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L'enquête locale sur Riad Salamé "n'obstrue pas" celle des Européens, assure le ministre de la Justice


L'enquête locale sur Riad Salamé

Le ministre sortant de la Justice Henri Khoury. Photo ANI

Le ministre sortant de la Justice Henri Khoury a assuré lundi soir que l'enquête de la justice libanaise sur le gouverneur de la Banque du Liban (BDL) Riad Salamé "n'obstrue pas" l'enquête étrangère menée par des magistrats européens, rapporte l'Agence nationale d'information (Ani, officielle) en citant un entretien télévisé accordé par M. Khoury à la chaîne américaine arabophone al-Hurra.

M. Salamé est poursuivi pour plusieurs délits financiers, notamment "détournement de fonds publics", et doit être interrogé par un juge d'instruction libanais le 15 mars prochain.

L'enquête libanaise sur Riad Salamé "n'obstrue pas l'enquête des juges européens si les prérequis sont réunis", a assuré M. Khoury lundi soir. "Le système judiciaire étranger peut prendre des mesures, des procédures et des décisions en fonction des résultats de ses enquêtes", a-t-il ajouté.

Le Liban a ouvert une enquête sur les détournements de fonds présumés parallèlement à des investigations européennes à la suite d'une demande du procureur général suisse, concernant plus de 300 millions de dollars de mouvements de fonds suspects opérés par le gouverneur et son frère Raja.

Le gouverneur de la BDL, âgé de 72 ans, fait l'objet de plusieurs enquêtes nationales et internationales sur des soupçons de blanchiment d'argent et d'enrichissement illicite. En janvier dernier, des enquêteurs français, allemands et luxembourgeois ont interrogé des responsables bancaires à Beyrouth sur les transferts de fonds vers des pays où M. Salamé possède d'importants actifs. Ils ont également examiné les liens entre la BDL et Forry Associates Ltd, une société enregistrée dans les îles Vierges britanniques et dont Raja Salamé est le bénéficiaire. Forry est soupçonnée d'avoir négocié des bons du Trésor libanais moyennant une commission, qui aurait ensuite été transférée sur des comptes bancaires à l'étranger. 

Lorsqu'on lui a demandé s'il était légalement permis de prolonger le mandat de Riad Salamé si la classe politique le souhaitait malgré les procédures judiciaires en cours, le ministre de la Justice sortant a répondu : "Une personne n'est pas condamnée avant qu'un jugement soit rendu à son encontre. Mais plusieurs acteurs et groupes politiques ont confirmé qu'il n'y aura pas de prolongation du mandat du gouverneur de la BDL."

Selon M. Khoury, le Liban attend une autre visite de la délégation judiciaire européenne en mars, "mais la possibilité de terminer ce qu'ils ont commencé est une question qui n'a pas encore été décidée, et l'État (libanais) peut indiquer à la justice européenne qu'il mène une enquête locale."

Une autre source judiciaire libanaise a déclaré à l'AFP que le travail des enquêteurs européens pourrait être entravé par les accusations locales portées contre le chef de la BDL dans la même affaire.

M. Salamé nie toutes les accusations portées à son encontre et s'est rarement présenté devant la justice, malgré de nombreuses plaintes et convocations.

Enquête sur la double explosion du 4 août 2020

Le ministre sortant de la Justice a également commenté la question de l'enquête sur la double explosion au port de Beyrouth, le 4 août 2020.

Lorsqu'il a repris son investigation fin janvier, le juge d'instruction chargé de l'affaire, Tarek Bitar a décidé de libérer cinq des 17 détenus impliqués dans l'enquête. Il a ensuite engagé des poursuites contre plusieurs hommes politiques, fonctionnaires et juges, dont le procureur général près la Cour de cassation Ghassan Oueidate.

"De nombreuses questions se posent ici car les (charges) contre le procureur général se basent sur des principes spécifiques stipulés dans les principes des procès criminels", a commenté M. Khoury sans plus de détails. Il a également déclaré que le Conseil supérieur de la magistrature "n'a pas encore pris position" sur la nomination d'un juge chargé de statuer sur les poursuites contre le juge Bitar, initiées par Ghassan Oueidate fin janvier.

Le procureur général près la Cour de cassation a quant à lui libéré tous les suspects détenus dans le cadre de l'enquête, ravivant la colère des proches des plus de 230 victimes et 7.000 blessés du drame. M. Khoury a indiqué que les menaces du Hezbollah à l'encontre du juge Bitar ne sont pas  "des pierres d'achoppement pour l'enquête" sur le drame du 4 août.

Le ministre sortant de la Justice Henri Khoury a assuré lundi soir que l'enquête de la justice libanaise sur le gouverneur de la Banque du Liban (BDL) Riad Salamé "n'obstrue pas" l'enquête étrangère menée par des magistrats européens, rapporte l'Agence nationale d'information (Ani, officielle) en citant un entretien télévisé accordé par M. Khoury à la chaîne américaine arabophone...