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Réforme des retraites : la France toujours sous tension et dans l'incertitude

Réforme des retraites : la France toujours sous tension et dans l'incertitude

Des dockers bloquent l'entrée du port commercial de Brest, en guise de protestation contre la réforme des retraites, le 8 mars 2023. Photo FRED TANNEAU / AFP

Au lendemain d'une journée d'action massive contre la réforme des retraites, la pression reste forte mercredi en France avec l'annonce de nouvelles mobilisations mais l'exécutif semble compter sur un essoufflement du mouvement social et une adoption accélérée du texte au Sénat.

L'incertitude demeure sur le point de savoir si les blocages et grèves reconductibles touchant des secteurs clefs de l'économie (transports, énergie, etc) qui ont eu lieu mardi se poursuivront et si les étudiants et les lycéens vont rejoindre massivement le mouvement ces prochains jours.

Mardi, le nombre de personnes dans la rue a établi un record, dépassant le pic du 31 janvier, selon les chiffres du ministère français de l'Intérieur et du syndicat CGT.

Depuis le 19 janvier, il s'agissait de la sixième journée d'action contre cette réforme des retraites voulue par le président français Emmanuel Macron et son report de l'âge légal de départ de 62 à 64 ans, à laquelle les Français sont, selon les sondages, majoritairement hostiles, la jugeant "injuste", notamment pour les femmes et les salariés aux métiers pénibles.

Au lendemain de cette forte mobilisation, des manifestations de moindre ampleur ont eu lieu, en lien aussi avec la journée internationale des droits des femmes.

"Celles qui vont payer le plus de cette réforme, ce sont les femmes qui subissent le plus les carrières hachées et les contrats précaires", a lancé le dirigeant de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon (LFI) lors d'un rassemblement à Marseille (sud).

Un train sur trois roule mercredi à la compagnie ferroviaire nationale SNCF, soit mieux que les 20% de mardi. La grève continuera jeudi et au moins vendredi mais le trafic devrait s'améliorer.

La direction générale de l'aviation civile (DGAC) en France a exigé des compagnies aériennes qu'elles renoncent à 20 à 30% de leurs vols jeudi et vendredi, comme les deux jours précédents, en raison de la grève des contrôleurs aériens opposés à la réforme.

Trois ports français (Havre, Rouen et Marseille-Fos) sont bloqués par une opération "ports morts". Dans le secteur du gaz, trois des quatre terminaux méthaniers que compte la France ont été mis à l'arrêt pour "sept jours" lundi par les syndicats.

Les expéditions de carburants sont toujours bloquées mercredi à la sortie des raffineries de TotalEnergies et d'Esso-ExxonMobil. L'intersyndicale appelle à deux nouvelles journées d'action, samedi 11 mars et le jour où Sénat et Assemblée tenteront de se mettre d'accord sur le texte. Très vraisemblablement le 15 mars, selon des sources parlementaires.

"Temps parlementaire"

L'intersyndicale a aussi demandé à être reçue "en urgence" par le président français "pour qu'il retire sa réforme", en fustigeant son "silence". Mais l'exécutif a opposé une fin de non recevoir.

"Le président de la République, il respecte les institutions et aujourd'hui c'est le temps parlementaire qui a cours", a martelé mercredi le porte-parole du gouvernement Olivier Véran après un Conseil des ministres, rappelant qu'Emmanuel Macron avait reçu les syndicats... en juin, bien avant le début des concertations sur les retraites. M. Véran a par ailleurs assuré que la "porte du gouvernement est plus qu'ouverte" aux syndicats.

Emmanuel Macron joue une part importante de son crédit politique sur cette mesure phare de son second quinquennat, symbole de sa volonté affichée de réformer mais qui cristallise aujourd'hui la grogne d'une partie des Français à son encontre.

La France est l'un des pays européens où l'âge légal de départ à la retraite est le plus bas, sans que les systèmes de retraite soient complètement comparables. Le gouvernement a choisi de le relever pour répondre à une dégradation financière des caisses de retraite et au vieillissement de la population.

Dans un éditorial, le journal Le Figaro (droite) ironise sur "la routine d'un pays couleur sépia qui peine à regarder l'avenir dans les yeux" et sur la nécessité de "sauver le système de retraite par répartition".

Le gouvernement compte sur l'adoption au Sénat de la réforme d'ici à la date-butoir de dimanche, et envisage "un vote le 16 mars" dans les deux chambres du Parlement. La majorité sénatoriale de droite a donné dans la nuit un gros coup d'accélérateur qui pourrait conduire à faire examiner rapidement l'article relevant l'âge légal de départ à 64 ans.

"Ce scénario d'une victoire à l'usure n'est bien sûr pas à exclure. Mais si l'exécutif faisait ce pari, il est risqué. Rien ne laisse entrevoir qu'il peut miser sur un essoufflement", estime le journal Libération (gauche).

Au lendemain d'une journée d'action massive contre la réforme des retraites, la pression reste forte mercredi en France avec l'annonce de nouvelles mobilisations mais l'exécutif semble compter sur un essoufflement du mouvement social et une adoption accélérée du texte au Sénat.L'incertitude demeure sur le point de savoir si les blocages et grèves reconductibles touchant des secteurs clefs...