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Dernières Infos - Drame du 4 août

Une experte de l'ONU "gravement préoccupée" par les '"ingérences" dans l'enquête

Une experte de l'ONU

Le drapeau de l'ONU devant le bâtiment des Nations unies à Genève. Photo d'archives AFP

Une experte des Nations unies a exprimé mercredi sa "grave préoccupation" concernant "les ingérences" dans l'enquête sur la double explosion survenue au port de Beyrouth le 4 août 2020, notamment au sujet des menaces à l'encontre du juge d'instruction près la Cour de justice, Tarek Bitar.

Tarek Bitar avait annoncé en janvier la poursuite de l'enquête, suspendue pendant plus d'un an, en raison des nombreux recours déposés contre lui par de hauts responsables politiques poursuivis dans l'affaire de ce drame, qui a fait plus de 220 morts et 6 500 blessés. Le juge avait engagé des poursuites en janvier contre le procureur général près la Cour de cassation du Liban, Ghassan Oueidate. En guise de riposte, ce dernier avait alors ordonné la libération des 17 personnes détenues dans cette affaire sans jamais avoir été jugées. Le juge Oueidate avait aussi engagé des poursuites contre Tarek Bitar pour "rébellion contre la justice" et "usurpation de pouvoir".

Dans une déclaration, Margaret Satterthwaite, rapporteure spéciale des Nations unies pour l'indépendance des juges et des avocats, a "condamné les retards injustifiés qui ont empêché de rendre justice aux personnes touchées par l'explosion". "Je suis profondément troublée par les informations selon lesquelles d'anciens fonctionnaires et d'autres personnes impliquées dans l'affaire ont eu recours, de manière malhonnête, à des procédures de récusation et à d'autres actions de contestation visant les juges d'instruction nommés pour examiner l'affaire. Cela a conduit au remplacement d'un juge d'instruction en février 2021, ainsi qu'à plusieurs suspensions de l'enquête au cours des derniers mois", a déclaré Mme Satterthwaite mercredi. 

Le prédécesseur de M. Bitar, le juge Fadi Sawan, avait été démis de ses fonctions lorsque deux anciens ministres – Ali Hassan Khalil et Ghazi Zeaïter, tous deux accusés de négligence criminelle dans le cadre de l'enquête – ont demandé à la Cour de cassation de transférer l'affaire à un autre juge. MM. Khalil et Zeaïter avaient contesté leur convocation par le juge Sawan et demandé à la Cour de le remplacer, invoquant des "soupçons légitimes" quant à la légalité de la décision.

"Les juges ne devraient jamais être menacés"
Margaret Satterthwaite a par ailleurs rappelé que depuis que l'affaire a été envoyée devant la Cour de justice, les autorités ont rejeté des demandes visant à lever l'immunité  des responsables visés et à permettre l'interrogatoire de certains responsables sécuritaires. "Le gouvernement n'a pas non plus exécuté les mandats d'arrêt délivrés à l'encontre d'anciens ministres. Le juge Tarek Bitar, qui a été nommé pour diriger l'enquête en février 2021, a été confronté à des obstacles et des menaces de plus en plus nombreuses qui l'empêchent de mener à bien son travail", a-t-elle ajouté. "Les juges ne devraient jamais être menacés ou soumis à des mesures pénales ou disciplinaires simplement parce qu'ils font leur travail", a encore dit l'experte de l'ONU.

En septembre 2021, lors d'une incursion au palais de justice de Beyrouth, le chef de la sécurité du Hezbollah, Wafic Safa, aurait menacé le juge Bitar, après la convocation de Ali Hassan Khalil et Ghazi Zeaïter.

"Les victimes de l'explosion et leurs familles demandent justice depuis plus de deux ans", a déclaré la responsable onusienne. Elle a également exhorté les autorités libanaises à prendre des mesures immédiates pour protéger l'indépendance et l'intégrité de l'enquête et faire en sorte que les responsables de l'explosion puissent être amenés à rendre des comptes.

Une experte des Nations unies a exprimé mercredi sa "grave préoccupation" concernant "les ingérences" dans l'enquête sur la double explosion survenue au port de Beyrouth le 4 août 2020, notamment au sujet des menaces à l'encontre du juge d'instruction près la Cour de justice, Tarek Bitar.Tarek Bitar avait annoncé en janvier la poursuite de l'enquête, suspendue pendant plus d'un an, en...