté et du changement (FLC), le bloc civil limogé par le putsch mené en 2021 par les deux généraux alors alliés, s'est félicité "d'une médiation américaine" pour "cette trêve humanitaire". "Elle permettra un dialogue sur les modalités d'un cessez-le-feu définitif", a-t-il déclaré à l'AFP, affirmant que les civils participent aux négociations.

M. Blinken a dit, lui, oeuvrer avec des alliés alors que l'armée a évoqué une médiation "saoudo-américaine".

L'intensité des combats dans plusieurs quartiers de la capitale a de fait baissé depuis le début samedi des évacuations d'étrangers.

Dans d'autres secteurs toutefois, les affrontements ont été ces derniers jours plus destructeurs. Sur des vidéos authentifiées par l'AFP, des magasins incendiés, des immeubles détruits et des civils hagards au milieu de décombres encore fumant, témoignent de la violences des raids aériens et des tirs d'artillerie.

Dalia Mohammed a fui Khartoum pour se rendre à Port-Soudan, sur la côte est. "On s'est retrouvés à la rue, on est devenus des déplacés à cause de quelque chose qui n'a rien à voir avec nous: ça ne concerne que deux hommes et leurs troupes surarmées", se lamente-t-elle.

Au nord du pays, Salwa Solimane vient de traverser la frontière égyptienne. "Nous sommes enfin sortis, on va bien", dit-elle à l'AFP.

"Ni les FSR, ni l'armée ne nous ont interceptés avant notre arrivée" en Egypte affirme, soulagée, cette habitante d'Omdourman, la banlieue nord de Khartoum.

Ceux qui ne peuvent pas quitter la capitale de plus de cinq millions d'habitants tentent de survivre privés d'eau et d'électricité, soumis aux pénuries de nourriture et aux coupures d'internet et de téléphone.

Selon l'ONU, il y a "219.000 femmes enceintes à Khartoum, dont 24.000 qui devraient accoucher dans les semaines à venir", qui font face "à d'extrêmes difficultés" dans l'accès aux soins alors que, selon le syndicat des médecins, près des trois quarts des hôpitaux sont hors service.

Le conflit risque d'"envahir toute la région et au-delà", a prévenu le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

Le Conseil de sécurité doit se réunir mardi soir au sujet du conflit.

"Long voyage" 

Le chef de la diplomatie de l'Union européenne (UE), Josep Borrell, s'est félicité de la trêve, exhortant "les deux parties à la respecter pleinement".

L'Allemagne a déjà prévenu qu'elle organisera mardi soir son dernier vol pour évacuer ses ressortissants ainsi que des citoyens d'autres pays vers la Jordanie.

Le Royaume-Uni, lui, a entamé l'évacuation de ses ressortissants, trois jours après celle de ses diplomates.

Plus de 1.000 ressortissants de l'UE ont pu partir, la France annonçant mardi avoir évacué 538 personnes parmi lesquelles 209 Français. L'Ukraine a elle pu faire sortir du pays 138 personnes dont 87 de ses ressortissants.

Tokyo a dit de son côté avoir évacué "tous les Japonais qui se trouvaient à Khartoum" et désiraient partir.

Environ 700 employés internationaux de l'ONU, d'ONG et d'ambassades "ont été évacués vers Port-Soudan", a indiqué l'ONU.

Cinq humanitaires ont été tués dans les combats au Soudan où des dizaines d'employés humanitaires ont été évacués vers le Tchad depuis le Darfour.

Le cessez-le-feu de 72 heures conclu entre belligérants au Soudan sous l'égide des Etats-Unis est partiellement respecté mardi à Khartoum, tandis que les pays étrangers accélèrent les efforts pour évacuer leurs ressortissants de ce pays d'Afrique du Nord-Est en plein chaos.L'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'inquiète d'un risque biologique "énorme" après la prise "par l'une...