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Au procès Copernic, les "convictions" d'une sommité du contre-terrorisme


Un dessin daté du 3 avril 2023 représentant le procès de l'attentat de la rue Copernic à Paris. Photo Benoit PEYRUCQ / AFP

"Hassan Diab est le poseur de la bombe". Au procès de l'attentat de la rue Copernic à Paris, l'ancien sous-directeur de la DST a affiché vendredi sa "conviction" de la responsabilité de l'accusé, comme ses "regrets" qu'il ne soit jugé que 43 ans après.

L'homme qui s'avance à la barre de la cour d'assises spéciale de Paris, costume sombre, soyeuse chevelure et barbe blanches, a derrière lui plus de trente ans de carrière dans le contre-terrorisme français. Louis Caprioli, 80 ans, a été policier à la Direction de la surveillance du territoire (DST, devenue DGSI) de 1970 à 2004, affecté à la lutte antiterroriste dès 1983, nommé sous-directeur en 1998.

C'est dans le cadre de cette dernière fonction qu'il rédigera au printemps 1999 la note qui relancera l'enquête sur l'attentat à la bombe contre la synagogue de la rue Copernic, près de dix-neuf ans après la mort de quatre personnes, et fera apparaître pour la première fois le nom de Hassan Diab. Mais de ce rapport des renseignements, il n'en sera pas tout de suite question dans la déposition de Louis Caprioli.

Très expressif à la barre, sans l'aide d'aucune note, l'octogénaire plonge la cour plusieurs décennies plus tôt, livrant ses anecdotes et sa connaissance pointue, et toujours très vivace, du terrorisme international des années 1970-80.

"Pseudo +Amer+"

L'attentat de la rue Copernic le 3 octobre 1980 était sa "deuxième priorité" après la capture de Carlos sur laquelle il a longuement digressé, et Louis Caprioli en vient au coeur du sujet après une heure et demi de remise en "contexte". La "piste néo-nazie" est dans un premier temps privilégiée, mais vite évacuée au profit de celle "palestinienne". La DST active ses "sources", "alerte (ses) liaisons étrangères", recueille des "contributions".

Parmi elles, celles des services secrets allemands affirmant en 1982 que "l'auteur de l'attentat a comme pseudo +Amer+ mais se prénomme en réalité +Hassan+", relève l'ancien sous-directeur. "Mais tout ça est très pauvre, on n'a pas grand-chose en réalité", convient Louis Caprioli.

Quand des années plus tard, en 1999, il adresse son rapport à la justice, il y a les noms de dix personnes identifiées comme, il l'affirme, membres du commando de la rue Copernic, dont celui de Hassan Diab, un professeur de sociologie né au Liban et "logé" par les services au Canada. Son passeport avait été trouvé dix-huit ans plus tôt à Rome sur un membre présumé du FPLP-OS, groupe dissident du Front populaire de libération de la Palestine auquel est attribué l'attentat de la synagogue, comportant des visas d'entrée et de sortie d'Espagne. Hassan Diab, qui clame son innocence et qui est absent à son procès, a toujours affirmé qu'il se trouvait au Liban lors de l'attentat.

"Bons individus"

"Nous sommes convaincus que ce sont de bons renseignements, que nous sommes sur les bons individus", assène l'ancien chef du contre-terrorisme. Sa voix tremble quand il s'adresse aux parties civiles. "Jamais, on ne les a oubliées. Je regrette le temps qu'il a fallu pour recouper les sources, pour avoir les renseignements...", déclare Louis Caprioli. Envers ces victimes, "on avait un engagement: trouver les auteurs de l'attentat". Et l'ancien sous-directeur de la DST le martèle: "Je suis convaincu que Hassan Diab est le poseur de la bombe".

"On a bien entendu que votre conviction était ferme. De quand date-t-elle ?", persifle l'avocat de Hassan Diab, Me William Bourdon. "Du moment où le 19 avril 1999, je transmets ce rapport", lui répond Louis Caprioli. "Donc vous nous dites que cette seule base de renseignement est suffisante pour asseoir votre conviction ?", s'offusque Me Bourdon.

"Ma conviction est faite que le renseignement est bon. J'ai transmis cette information pour qu'elle soit vérifiée par la justice", répète le témoin. "Je ne suis pas la cour d'assises, je suis un petit policier, c'est tout", glisse-t-il. "Ce n'est pas mon rôle de dire s'il est coupable", assure encore Louis Caprioli, après six heures d'audition debout à la barre. "Vous n'avez cessé de le faire !", s'exclame William Bourdon. Verdict attendu le 21 avril.

"Hassan Diab est le poseur de la bombe". Au procès de l'attentat de la rue Copernic à Paris, l'ancien sous-directeur de la DST a affiché vendredi sa "conviction" de la responsabilité de l'accusé, comme ses "regrets" qu'il ne soit jugé que 43 ans après.L'homme qui s'avance à la barre de la cour d'assises spéciale de Paris, costume sombre, soyeuse chevelure et barbe blanches, a derrière...