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Monde - France

Réforme des retraites : la "victoire à la Pyrrhus" de Macron

La cheffe de l'extrême droite Marine Le Pen, en progression dans les sondages, pronostique une "rupture définitive entre le peuple français et Emmanuel Macron".

Réforme des retraites : la

Des protestataires brandissant des pancartes à l'effigie du président français Emmanuel Macron lors d'une manifestation contre la réforme des retraites du gouvernement français, à Paris, le 13 avril 2023. Photo REUTERS/Sarah Meyssonnier

L'écueil du Conseil constitutionnel passé, Emmnanuel Macron a immédiatement promulgué la réforme des retraites, "une victoire à la Pyrrhus" pour le président français tant la loi divise le pays et son adoption a contribué à fragiliser ses institutions.

Vendredi, les neuf "Sages", dont la décision était attendue depuis des semaines, n'ont finalement censuré que quelques dispositifs inscrits dans le texte, validant notamment le report de l'âge de départ de 62 à 64 ans, qui a tant cristallisé les oppositions dans le pays.

Trois mois de contestation, douze journées de manifestations nationales, avec systématiquement des centaines de milliers de personnes dans les rues, et même à quatre reprises plus d'un million de protestataires, selon les autorités -- deux à trois fois plus selon les syndicats --, des montagnes de poubelles dans Paris et parfois des violences... n'ont finalement pas fait fléchir l'exécutif. La décision du Conseil constitutionnel, à laquelle étaient suspendus de nombreux opposants, marque "la fin du cheminement institutionnel et démocratique" de la réforme, a tranché vendredi la Première ministre Elisabeth Borne, sur Twitter.

Sans attendre, Emmanuel Macron a promulgué la loi, écartant les demandes des syndicats et de l'opposition, qui l'appelaient à patienter... et lui avaient promis le pire s'il franchissait ce pas. Promulguer la réforme, "ça ne serait pas jeter de l'huile sur le feu, ça serait un jerrycan d'essence", s'inquiétait vendredi soir Fabien Roussel, le leader du Parti communiste. La cheffe de l'extrême droite Marine Le Pen, en progression dans les sondages, pronostique une "rupture définitive entre le peuple français et Emmanuel Macron".

"Provocation" 

Les syndicats, qui avaient également "demandé solennellement" au chef de l'Etat de "ne pas promulguer la loi", ont fait part de leur "incompréhension", assimilant la promulgation du texte à un nouveau "passage en force", selon la CFDT. "Vouloir aller vite, ça ressemble à de la provocation", a renchéri Frédéric Souillot, secrétaire général de Force ouvrière. Les éditos samedi matin sont unanimement négatifs dans la presse française, qui voient en la décision du Conseil constitutionnel une "victoire juridique" mais "un désastre pour la nation".

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Parmi les quotidiens régionaux, La République des Pyrénées dénonce "une victoire à la Pyrrhus". "Personne ne sort vainqueur de ce rendez-vous manqué entre le peuple et ceux qui le représentent au plus haut niveau. Sauf peut-être les extrêmes", assure la Voix du Nord. Depuis des semaines, les commentateurs politiques se montrent résolument pessimistes quant à l'état de la démocratie en France, et très critiques envers son président, qui a tout juste confessé début avril regretter "n'avoir pas toujours réussi à convaincre sur la nécessité de cette réforme".

Alors que la France est l'un des pays européens où l'âge de départ à la retraite est le plus bas (mais avec des systèmes très différents), l'exécutif a justifié son projet par la nécessité de répondre à la dégradation financière des caisses de retraite et au vieillissement de la population. Sans réforme, le système de retraite aurait accusé un déficit de 13,5 milliards d'euros en 2030, contre un bénéfice de 18 milliards après celle-ci, a-t-il argumenté. Les opposants, soit environ deux tiers des Français selon les sondages, la jugent "injuste", notamment pour les femmes et les salariés aux métiers pénibles.

"Monarque présidentiel" 

"Il y a chez Emmanuel Macron une arrogance nourrie d'ignorance sociale", estime l'historien et sociologue Pierre Rosanvallon, pessimiste pour le futur. "Le temps des révolutions pourrait revenir, ou bien ça sera l'accumulation des rancoeurs toxiques qui ouvrira la voie au populisme d'extrême-droite", prédit-il dans le quotidien de gauche Libération. Syndicats et opposition dénoncent depuis des semaines une "crise démocratique" en France, notamment après l'utilisation par l'exécutif d'une disposition constitutionnelle permettant d'adopter la réforme sans vote, faute d'avoir su réunir une majorité à l'Assemblée nationale pour la voter.

Un sondage annuel du Cevipof, le centre d'étude de Science Po, montrait en février une chute du niveau de confiance des Français dans toutes les institutions politiques, des plus locales aux nationales, avec un niveau de défiance qui n'avait plus été atteint depuis la crise des "Gilets jaunes" en 2018. La Constitution française "donne des instruments extrêmement brutaux" au pouvoir, qui "aujourd'hui se heurte à une société qui ne supporte plus des décisions trop verticales", analyste le constitutionnaliste Bastien Francois pour l'AFP. "Ce qui était acceptable dans les années 60, voire les années 80, l'est moins aujourd'hui."

Emmanuel Macron, ce "monarque présidentiel", "creuse le fossé déjà béant" entre légitimité démocratique et souveraineté populaire, estime de son côté l'historien Jean Guarrigues dans le journal Le Monde. Ce faisant, il "ouvre la voie à tous les possibles de la violence et de la démagogie."

L'écueil du Conseil constitutionnel passé, Emmnanuel Macron a immédiatement promulgué la réforme des retraites, "une victoire à la Pyrrhus" pour le président français tant la loi divise le pays et son adoption a contribué à fragiliser ses institutions.
Vendredi, les neuf "Sages", dont la décision était attendue depuis des semaines, n'ont finalement censuré que quelques...

commentaires (1)

Les français sont les enfants gâtés de l’Europe, ils n’ont pas envie de travailler et faire des sacrifices, en Italie la retraite est à 67 en Allemagne a 66 ans

Eleni Caridopoulou

19 h 48, le 16 avril 2023

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Commentaires (1)

  • Les français sont les enfants gâtés de l’Europe, ils n’ont pas envie de travailler et faire des sacrifices, en Italie la retraite est à 67 en Allemagne a 66 ans

    Eleni Caridopoulou

    19 h 48, le 16 avril 2023

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