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Culture - Cinéma

Un tableau de famille en pleine tourmente

« Perhaps what I fear does not exist » de la réalisatrice libanaise Corine Shawi, sélectionné en compétition au Beirut Women Film Festival, sera projeté aujourd’hui vendredi 10 mars à 17h30.

Un tableau de famille en pleine tourmente

Lorsque la joie côtoie la peine dans une chambre d’hôpital. Crédit Abbout Productions

Le documentaire Perhaps what I fear does not exist (Ce dont j’ai peur n’existe peut-être pas) de Corine Shawi avait fait sa première il y a un an au festival Écrans du réel à Beyrouth avant d’être sélectionné en compétition officielle à « Dok Leipzig ». Projeté par la suite au Festival du film arabe à San Francisco, le public libanais du Beirut Women Film Festival (BWFF) aura l’occasion de le (re)voir ce vendredi après-midi (17h30) au Grand Cinemas Dbayé.

Si de prime abord le film de Corine Shawi semble une expérience personnelle, un vécu très intime retransmis en images, au fur et à mesure que la caméra raconte ces fragments de vie, inspecte et s’intériorise dans les personnages, le spectateur se fond dans le cadre, allant farfouiller dans ses propres angoisses, même les plus enfouies.

Corine Shawi navigue sur le fil ténu qui sépare la fiction du réel. Photo DR

Une mise à nu pudique

L’espace ? Un milieu hospitalier aseptisé, blanc, clair qui contraste avec les douleurs du corps et les turbulences de l’esprit qui s’entrechoquent. Le temps ? En marge de la vie, un hors temps comme une parenthèse qui ne se referme pas. Lorsque Corine Shawi abandonne sa vie privée, sacrifie temporairement (?) son intime pour accompagner ses parents durant un an et demi à l’hôpital de Bhannès, elle y plante sa caméra et il en naît un film.

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Perhaps what I fear does not exist n’est pas une fiction, ni même un documentaire dans tous les sens du terme (même si les interprètes ne sont pas des acteurs, mais les membres de la famille de la réalisatrice). Il est un vécu, partagé avec l’autre, avec les autres ; un questionnement, « un cheminement soutenu par un montage en spirale », avance Corine Shawi. Au départ, l’idée n’était pas de faire un film. « J’ai commencé par filmer en dehors de l’hôpital : des cimetières, parsemés dans le monde entier, de Tokyo à Bhannès en passant par Le Père Lachaise, car cette image de la dernière demeure de l’homme me séduit, indique la jeune réalisatrice qui se rendait dans ces cimetières à chacun de ses voyages. Puis ma vie s’est presque arrêtée pour se restreindre à cette chambre d’hôpital devenue notre seconde résidence, ajoute-t-elle. Je voulais d’abord filmer le quotidien de mon père, cloué au lit, puis faire un focus sur chaque personnage gravitant autour de lui. C’était soit à l’hôpital même, soit en voiture où mes frères et sœurs se confessaient à moi et partageaient ainsi leur anxiété. »

L’affiche du film. Photo DR

Qui d’entre nous n’a pas expérimenté la transformation des rapports familiaux quand l’épreuve frappe à notre porte ? Qui d’entre nous n’a pas assisté à la mutation de son propre personnage face à cet entre-deux ? Qui d’entre nous n’a pas eu des parents qui, sans le dire, s’accrochent à vous comme à une bouée de secours? « Ainsi, si ma mère priait, j’essayais pour ma part de faire des expérimentations en attendant… Mais en attendant quoi ? La guérison ? Était-ce un leurre ? »

Grâce à un montage ardu de scènes spontanées qui n’étaient pas écrites à l’avance, le film a pris forme. « Selon moi, c’est Halim Sabbagh, le monteur qui a réécrit le film, et ce faisant m’a aidée à comprendre que même si le sujet central était mon père, j’étais également au centre de la caméra puisque c’était moi qui essayait à travers tout ce travail de corriger la trajectoire : tout autant l’infirmité de mon père que l’infirmité des liens familiaux. » « Toute famille, ajoute la réalisatrice, a des problèmes. C’est ce que j’ai essayé de montrer dans Oxygène, mon film précédent, ainsi que dans celui-là. Mais cela n’empêche pas la vie de continuer. » Ce questionnement sur la vie, la mort, la famille et le rôle de chaque membre d’une famille passe par cette mise à nu tout en pudeur. Corine Shawi dit beaucoup sans pour autant tout montrer. Son film est en suggestion, en clair-obscur, où parfois la vie danse avec la mort et l’espoir flirte avec le désespoir.

Le documentaire Perhaps what I fear does not exist (Ce dont j’ai peur n’existe peut-être pas) de Corine Shawi avait fait sa première il y a un an au festival Écrans du réel à Beyrouth avant d’être sélectionné en compétition officielle à « Dok Leipzig ». Projeté par la suite au Festival du film arabe à San Francisco, le public libanais du Beirut Women Film Festival...

commentaires (1)

Beau travail, merci bien!

Baboujian Hagop / N & H BABOUJIAN

12 h 13, le 10 mars 2023

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Commentaires (1)

  • Beau travail, merci bien!

    Baboujian Hagop / N & H BABOUJIAN

    12 h 13, le 10 mars 2023

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